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Espionnage

Service de renseignement de la confédération: la crise continue

Des antennes au-dessus de Loèche, en Valais, exploitées par le Renseignement suisse.
Le renseignement a besoin d'une forte tête pour son service juridique.Image: watson

La crise chez les espions suisses peut fragiliser la sécurité du pays

Le service juridique constitue l’un des piliers centraux du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Désormais, son poste de direction est vacant pour la deuxième fois en peu de temps. Parallèlement, les signes se multiplient indiquant que le directeur controversé du SRC, Christian Dussey, pourrait être remplacé sous peu.
28.04.2025, 05:2928.04.2025, 05:29
Christoph Bernet / ch media
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Les résultats de la dernière enquête auprès du personnel? Catastrophiques. L’évaluation du travail par les cantons? Insuffisante. Le vaste processus de transformation? Inachevé. Le chef? Sur le départ.

Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) traverse une crise depuis un certain temps. Aujourd’hui, des recherches révèlent: la direction du service juridique est à nouveau vacante, confirme le service, pour la deuxième fois en peu de temps.

Christian Dussey, Direktor NDB, spricht an einer Medienkonferenz, am Mittwoch, 26. Februar 2025, in Bern. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Christian Dussey.Keystone

Sa mission? Le service juridique est essentiel pour garantir la légalité des actions du SRC. L’état de cette division fait l’objet de critiques récurrentes de la part des organes de surveillance.

Ainsi, dans son rapport d’activité 2024, l’Autorité de surveillance indépendante des activités de renseignement (AS-Rens) souligne, après un examen approfondi, que l’ensemble des services juridiques présentent des besoins d’amélioration, ou nécessitent du moins une «attention accrue» dans le cadre de la transformation en cours.

«Les attentes et exigences envers le service juridique ne correspondaient pas à sa configuration actuelle ni à son pouvoir décisionnel.»
L’Autorité de surveillance

Une vacance dans un secteur problématique

«Le service juridique et les prestations juridiques font partie des sujets qui nous préoccupent depuis longtemps», déclare Prisca Fischer, cheffe de l’autorité de surveillance. Selon elle, le service souffre d’un manque de ressources et d’une position trop faible en interne, ce qui impacte l’ensemble du SRC. Les services juridiques doivent être efficaces et adaptés, souligne encore l’AS-Rens. Cela nécessite des directives claires, strictement appliquées en interne.

Des agissements illégaux de la part des collaborateurs du SRC pourraient porter atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, avertit l’organe de surveillance. De plus, le service risquerait de perdre la confiance du public. A l’inverse, un usage insuffisant des possibilités offertes par le cadre légal pourrait entraîner des failles en matière de sécurité pour la Suisse.

Il faut une «forte personnalité»

Pour Prisca Fischer, les difficultés du service juridique ne s'expliquent pas uniquement par le processus de transformation et de réorganisation mis en place au sein du SRC depuis le printemps 2022. Mais celui-ci constitue un défi majeur qui a amplifié certaines faiblesses.

Le SRC a déjà mis en œuvre certaines recommandations, notamment en matière de gestion du personnel. Toutefois, ces améliorations n'ont pas encore touché le service juridique, reconnaît Fischer: «Il reste encore beaucoup à faire.» Elle espère qu’une «forte personnalité» reprendra la direction vacante.

Malgré cette importante vacance, une amélioration est à signaler: le taux net de départs volontaires a reculé, passant de 9,3% en 2022 à 7% en 2023 (8% si l’on considère uniquement l’année 2023). Fin 2023, le SRC comptait 438 employés.

Une transformation sans renouveau

La baisse de la fluctuation est l’une des rares bonnes nouvelles provenant du service de renseignement. La profonde restructuration des structures et modes de travail, entamée au printemps 2022, a provoqué beaucoup d’agitation et de mécontentement au sein du SRC ces dernières années.

Au SRC, tout a été bouleversé. L’objectif de la transformation était de préparer le service aux défis de la cybersécurité, du terrorisme et de la géopolitique en mutation. Des départements traditionnels devaient céder la place à des «centres d’impact» thématiques.

Compte tenu de l’évolution des missions et des profils de poste, l’ensemble de la direction – à l’exception du directeur Christian Dussey – a dû repostuler. La nouvelle équipe de neuf membres a été installée le 1er mars 2024, marquant une étape importante de la transformation, censée s’achever fin 2024.

Des collaborateurs mécontents, des cantons insatisfaits

Malgré ces réformes, l’insatisfaction demeure élevée. Selon le Tages-Anzeiger, lors de l’enquête 2024, seuls 25% des employés se déclaraient satisfaits de la direction, contre 35% l’année précédente.

Les polices cantonales, «clientes» du SRC pour les dossiers liés à l’extrémisme violent, expriment, elles aussi, leur mécontentement. Elles dénoncent des compétences floues, l’absence d’interlocuteurs clairs et des retours d’information tardifs. Une enquête menée auprès d'elles a attribué une note insuffisante au SRC: la moyenne est passée de 2,76 en 2023 à 2,65 en 2024 (sur une échelle de 1 à 4).

Ces problèmes n’ont pas échappé à l’ancienne ministre de la Défense Viola Amherd. A l’été 2024, elle a dépêché son secrétaire général adjoint auprès de Christian Dussey pour exercer une fonction de contrôle. Ce mandat, d’abord prévu jusqu’à fin octobre 2024, a été prolongé jusqu’à fin mai 2025.

Le chef partira-t-il plus vite que prévu?

Christian Dussey a déjà annoncé qu’il quitterait ses fonctions au plus tard en mars 2026. Fin février, il a remis sa démission, se disant «fatigué» et «touché» par le mécontentement de ses collaborateurs.

En réalité, le haut-fonctionnaire souhaitait partir fin août 2025. Viola Amherd l’avait convaincu de prolonger jusqu’au printemps suivant. Toutefois, on peut douter qu’il reste en poste aussi longtemps. Des élus de divers partis ont demandé son remplacement rapide, rapporte le Tages-Anzeiger.

Le nouveau ministre de la Défense, Martin Pfister (Centre), semble réceptif à ces appels. Dès son troisième jour de travail, il a mis en place une commission de sélection pour trouver un successeur au poste de directeur du SRC.

En revanche, la recherche d’un successeur pour le chef de l’armée, Thomas Süssli, qui doit quitter ses fonctions fin 2025, n’a pas encore officiellement débuté.

Hommage en images à Viola Amherd
Video: watson
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