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Pourquoi la gauche continue de dominer les villes suisses

Les candidats Alfonso Gomez Les Verts, Christina Kitsos PS, Marjorie de Chastonay Les Verts, Joelle Bertossa PS, de gauche a droite, arrivent a l'Hotel de Ville, lieu de presentation des resultat ...
Les élus de gauche à l'exécutif de la ville de Genève, de gauche à droite: Alfonso Gomez Les Verts, Christina Kitsos PS, Marjorie de Chastonay Les Verts, Joelle Bertossa PS.Image: KEYSTONE

Les grandes villes suisses sont-elles à gauche pour l'éternité?

Les dernières élections municipales genevoises l'ont encore montré: les grandes villes sont abonnées à la gauche. Il y a des raisons à cela. Une fatalité? Décryptage avec le politologue Pascal Sciarini.
23.04.2025, 18:4623.04.2025, 19:01
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Encore elle, toujours elle. Le 13 avril, la gauche, soit le PS et les Verts, a obtenu quatre des cinq sièges à l’exécutif de la ville de Genève. On entend dire que c’est grâce ou à cause de la stratégie éclatée, dans tous les sens du terme, de la droite et du centre. Sans doute, mais pas que.

A la différence des cantons et de presque tout le reste, les grandes villes suisses et des agglomérations moyennes comme Yverdon et Bienne échappent à la droite. Le top 5 des métropoles – Zurich, Genève, Bâle, Berne et Lausanne – paraît solidement arrimé à gauche. Vrai qu’«à la ville», on n’est pas surveillé comme «au village». C’est ce qu’on disait au temps de la libération sexuelle, il y a 50 ans.

Une «nouvelle classe moyenne»

L’ancrage de ces bastions citadins dans le camp progressiste tient probablement moins aujourd’hui aux mœurs, passées d’émancipatrices à suspectes, qu’à des considérations «socio-démographiques relativement favorables à la gauche», note Pascal Sciarini, professeur de science politique à l’Université de Genève.

Les grandes villes sont le lieu d’une «nouvelle classe moyenne formant un important réservoir de voix pour la gauche», constate le politologue. Ses principales préoccupations sont «l’éducation, la santé, le social, la culture, la mobilité, le climat». En somme, tout ce qui fait un programme de gauche destiné à des urbains. Cette année, observe Pascal Sciarini, la gauche n'a pas fait campagne sur des thèmes sociétaux comme le genre. La droite non plus dans une vision inversée.

L'insécurité, pas prioritaire

La sécurité, l'un des arguments de la droite, ne permet pas à cette dernière de s'imposer dans les grandes villes.

«L’insécurité est moins déterminante dans le vote de ceux qui habitent en ville, ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas un thème important, comme on le constate dans les affaires de trafic de drogue»
Pascal Sciarini, politologue

La voix des partis populistes de droite porte plus dans les «quartiers suburbains que dans les centres urbains», relève encore Pascal Sciarini.

«Cela tient au fait que la mixité des origines est un phénomène plus récent dans certaines périphéries marquée par une forte croissance démographique qu’en ville proprement dit, où le phénomène de la mixité est déjà ancien.»
Pascal Sciarini, politologue

Le politologue prend l’exemple de la commune genevoise de Plan-les-Ouates, passée en quelques années de 3500 à plus de 10 000 habitants. Ce saut démographique a nourri des «préoccupations d’ordre sécuritaire».

La voiture, pas prioritaire non plus

La voiture ne sera pas non plus une roue de secours pour la droite. «On peut se passer d’un véhicule motorisé dans les grandes villes», juge Pascal Sciarini. Un argument de moins pour la droite, un de plus pour la gauche. Sans doute ne convaincra-t-il pas l'ensemble des familles nombreuses pour qui la voiture reste un moyen de transport appréciable comparé à la cherté du train, par exemple.

Autrefois prolétaire, la gauche, dominante dans les grandes villes, a pris un visage «académique», relevait Le Temps en 2024. Les ouvriers sont devenus des fonctionnaires, pour schématiser. Aux yeux de l’UDC, qui joue du clivage villes-campagnes, la gauche s’est «boboïsée», un synonyme de «déconnectée».

Le clivage villes-campagnes

D’où cette motion signée par 23 députés UDC, PLR et Vert'libéraux du Grand Conseil vaudois demandant une rotation du titre de capitale tous les dix ans entre les chefs-lieux des dix districts du canton. Au détriment de Lausanne, qui chuterait de son piédestal et devrait attendre son tour, tous les 90 ans, comme les autres.

Cette motion rédigée par l’UDC Fabrice Moscheni est certes une curiosité dans le paysage politique vaudois, mais Pascal Sciarini lui accorde un certain crédit.

«Cette mesure, si elle était appliquée, ne changerait probablement rien en termes politiques et démographiques, mais elle pourrait avoir un effet symbolique certain dans le contexte d’un clivage villes-campagnes souvent constaté.»
Pascal Sciarini, politologue
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