«Sidérés par la violence»: la directrice de la Comédie de Genève riposte
Déclarée «persona non grata» à la Comédie de Genève, le théâtre qu’elle dirige, la franco-suisse Séverine Chavrier a chargé son avocat de rédiger une lettre à l'attention de Conseil administratif (exécutif) de la ville de Genève, a appris watson. Cette démarche est une première réponse de sa part à la décision de la Fondation d’art dramatique (FAD), l'employeur de Séverine Chavrier, de couper son poste en deux entités, l'opérationnel et la direction artistique.
Elle n'est plus la bienvenue à la Comédie
Comme la FAD l'a indiqué le week-end dernier aux 80 employés de la Comédie de Genève, Séverine Chavrier, leur directrice, travaillera désormais à distance, révélait lundi Le Temps. Il lui est conseillé de ne plus se rendre physiquement dans les locaux de la Comédie.
Cette décision peut surprendre, dans la mesure où la cheffe de la Culture de la ville de Genève, Joëlle Bertossa, semblait avoir apporté son soutien à Séverine Chavrier, suite à la parution, le 22 octobre, entre autres dans la Tribune de Genève, d’allégations anonymes mettant en cause son management jugé cassant, ainsi que le peu de place qu’elle accorderait à la scène genevoise.
L'acronyme qui a tout fait basculer
Il lui était également reproché d’avoir prononcé un acronyme méprisant, PPSDM, pour petites productions suisses de merde. Le 31 octobre, Thierry Sartoretti, journaliste culturel œuvrant à la RTS, apportait un démenti formel: Séverine Chavrier n’a jamais employé ni cet acronyme, ni cette expression.
Entre-temps, Joëlle Bertossa, de concert avec la FAD, avait décidé de mandater la Cour des comptes genevoise, afin qu’elle rédige un audit sur la gestion comptable de la Comédie de Genève. Mais il n’était alors pas question d'exclure Séverine Chavrier des murs de la Comédie.
Deuxième audit
Ce durcissement à son égard fait suite à la décision de la FAD, annoncée ce mardi dans un communiqué, de commander un deuxième audit, portant, cette fois-ci, sur les relations de travail au sein de la Comédie entre Séverine Chavrier et ses équipes. Ces relations seraient mauvaises, comprend-on, comme en rendaient compte les premiers articles publiés sur l'affaire.
Elle entend se défendre
Face à ce que certains considèrent être une cabale contre Séverine Chavrier, celle-ci entend se défendre. Selon les informations recueillies par watson, elle a décidé de contester la décision de la FAD de lui retirer la direction opérationnelle de la Comédie, assortie de l'invitation à ne pas se rendre physiquement dans ce lieu.
«Appel à signatures»
Dans le même temps, des soutiens en sa faveur commencent à se manifester. Un «appel» à signatures a été lancé sur Facebook ce mardi, qui demande au Conseil administratif:
- De trouver une sortie de crise permettant à Séverine Chavrier de renouer un dialogue constructif avec ses équipes tout en continuant à assumer pleinement ses missions de directrice générale.
- de rejeter fermement toutes mesures qui porteraient atteinte à la dignité de Séverine Chavrier – la décision choquante de l'exclure du théâtre – qui entraveraient ses conditions de travail et affaibliraient ce fleuron de la scène artistique genevoise.
L’appel dénonce «le déferlement indigne des insultes, attaques haineuses et campagne de désinformation à l'encontre de Séverine Chavrier, Directrice de la Comédie, l'une des plus importantes institutions de Genève».
Lettre de soutien du milieu théâtral
Parallèlement à cette initiative, une quarantaine de noms affiliés aux professions théâtrales en France témoignent également de leur soutien à Séverine Chavrier. Tous les métiers du théâtre sont représentés: la mise en scène, la scénographie, la lumière, les costumes, les acteurs et les actrices, etc. Ils écrivent:
Souhaitant visiblement démentir les allégations selon lesquelles Séverine Chavrier ferait preuve de mépris envers le «petit personnel», les signataires ajoutent:
«Refuser les logiques de diffamation»
Les signataires concluent en ces termes :
Joint par watson, le conseiller personnel de Joëlle Bertossa et porte-parole du département de la Culture à la ville de Genève, Timothée Fontolliet affirme qu'on n'assiste pas à un «revirement» de Joëlle Bertossa et de la FAD en défaveur de Séverine Chavrier.
«Il n'était pas question de jeter quiconque en pâture»
Timothée Fontolliet poursuit:
