C'est bien connu, l'économie helvétique exerce une forte attractivité sur les régions frontalières. Dans les communes les plus proches de Genève, jusqu'à deux tiers des ménages perçoivent des revenus provenant de l'étranger, essentiellement de Suisse. On sait également que les frontaliers touchent des salaires plus élevés par rapport à leurs compatriotes travaillant en France. Mais de combien? Une étude parue, vendredi dernier, permet de répondre à la question.
La publication, réalisée par l’Observatoire statistique transfrontalier (OST) et relative à 2018, compare le revenu disponible équivalent, à savoir le revenu total brut après les prélèvements obligatoires (impôts, assurance maladie, pensions alimentaires,...) dans plusieurs communes du Grand Genève.
Verdict: les frontaliers qui habitent dans le Genevois français, zone regroupant 117 communes autour du canton du bout du lac, gagnent «nettement plus» que les non-frontaliers. Les premiers touchent un revenu disponible médian de 41 900 euros, alors que les deuxièmes ne perçoivent qu'un revenu de 20 200 euros (ce qui correspond à environ 36 300 et 17 500 francs, selon le taux de change moyen de 2018).
Le revenu des frontaliers est ainsi comparable à celui des habitants du canton de Genève (42 100 euros) et «deux fois supérieur» à celui touché par les non-frontaliers, souligne l'OST. Lequel commente:
Dans certaines communes, l'écart est encore plus important. Les frontaliers domiciliés à Annemasse touchent un revenu supérieur de 115% à celui perçu par les autres travailleurs (33 341 contre 15 514 euros). Cette différence atteint 128% à Gex et même 169% à Saint-Julien-en-Genevois, où les frontaliers gagnent un revenu médian de 44 894 euros.
En effet, note l'OST, «le niveau de vie augmente avec la proximité de la frontière». Les communautés de communes du Genevois et la communauté d’agglomération du Pays de Gex présentent les plus hauts revenus médians de France métropolitaine. Un quart de leurs habitants disposent d’un revenu supérieur à 55 000 euros.
Les zones ayant le niveau de vie le plus faible, les communautés de communes du Pays Bellegardien (23 300 euros) et de Faucigny-Glières, sont également celles où la part de personnes vivant en ménage transfrontalier est la plus basse.
Il est intéressant de constater que les habitants du Genevois français, frontaliers et non-frontaliers confondus, disposent d'un niveau de vie plus élevé que celui de la région et des départements dans lesquelles cette zone est située.
En effet, le revenu disponible médian perçu par les habitants du Genevois français (29 400 euros) est supérieur de 31% à celui d’Auvergne-Rhône-Alpes (22 500 euros), de 25% à celui du département de l’Ain (23 400 euros) et de 10% à celui de la Haute-Savoie (26 600 euros), précise l'OST. (asi)