Elle n'aurait jamais dû dire ça à la RTS
Je n'ai pas pu m'empêcher de tiquer en écoutant Elisabeth Baume-Schneider au 19.30 de la RTS ce lundi. La conseillère fédérale était interrogée sur son plan de 300 millions d'économies — bienvenues — dans le domaine des coûts de la santé.
C'est la suite qui m'a fait grincer des dents. A une question légitime du présentateur Philippe Revaz concernant certaines économies qui «paraissent anecdotiques» à première vue, voici la réponse de la ministre de la santé:
L'arrêt des factures en papier permet de gagner 36 millions de francs?
L'extrait en vidéo 👇🏻
Pardon? J'ai bien entendu? La plus haute responsable des affaires de santé, qui gère la question des primes d'assurance maladie, la préoccupation n°1 des Suisses, qui explique platement qu'elle ne touche pas le puck?
Un premier réflexe désagréable
Dans la suite de l'interview, la Jurassienne déroule sa méthode: rassembler les partenaires pour trouver des solutions: les caisses maladie, les médecins, la pharma, les hôpitaux, les cantons, etc. Elle évoque aussi sa «responsabilité première» de «maîtriser la hausse des coûts de la santé».
On l'a bien compris: Elisabeth Baume-Schneider n'a pas les pleins pouvoirs, son département est compliqué à gérer et elle ne siège pas elle-même au sein des conseils d'administration des caisses maladie pour régler les problèmes d'un coup de baguette magique.
Ce premier réflexe d'Elisabeth Baume-Schneider à une question — même pas piège — est particulièrement désagréable. Les spectateurs de la RTS qui se prennent, chaque année, l'augmentation des primes dans les dents, auront apprécié. Etre conseillère fédérale n'est pas de tout repos, mais est-ce vraiment rassurant de l'entendre avouer qu'elle ne maîtrise pas ses dossiers?
Qu'auraient dit les autres?
Aurait-on imaginé son prédécesseur, Alain Berset, se dédouaner de la sorte? Pas vraiment. De même, imagine-t-on un ou une autre conseillère fédérale en charge de ses dossiers se distancier d'une petite phrase de ses dossiers chauds? On imagine:
Albert Rösti, en charge de l'énergie et des transports
Ou bien:
Karin Keller-Sutter, cheffe du Département des finances
Ou encore:
Martin Pfister, le boss de la Défense et de l'armée
Bon, sur ce dernier point — soyons taquins — c'est peut-être bien le cas. Mais Pfister a la sagesse de ne pas le dire, même si tout le monde le soupçonne. Et c'est bien là que le bât blesse.
En Suisse alémanique, cela fait longtemps que Baume-Schneider n'a pas la cote, perçue comme désinvolte. Comme beaucoup de Romands, je l'ai trouvée sympathique lors de son élection, en décembre 2022. Mais c'était il y a bientôt trois ans et je commence à trouver ces petites sorties de route un peu fatigantes.
Madame Baume-Schneider, il est temps d'assumer votre place au sommet. Ce n'est pas grave de ne pas tout savoir, mais la politique, c'est aussi, parfois, de savoir rassurer les Suisses. Surtout sur un dossier aussi épineux.


