Les loyers et les prix de l’immobilier continuent de flamber en Suisse, contraignant de nombreux citoyens à envisager de nouvelles zones de résidence. Le dernier rapport immobilier de Wüest Partner souligne cette évolution, montrant comment l'augmentation des prix pousse les Suisses à s'installer ailleurs.
Les appartements en copropriété voient leur prix grimper depuis plusieurs années, mais le phénomène s’est accéléré. Alors que les dix dernières années ont enregistré une hausse moyenne de 2,7% par an, le troisième trimestre 2024 affiche une augmentation de 4,8% par rapport à l’année précédente. En revanche, les maisons individuelles connaissent une hausse plus modérée, avec une progression de 3,5% au dernier trimestre, proche de la moyenne des dix dernières années.
Face à ces augmentations, l'accès à la propriété devient de plus en plus difficile pour la classe moyenne, les prix progressant bien plus rapidement que les salaires.
Les locataires à la recherche d'un nouveau logement subissent aussi les effets de cette flambée des prix: les loyers affichés au troisième trimestre 2024 sont supérieurs de 3,8% par rapport à ceux de l’an dernier, particulièrement dans les régions de Suisse centrale et de Zurich. En revanche, ceux qui peuvent conserver leur logement pourraient voir leur loyer baisser grâce à la récente chute des taux d'intérêt. Le taux de référence des loyers pourrait même être revu à la baisse d’ici fin 2024 ou début 2025.
La baisse des taux d'intérêt favorise l’accès à la propriété, incitant davantage de ménages à acheter, ce qui alimente encore la hausse des prix. Cependant, la demande reste largement supérieure à l'offre, car le secteur de la construction est en crise. Le nombre d'autorisations de construire a chuté d’un tiers depuis 2014, et le phénomène est encore plus marqué dans les grandes villes et leurs agglomérations.
Les maisons individuelles sont particulièrement touchées: elles sont progressivement retirées du paysage urbain et rural. Dans les années 2000, elles représentaient 40% des nouvelles constructions, contre seulement 12% aujourd'hui, souvent démolies pour permettre une densification accrue. Selon Wüest Partner, la maison individuelle est désormais une «denrée rare», une tendance déjà constatée par l'Office fédéral du logement en 2020.
Face à la hausse des prix, la population suisse montre une réticence croissante à déménager. En 2022, le taux de déménagement n’a jamais été aussi bas depuis dix ans, selon l'Office fédéral de la statistique. Ce phénomène est particulièrement visible en Suisse centrale, où la durée moyenne de résidence a augmenté à trois ans.
Pour trouver des logements abordables, de nombreux habitants se détournent désormais des grandes villes au profit de centres de petite et moyenne taille, de leurs agglomérations ou des régions rurales. Les nouveaux arrivants venus de l’étranger, autrefois attirés par les grandes villes économiques, s’orientent eux aussi vers ces zones moins onéreuses.
Ces déplacements internes ont des effets contrastés sur les cantons: Zurich, Vaud, Zoug et les demi-cantons bâlois voient leur solde migratoire s’inverser, tandis que l'Argovie, Soleure et Lucerne apparaissent comme les principaux gagnants de ce phénomène.
Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich