Des loyers toujours plus élevés, peu de logements vacants et une population en constante augmentation: le marché immobilier est extrêmement tendu en Suisse. Les plateformes de réservation comme Airbnb – leader dans le domaine – contribuent à cette crise. Elles réduisent les surfaces à disposition tout en renchérissant encore les loyers. On leur reproche de proposer des appartements à des touristes plutôt qu'à la population locale.
Ce problème ne se pose toutefois pas partout dans le pays. Comme Airbnb ne publie pas ses propres données, impossible de savoir dans quelle mesure elle s'était implantée dans les communes helvétiques.
Pour 2024, les chiffres de l'entreprise de conseil américaine All the Rooms, que les titres de Tamedia, notamment 24 Heures ont pu consulter en exclusivité, apportent désormais un éclairage sur la question. Ils indiquent pour 1908 des 2144 communes helvétiques quelle était la proportion moyenne de logements Airbnb. Plus cette proportion est élevée, plus la plateforme de location est répandue.
Et c'est dans les communes touristiques de montagne en Valais, à Berne et aux Grisons qu'on observe les parts les plus importantes. Lauterbrunnen, village de l'Oberland bernois, arrive en tête de liste. 23,3% des logements sont à louer sur internet. En moyenne à Lauterbrunnen, 841 étaient répertoriés sur la plateforme l'an dernier.
Derrière Lauterbrunnen, le petit village vaudois de Démoret, 150 habitants, prend la deuxième place avec 20% de logements consacrés à Airbnb. Le Valais domine ensuite la suite du classement, occupant tous les rangs de la 3ᵉ à la 11ᵉ place.
Pour Karl Näpflin, le président de la commune, ce n'est pas une surprise: «En tant qu'acteur du marché, Airbnb est bien accepté ici. Il nous fait vivre», explique-t-il aux titres de Tamedia, tout en admettant que la plateforme de location d'appartement participe à la pénurie de logement.
L'élu estime qu'il faut encourager l'habitat bon marché à l'avenir et il veut une amélioration de la situation d'ici à deux ans.
Et qu'en est-il dans les grandes villes suisses? Le nombre total d'offres y est évidemment plus important - rien qu'à Zurich, on comptait en moyenne 2257 logements à louer en 2024. Cela représente toutefois une part nettement plus faible du parc immobilier dans les villes que dans les stations touristiques de montagne. Lugano se place en tête des centres urbains, avec une part de 1,8%. Viennent ensuite Genève, Bâle, Zurich et Lausanne.
La donne change légèrement si l'on considère les chiffres par quartier. Selon Tamedia, la part d'Airbnb atteint 4,8% en vieille ville de Zurich (Kreis 1), 3,2% dans le Petit-Bâle et 2,7% à Saint-Gervais Chantepoulet, sur la rive droite du Rhône à Genève.
Contrairement à la plupart des communes de montagne, les grandes villes les plus touchées tentent d'endiguer le phénomène. Genève et Lucerne le font déjà, tandis qu'à Berne et Zurich, des blocages juridiques empêchent l'entrée en force des réglementations prévues.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)