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Droits de douane: la Suisse vient de subir son Pearl Harbor

La retraite aux flambeaux des enfants lors Premier Août. Parc La Grange, Genève, 1er août 2025. Médaillon, Donald Trump.
La retraite aux flambeaux des enfants lors Premier Août. Parc La Grange, Genève, 1er août 2025. Médaillon, Donald Trump.image: keystone
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La Suisse vient de subir son Pearl Harbor

Si les droits de douane envisagés par Donald Trump pour la Suisse devaient rester scandaleusement élevés, cela pourrait déclencher une triple crise: économique, politique et identitaire.
04.08.2025, 18:5305.08.2025, 18:51

Les «39%» de Donald Trump, c’est le Pearl Harbor de la Suisse. Une attaque surprise, qui plus est de la part d’un pays supposé ami. Touchée coulée, la flotte helvétique des illusions américaines. Vrai qu’avec un président imprévisible comme Donald Trump, elles avaient perdu de leur éclat. Mais quand même…

C’est de bonne guerre, la gauche, qui n’a jamais été majoritaire en Suisse, raille la droite gouvernementale et sa si parfaite incarnation, Karine Keller-Sutter. «Suisse SA», vieux slogan accolé au PLR, pour qui tout ce qui est économie est vérité, s’est crashée contre un mur nationaliste. La gauche se serait-elle mieux débrouillée? Bien sûr que non. Ici, rien n’est affaire de parti.

Une relation SM

Dans une interview au Temps, l’historien Olivier Meuwly, de sensibilité radicale, note que droite conservatrice et droite libérale en Suisse ne reconnaissent plus cette Amérique gagnée par le goût de l’extrême, en qui elles voyaient une sœur idéologique et une alliée naturelle pour la liberté du commerce. Le «deal» n’est plus ce qu’il était. Il est devenu une relation SM et le maître est un grand type avec une mèche orange.

Dans ces circonstances, que peut valoir la bonhommie d’un Parmelin, la cartouche paysanne que le Conseil fédéral s’apprêterait à charger après avoir grillé la cartouche cabinet d’affaires, alias Keller-Sutter?

Le «système Beria»

Aurait-on perdu de vue que le 47e président des Etats-Unis soigne ses ennemis et maltraite ses amis? C’est ce qu’avance un diplomate suisse joint par watson. Trump, dit-il en substance et sous couvert d’anonymat, applique le «système Beria», du nom du bras droit de Staline, l’homme des purges et du goulag: il s’acharne sur ses proches pour mieux les soumettre.

C’est pourquoi, reprend notre diplomate, Trump n’écoutera pas les éventuels conseils de prudence de son entourage lui enjoignant de ne pas se mettre à dos la Suisse, dans les faits l’un des pays les plus atlantistes d’Europe occidentale.

Fini, le beurre et l'argent du beurre

Alors que la droite libérale helvétique peut s’estimer, à ce stade, trahie par les Etats-Unis, la droite nationaliste représentée par l’UDC se prend un uppercut par un homme dont elle vantait le programme.

Si les droits de douane américains imposés à la Suisse devaient rester scandaleusement élevés, cela pourrait provoquer non seulement une crise économique, mais aussi une crise politique doublée d’une crise identitaire. Jusqu’alors, en effet, la Suisse, tout à son esprit de concorde et de consensus faisant son génie, a eu en quelque sorte le beurre et l’argent du beurre: d'une part, la quiétude de l'Alleingang (la voie solitaire, loin des griffes de la terrible Europe), les bénéfices économiques et financiers du libre-échange, d'autre part.

Rapprochement inéluctable avec l'Europe politique?

Cela pourrait ne plus être le cas dans un monde où l’allié et protecteur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – les Etats-Unis – devient prédateur. Le rapprochement amorcé ces derniers mois par la Confédération avec une défense européenne en construction augure peut-être d’une inéluctable intégration de la Suisse dans un ensemble politique européen.

Ne pas oublier, comme Olivier Meuwly l’indiquait il y a trois ans à watson à propos des sanctions imposées à la Russie par l'Union européenne et reprises par la Suisse, que la neutralité helvétique, avant d’être un choix, est une marge de manœuvre octroyée par l’Histoire.

- Un scooter lancé dans un stade italien
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Les infirmiers suisses craignent toujours une «catastrophe»
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