La vice-présidente du conseil municipal du Grand-Saconnex, du parti des Verts, était en prison lorsqu’elle a été réélue. Soit dimanche, le jour où le canton de Genève renouvelait ses exécutifs et délibératifs communaux.
Soupçonnée d’être impliquée dans un trafic de drogue, l’élue saconnésienne a été arrêtée mercredi 19 mars avec huit autres personnes, dont son mari et son fils de 34 ans, qui serait le «cerveau» du trafic, a révélé lundi la Tribune de Genève.
Il se trouve que cette information est rendue publique le lendemain du scrutin, au cours duquel les écologistes ont pris une déculottée. Certains, passé l’effet de souffle de cette nouvelle tout droit sortie d’une série Netflix, se demandent pourquoi elle n’a pas été communiquée dans les jours précédant les élections municipales.
Joint par watson, le président de l’UDC genevoise, Lionel Dugerdil, ne cache pas sa colère.
Plane le soupçon que l'information aurait pu être gardée secrète pour ne pas nuire à la réputation des Verts, partant, à la gauche dans son ensemble.
La présidente des Verts genevois, Maryam Yunus Ebener, affirme avoir été informée de l'arrestation de la vice-présidente du conseil municipal du Grand-Saconnex lundi seulement.
L’ancienne élue d’Ensemble à gauche Magali Orsini ne se prononce pas sur la sincérité des propos de Maryam Yunus Ebener, mais elle a du mal à croire que les Verts du Grand-Saconnex n’aient rien su de l’arrestation de leur collègue de parti, ingénieure de formation, apparemment spécialisée dans la chimie, avant le dimanche électoral.
Dimanche sur sa page Facebook, l'ancienne élue d'Ensemble à gauche faisait part de son étonnement:
Magali Orsini comptait se rendre à la réunion du conseil municipal du Grand-Saconnex qui devait se tenir lundi soir, indique-t-elle.
Le maire du Grand-Saconnex, le Vert Laurent Jimaja, auquel il a manqué quatorze voix pour être réélu dimanche au premier tour au conseil administratif, répondra sûrement à Magali Orsini qu’il était au courant de l’arrestation de l'élue saconnésienne dès mercredi, comme il l'a confié à watson:
Laurent Jimaja, dont la vision sur la conduite à tenir entre le mercredi de l'arrestation et le jour des élections diffère de celle exposée plus haut par la présidente des Verts, s'est présenté dimanche à sa réélection au conseil administratif du Grand-Saconnex sur un ticket commun avec le sortant socialiste Michel Pomatto.
Du côté de la justice, le chargé de relations médias, Olivier Francey, indique par communiqué que «neuf personnes suspectées d'être impliquées dans ce trafic de stupéfiants ont été interpellées. Elles ont toutes été entendues par le Ministère public les 20 et 21 mars 2025.»
Le communiqué dit aussi:
Cette affaire de trafic de drogue, impliquant, en tant que suspecte, une élue d’une commune genevoise de 13 000 habitants, n’était-elle pas d’intérêt public? N'aurait-il pas fallu informer les Genevois du cas avant le scrutin de dimanche? La justice ne souhaite pas faire de commentaires à ce propos.
Ce que l’on sait, c’est que la procureure chargée de l’affaire est de la couleur politique du Centre (à Genève, les procureurs sont élus) et que le procureur général, Olivier Jornot, est PLR. Si la justice avait communiqué sur le cas en question avant dimanche, il n'est pas impossible que le PLR et le Centre eussent été soupçonnés de vouloir influer sur l’élection, en l'occurrence au détriment des Verts et de la gauche, quand bien même la majeure partie des électeurs s'était déjà exprimée au moyen du vote anticipé à ce moment-là.
On peut s’attendre à ce que cette affaire mêlant politique et trafic de stupéfiants (un kilo de cocaïne a été saisi au domicile de la suspecte) alimente la campagne d’ici au 13 avril, date du deuxième tour de l’élection des conseils administratifs (exécutifs). L’UDC, qui a fait une percée remarquée dans les assemblées délibératives, espère décrocher des sièges dans des gouvernements communaux. La droite populiste cherchera peut-être à tirer profit de la situation, elle qui vise un siège à l'exécutif de la ville de Genève.
Lionel Dugerdil ne décolère pas contre la socialiste Joëlle Bertossa, bien placée en vue du deuxième tour dans le chef-lieu du canton. A la suite d'un article de Blick, il lui reproche d'avoir professionnellement bénéficié d'un présumé conflit d'intérêts, ce qu'elle conteste en tout point. Alors, maintenant, cette histoire de trafic de drogue mêlant une élue verte...