Les Romands souffrent des coûts élevés du logement et de la vie. Au point qu'un nombre croissant d'entre eux envisagent de déménager en France et de travailler en Suisse en tant que frontaliers. C'est ce que révèle une enquête représentative diffusée ce jeudi matin par Comparis, réalisée dans notre partie du pays.
Concrètement, près d'une personne interrogée sur trois, soit 30,2% du total, s'est dite ouverte la possibilité d'émigrer chez nos voisins. «Bien entendu, le chemin à parcourir entre une simple idée et sa concrétisation peut être long», nuance Comparis. Et pourtant, «une proportion considérable de la population prend déjà des mesures concrètes en vue d’un déménagement».
En effet, pas moins de 5,1% des personnes sondées sont déjà activement à la recherche d’un bien immobilier en France pour y vivre en tant que frontaliers. Ce qui représente tout de même quelque 51 000 ménages, selon Comparis.
Selon Comparis, la disposition à émigrer est plus prononcée chez les jeunes. «Cela est probablement dû au fait que ces derniers ne sont pas encore aussi fortement enracinés dans leur région de résidence actuelle que les personnes plus âgées», expliquent les auteurs de l'enquête. Chez les plus de 60 ans, la part des personnes prêtes à quitter la Suisse tombe à 14%.
Concernant les principales raisons poussant les Romands à quitter la Suisse, on retrouve surtout des considérations d'ordre financier. Le coût de la vie moins élevé et des loyers et des prix plus avantageux ont été cités par 40 et 33% des sondés, respectivement. Le désir pour une meilleure qualité de vie a également été souvent évoqué.
L’espace semble avoir moins d’importance. Ce type de considérations a une priorité moindre et est plutôt une motivation secondaire, commente Comparis.
Bien que de nombreux Romands envisagent de déménager en France, il existe également plusieurs facteurs dissuasifs. Le principal obstacle, évoqué par près de la moitié des sondés, est la distance les séparant de leurs proches.
Un autre facteur décisif, revêtant à peu près la même importance, est le temps de trajet et le raccordement aux réseaux de transport, suivi par les incertitudes concernant les questions administratives, telles que le fonctionnement des impôts et des assurances maladie.
Une fois en France, les Romands qui ont décidé de partir devraient s’adapter à un système différent, explique Harry Büsser, expert immobilier chez Comparis. Et d'ajouter:
En revanche, la plupart des participants au sondage (55,8%) ont déclaré ne pas ressentir les différences culturelles en France comme un défi particulier pour un déménagement. Cela est surtout vrai pour les personnes âgées.
Ce qui est sûr, c'est que les personnes ayant des proches qui ont déjà franchi le pas sont beaucoup plus disposées à faire de même. Près de 90% des sondés envisageant sérieusement de déménager en France ont des connaissances ou des amis qui ont émigré avant eux. Ce pourcentage n'est que de 60% chez celles et ceux excluant absolument l'idée de partir.
Ce constat expliquerait pourquoi, selon Harry Büsser, cette tendance risque de s’accélérer: «Plus il y aura de ménages qui déménagent en France, plus les Romands auront d’amis qui ont déjà franchi le pas. Cela augmentera ainsi leur disposition à en faire de même», conclut-il.