Ce mardi, les opposants au F-35 ont déposé leur initiative devant la Chancellerie fédérale à Berne, près d'une année après avoir lancé la récolte des signatures. L'alliance de gauche à l'origine du texte vise à stopper l'achat de 36 exemplaires de l'avion de chasse fabriqué par l'entreprise américaine Lockheed Martin, accusé d'être trop cher, inadapté aux besoins de la Suisse, inutile et peu sûr.
Ces derniers temps, le jet de combat choisi par le Conseil fédéral pour moderniser l'aviation militaire helvétique essuie de nombreuses critiques, et pas uniquement en Suisse. Des difficultés techniques et des coûts de maintenance et de réparation jugés excessifs sont souvent pointés du doigt, y compris, récemment, par une agence du gouvernement américain.
Beaucoup de F-35 ont par ailleurs dû être cloués au sol aux Etats-Unis à cause de problèmes survenus au moteur et, fin juillet, en raison d'un potentiel défaut au siège éjectable. Les critiques se multiplient. On les a adressées à Patrick Nyfeler, directeur général de Lockheed Martin en Suisse. Interview.
De nombreux pays ont acheté ou veulent acheter le F-35. Comment se fait-il que cet avion s'exporte si bien, et spécialement en Europe?
Patrick Nyfeler: Le F-35 est le seul avion de cinquième génération actuellement disponible. Il dispose de capacités que les avions de la quatrième génération n'atteignent même pas. Pour simplifier, on pourrait parler d'une plateforme de capteurs volante ou d'un poste de commandement volant. L'évaluation effectuée par la Suisse a confirmé que le F-35 est actuellement le meilleur avion de combat, ainsi que le plus avantageux.
Est-ce que cela en fait le bon avion pour assurer la défense aérienne suisse?
Le F-35 est l'avion idéal pour la Suisse, car il dispose de bonnes performances de vol, d'un long séjour en l'air, de capteurs à longue portée, de la possibilité d'échanger des données de manière intégrale et d'une non-visibilité pratique.
En Suisse, le F-35 fait l'objet de nombreuses critiques. Les opposants l'accusent notamment d'être trop cher. Comment réagissez-vous à cela?
Le F-35 a remporté haut la main l'évaluation suisse, tant sur le plan technologique que sur celui du prix. Il présente donc de loin le meilleur rapport qualité-prix.
Il a également été signalé que les coûts de maintenance de l'avion augmenteront avec le temps, ce qui se serait déjà produit dans d'autres pays l'ayant acheté. Etes-vous d'accord avec cela?
Lockheed Martin a réussi à réduire les coûts de maintenance du F-35 de 50% au cours des cinq dernières années. Nous allons à nouveau investir un montant substantiel afin de pouvoir réduire encore sensiblement les coûts de maintenance au cours des cinq prochaines années.
Les opposants au F-35 affirment qu'il «ne monte que lentement, accélère à peine et est difficile à manœuvrer». Ces critiques sont-elles justifiées?
Le F-35 est équipé du moteur d'avion de combat le plus puissant au monde. Il est donc une plate-forme extrêmement manœuvrable, qui peut être utilisée sur toute la gamme de vitesses.
Selon un récent rapport du Government Accountability Office (GAO) américain, l'entretien et la réparation du moteur sont beaucoup plus complexes que prévu. Quel est l'impact de ce problème sur la Suisse?
Le rapport du GAO contient des recommandations antérieures dont la mise en œuvre est déjà en cours. Le F-35 reste la pierre angulaire de la flotte de combat américaine et offre également un avantage décisif aux pays clients et partenaires internationaux.
Autre critique soulevée par les opposants: l'achat du F-35 rendrait la Suisse «dépendante des Etats-Unis», notamment parce que l'avion «ne peut pas vraiment être piloté de manière autonome». Ces craintes sont-elles justifiées?
La Suisse sera en mesure d'exploiter et d'utiliser l'avion dans son intégralité. La Suisse décide de manière autonome quelles données seront échangées avec le fabricant, respectivement avec les Etats-Unis.
Où les futurs avions suisses seront-ils réparés?
Tous les F-35 de la Suisse seront entièrement entretenus en Suisse et par du personnel suisse.