L'inflation dans la zone euro est en recul. Elle s'élevait dernièrement à 1,7% et était donc inférieure à la valeur cible de la Banque centrale européenne (BCE). C'est entre autres pour cette raison que la BCE a de nouveau abaissé ses trois taux directeurs d'un quart de point de pourcentage. Le taux de dépôt auquel les banques peuvent déposer leur argent auprès de la BCE passe de 3,5 à 3,25%.
Ce sont des signes supplémentaires que l'inflation est vaincue en Europe - et que de nouveaux problèmes se profilent, parfois les mêmes qu'avant Covid. Le «Financial Times» titrait récemment:
La faiblesse de l'inflation s'accompagnera du retour de taux d'intérêt très bas, peut-être même négatifs. La Suisse, en particulier, semble n'être plus qu'à une crise, une récession, d'un retour aux taux d'intérêt négatifs. C'est ce qui ressort des prévisions de la Banque nationale suisse (BNS).
Selon la BNS, l'économie suisse croîtra de 1,5% l'année prochaine, ce qui correspond à un rythme moyen pour elle. Mais l'inflation diminue rapidement et ne devrait bientôt plus être que de 0,5%. Ce n'est pas une situation confortable, ni pour la BNS ni pour la Suisse.
Car même cette inflation résiduelle disparaît rapidement. Si, même avec une bonne croissance, la Suisse n'a qu'une inflation de 0,5%, combien restera-t-il en cas de ralentissement?
Cela deviendra donc un problème en cas de récession ou de crise. La BNS, sous la direction de son nouveau chef Martin Schlegel, ferait alors ce qu'elle a toujours fait au cours de son histoire: abaisser le taux directeur jusqu'à ce qu'il ne freine plus l'économie, mais l'accélère. Mais dans une Suisse où l'inflation est faible, nulle ou même négative, ce n'est pas si simple.
C'est lié à ce que l'on appelle le taux d'intérêt d'équilibre. Celui-ci est de 0% en Suisse, comme l'a révélé Thomas Jordan, alors chef de la BNS, lors d'un discours au printemps. Cela signifie que l'économie n'est aidée que lorsque le taux directeur nominal est si bas qu'après déduction de l'inflation, le taux directeur réel se situe sous la ligne du zéro. Si le taux d'intérêt réel se situe au-dessus, il freine l'économie. S'il se situe exactement sur la ligne du zéro, il ne la freine pas, il ne l'accélère pas non plus, il a un effet neutre - l'économie est en équilibre.
En cas de crise, le taux directeur nominal doit donc être suffisamment bas pour que, après déduction de l'inflation, le taux d'intérêt réel se situe sous la ligne du zéro, c'est-à-dire en territoire négatif. Et c'est évidemment un problème dans une Suisse où l'inflation est nulle. Cela ne peut se faire que si le taux directeur nominal se situe également dans la zone négative - donc uniquement avec un taux d'intérêt négatif.
C'est pourquoi la Suisse n'est probablement qu'à une crise, un ralentissement, une récession du retour des taux d'intérêt négatifs. Si les banques prêtent alors leur argent à la BNS, elles ne recevront plus d'intérêts, mais devront payer quelque chose à la BNS. Les taux d'intérêt hypothécaires baisseront également encore plus bas. Les prix de l'immobilier s'envoleront.
Le taux directeur de la BNS n'est aujourd'hui déjà plus que de 1%. En septembre, la BNS a annoncé que de nouvelles baisses pourraient être nécessaires - un signal clair. En décembre 2024 et en mars 2025, la BNS devrait à nouveau abaisser les taux d'un quart de point de pourcentage. Il ne resterait donc plus qu'un taux directeur de 0,5% début 2025.
Les taux d'intérêt négatifs vont-ils vraiment revenir? On a posé la question lors du dernier examen de la situation de la politique monétaire. Et l'un après l'autre, le chef de la BNS de l'époque et celui d'aujourd'hui, Thomas Jordan et Martin Schlegel, nous ont répondu.
Selon Thomas Jordan, il est important d'adapter la politique monétaire au bon moment:
En d'autres termes, ce n'est pas comme si la BNS pouvait éviter les taux d'intérêt négatifs en attendant de baisser les taux d'intérêt afin de se créer une prétendue marge de manœuvre pour le prochain ralentissement. Car si elle attend, les taux directeurs resteront élevés plus longtemps, ce qui freinera l'économie et affaiblira encore l'inflation.
Jordan a poursuivi:
De son côté, Martin Schlegel nous a répondu qu'il s'agissait «bien sûr d'une question très importante, une question à laquelle nous avons également beaucoup réfléchi». La BNS affirme qu'elle est sur la bonne voie avec trois baisses et l'annonce que d'autres baisses ne sont pas exclues. En même temps, «nous jugeons la situation d'une évaluation à l'autre et prendrons ensuite les décisions que nous considérons comme justes».
Un retour à des taux d'intérêt négatifs est «bien entendu» une possibilité à laquelle la BNS a «beaucoup réfléchi».