Des anciens employés indiens de la famille Hinduja ont été entendus, mercredi, par le Tribunal correctionnel de Genève, au troisième jour du procès qui voit quatre membres de cette dynastie richissime jugés pour traite d'êtres humains. L'interrogatoire d'un cuisinier, le matin, s'est déroulé dans un climat tendu.
Les avocats de la défense ont multiplié les incidents. Ils ont émis des doutes sur l'interprète chargée de traduire les propos du plaignant de l'hindi vers le français. Ils ont aussi remis en cause la capacité de l'ex-cuisinier des Hinduja à répondre aux questions, en raison de sa santé chancelante et des médicaments qu'il prend.
Les juges n'ont pas donné suite à ces requêtes et l'interrogatoire du plaignant a pu se tenir, même si le tribunal en a limité sa durée. Le cuisinier a notamment travaillé dans la maison que les Hinduja possèdent à Cologny (GE) à deux reprises, de 2008 à 2009 et de 2017 à 2018.
Il a relevé qu'à chacun de ses séjours à Genève, il n'est sorti qu'une fois du périmètre de la villa pour faire le tour du voisinage. Il accompagnait aussi les Hinduja lorsqu'ils se rendaient ailleurs en Suisse, à Monteux ou à Villars-sur-Ollon (VD). Il a aussi été en France dans la propriété de la famille à Cannes.
Le plaignant a également précisé qu'il était mieux payé à Genève qu'à Cannes ou en Inde, mais qu'il y avait aussi plus de travail quand il était sur les bords du Léman. Le premier procureur Yves Bertossa a indiqué qu'en moyenne, l'ancien employé des Hinduja percevait un salaire mensuel de 300 francs.
Un épisode a fortement marqué le cuisinier. Alors qu'il travaillait à Genève, la famille Hinduja a soudainement décidé qu'il devait retourner en Inde:
Il a raconté, les larmes aux yeux, qu'il n'avait pas pu acheter du chocolat pour ses enfants.
Mercredi après-midi, le tribunal a entendu la femme qui s'est occupée des enfants des Hinduja à Genève. Son salaire, au début, en 1997, se montait à 10'000 roupies indiennes par mois (environ 100 francs). En revenant à Genève, en 2011, il était passé à 15'000 roupies, pour atteindre, sur la fin, en 2018, 25'000 roupies.
Après une suspension d'audience, la plaignante a demandé à pouvoir faire une déclaration. En pleurs, elle a insisté pour dire qu'elle n'était pas responsable de la venue de la police genevoise dans la maison de Cologny, en 2018. Qu'elle n'était pas à l'origine de cette affaire, contrairement aux soupçons de membres de la famille Hinduja.
La plaignante a ensuite raconté, lorsqu'elle était à Genève, qu'elle avait le droit de sortir de la maison pour prendre l'air pendant 2 heures:
Elle a aussi déclaré que ses loisirs en Suisse étaient de promener le chien et d'écouter les enfants Hinduja jouer de la musique.
Le procès se poursuit jeudi, à 08h45, avec l'audition de la dernière plaignante et les dépositions des différents témoins. (jch/ats)