Cela faisait longtemps que Dubaï n'avait pas connu une telle pluie. En l'espace de 24 heures, il est tombé mardi autant de précipitations que d'habitude en deux ans: 254 millimètres (contre environ 120 par an). Rapidement, les experts et autres observateurs se sont disputés sur la cause. Certains ont suggéré que les Emirats eux-mêmes y étaient pour quelque chose: ils auraient artificiellement fait pleuvoir. D'autres contestent cette hypothèse.
Les faits: les Emirats arabes unis utilisent une technique connue sous le nom de «cloud-seeding», ou ensemencement de nuages, qui consiste à pulvériser une solution saline à haute altitude dans les nuages. Cette solution est censée stimuler la formation de gouttes de pluie et assurer des précipitations artificielles dans cet Etat désertique habituellement frappé par la sécheresse.
Sur les réseaux sociaux, une hypothèse a donc été émise, selon laquelle les Emirats avaient peut-être abusé de cette technologie. La très sérieuse agence de presse économique Bloomberg a même cité un expert, Ahmed Habib, qui a indiqué que des avions s'étaient lancés dans sept missions de «cloud-seeding» avant la tempête. Selon le magazine américain Wired, il y a environ 300 vols de ce type par an aux Emirats.
Le gouvernement émirati nie cette information. Selon la chaîne américaine CNBC, le Centre météorologique national d'Abu Dhabi, qui est également responsable des opérations d'ensemencement de nuages, a démenti les informations selon lesquelles il aurait utilisé la technique de modification du temps et ainsi aggravé les inondations à Dubaï. L'organisation a déclaré qu'elle n'avait pas affecté de pilotes à des missions d'ensemencement, ni avant ni pendant la tempête. De plus, de telles missions ne seraient utiles que si les nuages étaient exploités à un stade précoce, et non pendant un orage violent.
Le gouvernement émirati avait vu venir les intempéries et a averti les habitants pour qu'ils restent chez eux, notamment via la plateforme X.
#NCEMA emphasizes the importance of staying at home and adhering to safety guidelines during the weather condition and obtaining information from official sources. #YourSafetyYourResponsibility. pic.twitter.com/3NCefbn5tm
— NCEMA UAE (@NCEMAUAE) April 16, 2024
Les causes de la montée des eaux que l'on a pu voir sur les vidéos de Dubaï sont sans doute à chercher, entre autres, dans le manque d'infrastructures d'évacuation des eaux usées. Bien que la ville se soit beaucoup développée ces dernières années, aucun investissement n'a été réalisé dans ce domaine. En outre, il n'y aurait pratiquement pas d'espaces verts pouvant absorber l'eau.
La cause principale de ce déluge est une zone de basse pression dans les couches supérieures de l'atmosphère, associée à une autre zone de basse pression proche du sol. D'après Esraa Alnaqbi, prévisionniste du Centre national de météorologie des Emirats, ces deux phénomènes ont pour ainsi dire comprimé l'air. Cette pression, renforcée par le contraste entre les températures élevées au sol et les températures plus basses en altitude, aurait créé les conditions propices à cet orage violent.
«Ce phénomène anormal n'est toutefois pas tout à fait inattendu en avril, car la pression atmosphérique change rapidement en cette saison», souligne la météorologue, ajoutant que le changement climatique avait probablement aussi contribué à la tempête.
Le changement climatique modifie donc la dynamique météorologique complexe de la région d'une manière qui pourrait conduire à des tempêtes plus violentes à l'avenir. Comme dans de nombreuses régions du monde, le climat a changé dans les Emirats. Une étude publiée en janvier par le magazine Nature prévoit que l'humidité dans l'atmosphère, qui peut tomber sous forme de pluie, pourrait augmenter jusqu'à 30% dans la région au cours des prochaines années.
Traduit et adapté de Tanja Maeder