Le sort de la petite Bénédicte* (prénom d'emprunt) émeut toute la Romandie. Le département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité (DJES) l'a placée en foyer à Lausanne dès sa naissance, le 30 mai 2023. Pour rappel, la décision a été prise à l'époque sur la base d'une mise en garde émanant du personnel de soins. Celui-ci doutait des capacités de la mère – une femme célibataire enceinte après à un don de sperme au Danemark – à s'occuper de son bébé. La principale intéressée n'a évidemment pas apprécié ces craintes. Après une césarienne d'urgence, elle a dû passer un certain temps aux soins intensifs.
Au début, elle n'a pu voir son enfant que durant de brefs instants. En février, le Tribunal fédéral a confirmé le placement, mais a accordé à la maman davantage de temps de visite. Elle pouvait désormais passer quelques heures seule avec sa fille. Depuis la décision du Tribunal fédéral, son droit n'a fait que s'étendre, comme l'a confirmé à CH Media (groupe auquel appartient watson) la Direction générale de l'enfance et de la jeunesse.
Mais récemment, la situation semble s'être dégradée. La mère n'a provisoirement plus eu droit qu'à deux fois une heure, sous surveillance, selon 24 heures. Comment en est-on arrivés là?
Pour la tante de Bénédicte, la mère de la petite soupçonne de la maltraitance au foyer. La petite fille aurait constamment des bosses inexpliquées sur la tête, ainsi que des rougeurs au niveau des parties intimes. La mère a donc déposé une nouvelle plainte pénale. Entre-temps, le parquet mène déjà une enquête pour faire la lumière sur les circonstances du placement.
Il y a une dizaine de jours, la mère a conduit sa fille à l'hôpital cantonal de Fribourg. Selon la tante, cela n'a permis ni de confirmer ni d'infirmer les allégations de maltraitance. Les soignants auraient simplement conseillé de consulter des spécialistes dans un autre établissement. Mardi dernier, la mère s'est donc rendue à Zurich avec Bénédicte. Arrêtée par la police, elle n'est jamais arrivée à l'hôpital pédiatrique. La tante a filmé la scène et l'a publiée sur les réseaux sociaux.
Le DJES avait auparavant déposé une plainte pénale après que la petite n'était pas de retour au foyer à la date convenue. Pour rappel, la mère ne dispose pas du droit de déterminer le lieu de séjour de sa fille. Elle est donc désormais accusée d'enlèvement de mineur.
Après cette arrestation, la petite, aujourd'hui âgée de 15 mois, a été emmenée dans un hôpital vaudois. La police a, par ailleurs, raccompagné sa mère à Lausanne, où elle a passé la nuit en détention. La tante affirme que les autorités étaient au courant des déplacements de Bénédicte et de ses visites médicales. Selon elle, cette arrestation est terrible et constitue le dernier épisode d'un cauchemar qui n'en finit pas. L'avocat de la famille a déclaré à 24 heures:
Les fronts se sont durcis dans cette affaire, et une spirale négative est désormais enclenchée. La famille de Bénédicte porte de graves accusations contre les autorités. De leur côté, ces dernières ne peuvent pas exposer publiquement leur point de vue en raison du secret de fonction. C'est ce que de nombreux collaborateurs de l’autorité de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA) ont confié à CH Media. Ils ont, par ailleurs, l'impression que l'on renvoie une fausse image de leur travail. Et ajoutent que le placement d'un nouveau-né reste une tâche très pénible.
Interrogée, le DJES ne répond que dans les grandes lignes: «La situation est douloureuse et complexe pour les personnes concernées. Nous regrettons profondément les récents événements». Elle rejette les soupçons d'abus dans le foyer, les considérants «sans fondement» et «nuisibles à sa réputation». Selon elle, Bénédicte bénéficie d'un encadrement de très bonne qualité et d'une prise en charge médicale adaptée.
L'institution ajoute que la mère n'a pas ramené son enfant au foyer il y a une dizaine de jours, malgré des demandes répétées, notamment de la part de la police. Elle compte sur la famille et son entourage pour agir dans le sens du bien de l'enfant.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)