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«De plus en plus de salariés suisses ne s'en sortent plus»

Des personnes dans la precarite font leurs achats dans l'Epicerie Caritas de la rue de Carouge, ce vendredi 10 fevrier 2023 a Geneve. Les epiceries Caritas proposent aux personnes disposant d&#03 ...
L'épicerie Caritas à Genève, en février 2023.Image: KEYSTONE

«De plus en plus de salariés suisses ne s'en sortent plus»

L'annonce de la hausse des primes maladie portera-t-elle le dernier coup de massue à une partie de la population suisse? Vers qui se tourner pour demander de l'aide lorsqu'on n'arrive plus à arrondir ses fins de mois? Caritas répond.
02.10.2023, 07:5702.10.2023, 09:57
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La (mauvaise) nouvelle de la semaine était sans aucun doute le montant de la hausse des primes maladie: +8,7% en moyenne dès 2024.

Des factures plus élevées qui impacteront de nombreux ménages suisses, certains plus fortement que d'autres. Après l'augmentation du prix des denrées alimentaires et de l'énergie depuis 2022, l'annonce du ministre de la Santé Alain Berset mardi 26 septembre risque de porter un dernier coup de massue à une partie de la population.

A quoi peut-on s'attendre ces prochains mois? Qui sera le plus touché? Point de situation avec Mélanie Dieguez, cheffe du secteur intervention et orientation sociale chez Caritas Vaud.

Mélanie Dieguez, cheffe du secteur intervention et orientation sociale chez Caritas Vaud
Mélanie Dieguez, cheffe du secteur intervention et orientation sociale chez Caritas Vaud.Image: Caritas Vaud

watson: Récemment, avez-vous remarqué une hausse des demandes pour des conseils budgétaires?
Mélanie Dieguez: Absolument. Les prises de contact à ce sujet se sont fortement accélérées depuis cet été. Il existe également une ligne téléphonique cantonale qui propose de l'aide lorsqu'on a des soucis financiers. Là encore, nous n'avons jamais eu autant de demandes.

«Nous avons explosé tous les records»
Mélanie Dieguez, cheffe du secteur intervention et orientation sociale chez Caritas Vaud

Quant à nos épiceries vaudoises, elles ont enregistré une hausse de fréquentation de 20% en 2023.

L'inflation qui frappe la Suisse depuis 2022 explique-t-elle ces données record?
Probablement. Et puis, c'est la rentrée, un moment charnière pour de nombreuses personnes qui ont eu d'autres préoccupations durant les vacances d'été et qui doivent reprendre leurs finances en main. Il y a également la taxation d'impôts qui tombe en septembre. Pour une frange de la population, les factures reçues sont douloureuses.

Est-ce que de nouveaux profils vous contactent?
Oui. Des gens qui s'en sortaient jusqu'à présent et qui ne s'en sortent plus. Pour beaucoup, ils sont salariés. Le problème? Leurs charges ont augmenté, mais les revenus n'ont pas suivi. Nous sommes également en contact avec des personnes dont la situation a récemment basculé et qui ont commencé à avoir des dettes ou des poursuites.

«Ça peut aller vite: une séparation, une perte d'emploi ou des problèmes de santé et la situation se précipite»

En tant que salarié qui a toujours réussi à payer ses factures, comment se sent-on lorsque la situation bascule?
Il y a parfois un sentiment de honte. C'est compliqué de demander de l'aide. Prenez par exemple nos épiceries: pour y avoir accès, il faut bénéficier des subsides. Caritas Vaud reste perçue comme une association qui vient en aide à des personnes en situation précaire: c'est donc un sacré pas de venir faire ses courses chez nous. Il y a aussi de nombreux Suisses qui mettent du temps avant de nous solliciter. Ce retard dans les consultations est un problème.

Pourquoi?
Parce que pour certains, la situation s'est empirée il y a longtemps. Par exemple, nous ne connaissons pas encore l'impact de la pandémie en 2020-2021. Avec l'inflation qui frappe le pays depuis bientôt deux ans, j'ai peur qu'une partie de la population suisse finisse endettée.

Vous avez quotidiennement ces personnes au téléphone: que vous disent-elles?
Certaines sont frustrées parce qu'elles font tout juste et n'arrivent pas à joindre les deux bouts. D'autres ont longtemps pensé qu'elles pourraient s'en sortir seules: en réduisant les dépenses non essentielles et en changeant leurs habitudes de consommation.

«Pour ces gens, il y aura une baisse de la qualité de vie»
Mélanie Dieguez, cheffe du secteur intervention et orientation sociale chez Caritas Vaud

Il ne s'agit, toutefois, que d'une minorité de Suisses. La grande majorité a certes râlé, mais ne verra pas ses habitudes changer pour autant. Au final, cette hausse des prix, on l'aura vite oubliée?
Cette majorité a de la chance de pouvoir dire que l'inflation n'est «pas grave». La minorité, en revanche, ressentira cette hausse tout au long de l'année et ne l'oubliera pas après quelques jours. Elle devra faire face à des difficultés financières au quotidien. Donc non: il ne s'agit pas «juste» d'une annonce. Certes, ce n'est pas dans notre culture suisse d'aller manifester dans la rue.

«Mais vous pouvez poser la question autour de vous: qui est angoissé à l'idée de payer ses factures à la fin du mois?»

Que peut-on faire si on s'aperçoit qu'on a du mal à boucler nos fins de mois?
C'est bateau comme réponse, mais il ne faut pas hésiter à demander de l'aide dès qu'on s'aperçoit qu'on n'arrive plus à s'en sortir seul. Plus l'attente est longue, plus les factures s'accumulent. Le risque est dès lors d'entrer dans un cercle infernal.

Vers qui se tourner pour demander de l'aide?
Chez Caritas Vaud par exemple, nous proposons des services d'aide à la gestion budgétaire et administrative. Il y a également la ligne téléphonique «parlons cash» qui offre des conseils financiers et oriente les gens qui ont besoin de soutien.

Ce pauvre ours s'est coincé la tête dans une poubelle
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