«Cela fait une dizaine d’années que la police genevoise n’était pas tombée sur un trafic de drogue d’une telle importance», affirme à watson une source proche de l’enquête en lien avec l’affaire du Grand-Saconnex. Mercredi 19 mars, neuf personnes étaient interpellées. Elles sont soupçonnées d'appartenance à un réseau de trafic de stupéfiants. Parmi elles se trouve une élue des Verts, qui est aussi la vice-présidente du conseil municipal du Grand-Saconnex, une commune genevoise de 13 000 habitants.
Elle a été arrêtée mercredi dernier vers 10 heures du matin à son domicile avec son mari et son fils, tous deux suspects également, le dernier nommé étant considéré comme la tête du trafic. Environ trois kilos de cocaïne ont été saisis, dont un dans l’appartement de l’élue saconnésienne.
Selon notre source, il est notamment reproché à l'élue écologiste d’avoir collecté des enveloppes contenant de l’argent issu du trafic en question. Contacté, son avocat, Stéphane Grossin, indique que sa cliente «se dit innocente de l’ensemble des faits qui lui sont reprochés», dont celui indiqué à watson. Me Grossin ajoute, à propos de sa cliente:
Selon la Tribune de Genève, qui a eu accès à un récent rapport de police portant sur cette affaire, «le réseau, appelé Happy Mania, écoulerait chaque semaine plusieurs centaines de grammes de cocaïne, de MDMA (drogue de synthèse) et de produits cannabiques générant un important chiffre d'affaires dans le canton et dans toute la Suisse romande. Ce groupe fonctionnerait de façon similaire à une application de livraison de nourriture comme Uber Eat.»
D'après notre confrère:
Sur les neuf individus interpellés, huit ont été placés en détention préventive pour trois mois à la demande du ministère public, a appris watson de source judiciaire. Trois mois est la durée maximale d’une incarcération préventive. Qu’un juge peut cependant prolonger de trois autres mois et ainsi de suite.
Me Grossin tient à apporter la précision suivante:
L’avocat annonce qu’il recourra contre la décision de placement en détention provisoire de sa cliente.
Dans l’appartement de la prévenue, la brigade des stupéfiants a mis la main non seulement sur un kilo de cocaïne, mais aussi sur des passeports et de l’argent. Toujours selon la Tribune de Genève, «lors des perquisitions dans divers lieux du canton, les enquêteurs ont saisi 3,18 kg de cocaïne, 2,14 kilos de produits cannabiques, 514 pilules d'ecstasy, 2317 cachets de Xanax, plus de 50 grammes de kétamine, la même quantité de MDMA. Ils ont aussi séquestré 115 000 francs, 8880 euros, 6170 dollars, 24 téléphones, 11 véhicules et 11 montres.»
D’après une voisine de la prévenue jointe par watson, «sept voitures garées dans deux parkings souterrains du Grand-Saconnex ont été emmenées par les forces de l’ordre». Elles appartiendraient au fils de l’élue écologiste, qui en aurait fait commerce.
Les propos recueillis auprès du voisinage décrivent l'élue écologiste arrêtée comme une personne au «cœur immense», «impliquée dans l’action sociale». Une voisine affirme:
Le fils de 35 ans, «qui se rendait souvent à Dubaï», ne reçoit que compliments lui aussi.
L’élue saconnésienne arrêtée a une formation scientifique. Elle avait semble-t-il créé, seule ou avec son entourage, une société spécialisée dans la chimie.
Son arrestation, comme celle de l’ensemble des prévenus dans cette affaire, n’a été rendue publique que le lundi 24 mars, soit le lendemain des élections municipales dans le canton de Genève. Elle-même a été réélue au conseil municipal du Grand-Saconnex alors qu’elle était en détention préventive.
La présidente des Verts genevois et maire d’Onex, Maryam Yunus Ebner, souhaite que la prévenue démissionne du conseil municipal du Grand-Saconnex, «étant donnée sa mise en cause dans ce trafic de drogue», dit-elle à watson. «La section des Verts du Grand-Saconnex le souhaite aussi», précise-t-elle. «Si les faits qui lui sont reprochés devaient se révéler exacts au terme de l’enquête, nous lui demanderions de démissionner du parti», ajoute Maryam Yunus Ebner.