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Climat: le futur président de l'UDC n'a rien compris

Marcel Dettling, conseiller national schwytzois et seul candidat annoncé pour reprendre la présidence de l'UDC, s'est exprimé sur le dérèglement climatique et il y a de quoi s'alarmer.
Le réchauffement climatique aurait «des effets positifs» pour l'agriculture, affirme le futur président de l'UDC.Image: watson / keystone
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Le futur président de l'UDC ne comprend rien au climat

Marcel Dettling, conseiller national schwyzois et seul candidat annoncé pour reprendre la présidence de l'UDC, s'est exprimé sur le dérèglement climatique et il y a de quoi s'alarmer.
22.02.2024, 18:46
Stefan Bühler / ch media
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Vous êtes peut-être allé skier cet hiver et avez été contraint de redescendre en station en télécabine, avec de l'herbe à perte de vue. Les pistes sont vertes, pelées, victimes du dérèglement climatique. Pour le conseiller national schwyzois Marcel Dettling d'Oberiberg, ce n'est pas bien grave. Dans une interview avec la NZZ am Sonntag, il a déclaré:

«Il n'y a qu'ici, en bas, que c'est vert. En haut, dans les montagnes, les conditions sont parfaites»

Le réchauffement climatique aurait même «des effets positifs» pour l'agriculture, affirme le futur président de l'UDC, lui-même paysan de profession. En tant que montagnard, il a dû se battre dans son enfance «quand, pendant six mois, il n'y avait que du blanc dehors». Quoi qu'il en soit, pourquoi toute cette agitation?

«Le climat a toujours changé au fil des siècles»

Cette prise de position rappelle Christoph Blocher qui, un jour lors d'une visite à Herrliberg (ZH), a observé le lac de Zurich en déclarant que la région était tout de même tellement plus belle qu'avec un glacier.

On aimerait beaucoup croire au fait que tant Blocher que Dettling sont sans aucun doute plus intelligents que leurs déclarations sur le dérèglement climatique.

Les températures printanières en février paraissent pour beaucoup tout à fait agréables. Pas seulement pour les carnavaliers. Les politiciens UDC utilisent des sentiments que beaucoup partagent. On ne peut s'empêcher de penser à nos futures soirées d'été au bord du Léman.

La «distance de freinage» est longue

Les deux UDC nous disent en substance que le changement climatique n'est pas nouveau et qu'on n'a qu'à s'adapter. Et bien ils se trompent largement, car ils font l'impasse sur deux des problèmes les plus importants. Premièrement, la vitesse à laquelle le changement climatique d'origine humaine se produit. Et deuxièmement, le fait que le réchauffement de l'atmosphère terrestre continuera d'augmenter sans être freiné tant que nous brûlerons du pétrole, du gaz et du charbon - les températures continuant d'augmenter par la suite, car il y a une inertie.

L'accord de Paris sur le climat vise à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. La Suisse s'y est également engagée. Entre temps, on s'est rendu compte que c'était un vœu pieu. Il y a de grandes chances pour que cet objectif soit irréalisable. Même 2°C sont considérés comme «ambitieux».

Oui, 2°C, cela semble peu. Mais il ne faut pas chercher bien loin si l'on veut savoir ce que cela signifie, car les conséquences du changement climatique sont arrivées en Suisse depuis longtemps. Plus de 900 décès prématurés ont été enregistrés lors de l'été caniculaire de 2003, 800 en 2015 et 200 en 2018. A côté de cela, la propagation des tiques et l'invasion des moustiques tigres, favorisées par les températures èéus douces, semblent presque anodines. La place manque ici pour évoquer également les milliards dépensés pour les dommages aux infrastructures et les coûts liés aux intempéries.

Alors lorsque Marcel Dettling affirme, quelques années après que les vaches ont dû être approvisionnées en eau par hélicoptère dans les alpages, que le changement climatique a des effets positifs pour les agriculteurs, c'est risible. Aussi risible que la proposition selon laquelle il faudrait construire de plus grands captages d'eau en raison de la sécheresse – comme si on obtenait plus d'argent avec un porte-monnaie plus grand. Au vu des catastrophes que le changement climatique a déjà provoquées et continuera de provoquer encore, de telles déclarations sont même cyniques.

Enfin, le conseiller national UDC se décrédibilise complètement lorsqu'il demande dans la même interview que les hommes s'adaptent au changement climatique. Sur le fond, il a raison. Mais il ne tient pas parole. Car toutes ses déclarations sur la politique climatique sont dirigées contre la transformation de l'approvisionnement énergétique de la Suisse. Elles visent un «non» à l'acte modificateur unique, qui doit permettre d'abandonner les énergies fossiles au profit des énergies renouvelables.

Pourtant, l'abandon du pétrole, du charbon et du gaz n'est rien d'autre que ce que Marcel Dettling prétend vouloir lui-même: l'adaptation urgente et nécessaire de notre parc énergétique au réchauffement climatique. Nous voterons le 9 juin sur le sujet.

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