«Dis-moi ton nom et je te dirai d'où tu viens», cette règle était encore plus vraie autrefois. Mais elle reste en vigueur pour certains.
Qu'en est-il pour vous? Le livre des noms de famille du Dictionnaire historique de la Suisse vous répond. Nous avons compilé ses données et imaginé une carte interactive. Les familles ayant obtenu le droit de cité quelque part en Suisse avant 1962 pourront retrouver leur nom sur la carte.
avant 1800
1801 - 1900
1901 - 1962
Commençons par le début: l'évolution du droit de cité est très complexe et permanente, comme le confirme Stephanie Summermatter du Dictionnaire historique de la Suisse: «Pour simplifier, on peut considérer que le droit d'origine ou le droit de cité, et donc aussi les communes bourgeoises, sont nés de la nécessité de définir des droits et des devoirs».
Selon la spécialiste, à partir du 9e siècle, les habitants des cités situées proches des châteaux (bourgs) étaient ce qu'on appelle des bourgeois. Le droit de cité s'en est suivi, d'abord lié à la possession d'un terrain dans la commune bourgeoise, puis à d'autres conditions. Au début des temps modernes, sous l'effet de la croissance démographique, les bourgeois se sont retrouvés de plus en plus isolés, en particulier dans les villes. Ils voulaient néanmoins garantir leurs droits vis-à-vis des nouveaux arrivants en durcissant les conditions. Ces droits concernent par exemple l'utilisation des biens communaux (terrains, forêts, pâturages, eau), le droit à l'assistance au niveau communal ou encore le droit de vote.
Le Dictionnaire historique de la Suisse contient une foule d'informations sur le droit de cité, la sédentarité et l'assistance.
Le droit de cité s'obtenait et s'obtient - ou plutôt s'hérite – en principe par filiation paternelle. Les femmes perdaient leur droit de cité natal en se mariant et recevaient celui de leur époux.
Ce n'est qu'à partir de 1952 que les femmes ont pu conserver leur droit de cité après leu mariage. Il leur fallait néanmoins avoir fait une déclaration en ce sens au préalable.
Ce n'est que depuis 1992 que les Suissesses conservent automatiquement leur droit de cité et donc leur lieu d'origine après les noces. Il était par ailleurs possible d'acquérir un droit de cité. Cela était en revanche soumis à de très nombreuses dispositions.
Il y a ensuite eu des communes qui ont vendu leur droit de cité au début du 20ᵉ siècle, même à des personnes qui n'avaient jamais habité sur le territoire. C'est par exemple le cas de Mellingen, en Argovie. En la cherchant sur la carte, on voit que de très nombreuses familles s'y sont inscrites en 1901 et 1962 - dont beaucoup avec des noms italiens.
Autre sujet passionnant: les naturalisations forcées. «En raison de la loi sur les apatrides de 1850, 30 000 sans-abri ont été naturalisés de force, souvent contre la volonté des communes», raconte l'experte.
(Adaptation française: Valentine Zenker)