Un évènement comme l'Eurovision ne s'improvise pas d'une semaine à l'autre. Lorsque les exigences pour l'organisation de l'Eurovision Song Contest (ESC) de l'année prochaine sont tombées sur le bureau des communes il y a quelques jours, cela en a refroidi plus d'un.
Il faut dire que le catalogue des requêtes, qui croise celles de la SSR et de l'Union européenne de radio-télévision (UER), est particulièrement volumineux. Les villes qui souhaitent accueillir l'Eurovision doivent notamment disposer d'une salle énorme pouvant abriter des dizaines de milliers de spectateurs, mais aussi de larges surfaces pour le matériel et de boxes pour les commentateurs de chaque pays.
Du côté du reste des infrastructures, c'est aussi une galère. Il faut s'assurer notamment que la région dispose de suffisamment de chambres d'hôtel, mais aussi garantir qu'elles puissent être libres.
Sans surprise, ce sont les deux plus grandes villes du pays qui font figure de favoris. Genève et Zurich disposent d'une grande quantité d'hôtels et de salles assez grandes et efficaces pour assurer le show proprement.
A Genève, en accord avec le canton, l'exploitant de Palexpo a annoncé peu après la victoire de Nemo qu'il allait déposer un dossier de candidature. La surface de la salle est un argument de poids pour Genève. Autre hasard qui avantage la ville du bout du lac: l'Union européenne de radio-télévision a son siège à Genève — au Grand-Saconnex, pour être exact — et la SSR pourrait ainsi économiser des nuitées d'hôtel.
Zurich dispose d'un atout similaire, car c'est là que se trouve le siège de la SRF, qui devrait être en grande partie responsable de la production. La salle du Hallenstadion est située à un kilomètre des locaux de la télé publique alémanique, un sacré avantage dans l'organisation. Il s'agit de la plus grande salle de concert de Suisse, dont les spécifications techniques, malgré ses 90 ans, sont toujours en mesure d'accueillir toutes les grandes tournées de concerts. Contrairement à une salle d'exposition, elle n'aurait pas besoin d'être transformée.
La ville de Zurich ne s'est pas encore prononcée sur sa candidature, bien qu'elle y travaille. Toutes les villes et les cantons intéressés ont jusqu'au 28 juin pour soumettre leur offre, qui seront ensuite évaluées par la SSR et l'UER. Deux finalistes seront gardés et une décision définitive devrait être prise d'ici fin août.
La troisième ville du pays se profile également avec un air décidé. Les responsables de la ville de Bâle ont lancé leur candidature et ont été clairs: le canton-ville est prêt à investir beaucoup d'argent. Si l'Eurovision avait lieu dans la halle Saint-Jacques, un renforcement temporaire du plafond y serait installé.
Cela serait nécessaire, car la charge pouvant être supportée par le plafond est trop basse pour un spectacle comme l'Eurovision. Les autorités bâloises gardent également ouverte l'option d'organiser le spectacle en face de la halle, dans le Parc Saint-Jacques, qui serait temporairement couvert. Mais ce plan de secours sonne comme un aveu, laissant entendre que la salle de spectacles bâloises ne répondrait pas aux exigences sur de nombreux points. Et met en évidence le risque de problèmes de délais et d'exécution des travaux, que chaque organisateur souhaite éviter.
Mais la volonté de vouloir porter le projet à bien a permis à la candidature de Bâle de gagner du terrain, selon plusieurs observateurs alémaniques. D'autant plus que la participation financière des villes organisatrices à l'Eurovision 2025 pourrait finalement faire pencher la balance.
Il reste encore une solution possible, mais peu probable: Berne. Mais la nouvelle salle des fêtes de la capitale est plus petite que celle de ses concurrents et n'ouvrira qu'au printemps prochain. La SSR et l'UER risquent d'avoir quelques réticences à organiser un évènement télévisé rassemblant 150 millions de téléspectateurs dans une salle flambant neuve où des erreurs de dispositifs pourraient être fatales.
Il est donc tout à fait possible que la capitale ne tente même pas de déposer formellement un dossier de candidature: les responsables ne souhaitent le faire que «s'il existe une réelle chance d'obtenir un contrat», indique un communiqué du gouvernement de la ville. Ce qui est peu probable.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)