«Après des années de mauvaise gestion, il a suffi d’un élément déclencheur pour déstabiliser Credit Suisse», a lâché Matthias Michel, sénateur (PLR/ZG).
Selon la CEP, la responsabilité principale incombe au conseil d’administration et à la direction de la banque, qui ont ignoré à plusieurs reprises les mises en garde de la Finma, l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers. Isabelle Chassot (Centre/FR), présidente de la commission, a rappelé que ces avertissements n’ont pas conduit à des changements significatifs.
Le rapport critique également le Conseil fédéral et le Parlement pour leur gestion trop lente des adaptations réglementaires nécessaires après 2015. Thomas Matter (UDC/ZH) a pointé un relâchement dans la mise en place des outils indispensables pour prévenir les crises, notamment dans le cadre de la réglementation «too big to fail». La création d’un mécanisme de garantie des liquidités, demandée dès 2018 par la Finma et la Banque nationale suisse (BNS), n’a été amorcée qu’en 2022, obligeant les autorités à agir en urgence lorsque la crise a éclaté.
Malgré une surveillance renforcée à partir de 2022, la Finma n’a pas pu empêcher la débâcle. La commission critique le fait qu’aucune sanction n’a été prise contre la banque malgré les scandales successifs. Pire, des allègements réglementaires ont permis à Credit Suisse de masquer ses faiblesses financières dès 2021.
La coordination entre les différentes autorités a également laissé à désirer. Le Conseil fédéral n’a reçu que des informations fragmentaires et souvent tardives, ce qui a freiné sa réactivité. Le député Roger Nordmann (PS/VD) a souligné que l’ancien chef du Département fédéral des finances, Ueli Maurer, avait tardé à alerter le gouvernement par crainte de fuites, limitant ainsi la capacité d’anticipation.
La CEP salue cependant le travail effectué lors de la phase critique de mars 2023. Les autorités, réunies en cellule de crise, ont réussi à éviter une crise financière mondiale en maintenant la solvabilité de Credit Suisse jusqu’à sa reprise par UBS. Cette solution, bien qu’imparfaite, a permis de préserver la stabilité du système financier. En raison du délai disponible à l'époque, le scénario choisi par le Conseil fédéral était le plus important, a conclu la CEP. Toutefois, celle-ci avertit que des leçons doivent être tirées de cet épisode pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. (mbr avec ats)