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Des UDC veulent invalider l'e-ID à cause de Swisscom

Des UDC veulent faire invalider le vote sur l'e-ID à cause de Swisscom

La Suisse aura une identité numérique. Le peuple l’a décidé dimanche de justesse. Mais les opposants réclament une seconde votation.
29.09.2025, 05:3129.09.2025, 05:31
Kilian Marti
Kilian Marti

La Suisse aura une identité numérique. Le peuple a accepté l’e-ID dimanche, de justesse: 50,4% de oui, à peine 20 000 voix d’écart. Un résultat plus serré que prévu. Les opposants, portés par les Amis de la Constitution, Intégrité numérique, l’UDF et les Jeunes UDC, ont réussi à mobiliser bien au-delà des attentes.

Le président des Jeunes UDC, Niels Fiechter, membre du comité du non, voit dans ce résultat avant tout un signal adressé à l’élite politiquee, comme il nous l’explique:

«Il existe un décalage entre la politique et le peuple. Au Conseil des Etats, quasiment personne n’était contre, au Conseil national seulement quelques-uns, et pourtant le pays est partagé 50:50»
Nils Fiechter, Junge SVP
Nils Fiechter.Image: watson

Le jeune UDC accuse deux «fautes majeures» d’avoir favorisé le oui: les sondages et Swisscom.

Pourquoi les sondages seraient un problème?

Fiechter ne mâche pas ses mots: «Les sondages d’avant-votation se sont trompés et ils manipulent les citoyens. Beaucoup veulent faire partie du camp des gagnants et votent en conséquence», assure-t-il. Il demande donc une interdiction de ces sondages «plusieurs mois» avant une votation. Car ils seraient «manipulateurs» et n’auraient «aucune valeur ajoutée pour les citoyens».

Le politologue Oliver Strijbis, de la Franklin University de Lugano, reconnaît qu’il existe toujours un certain avantage pour le camp dont les électeurs pensent qu’il va gagner. Mais cela se produirait aussi sans sondages.

«Sans sondages, les gens auraient tout de même des attentes, mais basées sur des rumeurs et des campagnes. Une démocratie sans sondages serait pire»
Oliver Strijbis
Professor für Politikwissenschaft Oliver Strijbis
Oliver Strijbis.Image: zvg/Flurin Bertschinger

L'expert confirme que les instituts de sondage se sont bel et bien trompés cette fois-ci. Il explique cela par la sous-représentation systématique, dans les enquêtes, des milieux critiques vis-à-vis de l’Etat, renforcés pendant la pandémie:

«C’est un camp qui n’aime pas participer aux sondages. Il est critique envers l’Etat et les élites, et nous l’avions sous-estimé»
Oliver Strijbis

Quant à l’idée d’interdire les sondages, Strijbis la juge extrêmement dangereuse: «Ce serait une atteinte massive à la transparence démocratique et à la liberté de la presse.»

Pourquoi Swisscom aurait fait un faux-pas?

Niels Fiechter rend aussi Swisscom responsable du résultat. Il pointe du doigt la contribution de 30 000 francs versée par l’opérateur au comité du oui, ainsi que la présence de son logo sur des flyers favorables à l’e-ID:

«Swisscom est semi-publique. Un tel groupe influence des milliers de personnes. Avec un résultat aussi serré, il faut répéter la votation.»

Le comité du non a d’ailleurs déjà déposé un recours pour «ingérence déloyale» de Swisscom.

Oliver Strijbis juge cette réaction disproportionnée: «30 000 francs ne décident pas une votation nationale – même serrée.» Mais il reconnaît que l’entreprise a manqué de sens politique: «Swisscom aurait dû se montrer plus neutre.» En revanche, exiger une nouvelle votation lui paraît «une revendication exagérée».

Pour le politologue, ce résultat très serré illustre surtout une défiance croissante envers les institutions – une tendance qui dépasse largement le seul dossier de l’e-ID.

On avait une très bonne raison d'aller voir des alpagas
Video: watson
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