C'est reparti pour un tour: l'augmentation des primes pour 2024 est de 8,7% en moyenne. Vous avez même peut-être décidé, comme un tiers des Suisses, de changer de caisse d'assurance maladie pour soulager votre porte-monnaie.
Et, selon Guy Parmelin, vous n'auriez pas tort. Invité mardi matin dans La Matinale de la RTS, quelques heures avant l'annonce de l'augmentation des primes, le ministre incitait à profiter de la concurrence et à signer chez un autre assureur pour économiser quelques sous:
Il n'est pas le seul. Le Département vaudois de la santé et de l'action sociale (DSAS) encourage lui aussi «vivement la population à optimiser ses primes».
Pourtant, plusieurs heures plus tard, Alain Berset venait remettre l'église au milieu du village en plein milieu de la conférence de presse annonçant la hausse des primes:
Jusque-là tout va bien. Mais...
Ce qu'il faut en effet se rendre compte, c'est que changer de caisse coûte de l'argent à celles-ci. Un tiers des Suisses qui décide de partir chez un concurrent, c'est pas loin d'1,7 milliards de francs partis en fumée, soit 5% du prix des dépenses de santé en Suisse.
Alain Berset a également évoqué cet état de fait, indiquant qu'on «souhaite que les gens changent de caisse maladie car le système est basé sur la concurrence». Avant de préciser ironiquement, une minute plus tard, que cela n'empêchait pas pour autant la hausse des coûts. Un paradoxe également évoqué par Thomas Christen, directeur suppléant de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui expliquait:
Alors, changer de caisse maladie chaque année, est-ce vraiment une bonne idée? Ou nos économies individuelles sont-elles dommageables à la collectivité sur le long terme?
Contacté, l'expert en assurances maladie auprès de Comparis, Felix Schneuwly, assure de son côté que l'opération en vaut la chandelle: «Si la concurrence entre les assurances est bonne, la différence entre les primes diminue, c'est normal. C'est la preuve que cela fonctionne.» Il précise:
Il donne son propre exemple: «Depuis 1996 et l'introduction de la Lamal, j'ai changé quatre fois de caisses. Je compare l'augmentation des primes chaque année et je suis sensible à la qualité.» Et il dévoile même sa méthode:
Il n'empêche: tous ces changements administratifs lourds et stressant pour gagner 20 ou 30 francs par mois, cela en vaut-il le coup? Felix Schneuwly balaie cet argumentaire:
Soit pas loin de 800 francs à l'année. Il ironise: «Ma femme n'a pas quitté sa caisse, elle est restée. Tout cela reste une décision individuelle.» Quid de l'argumentaire d'Alain Berset? La voix de Felix Schneuwly perce les enceintes du téléphone:
Il explique: «C'est logique: si les gens changent de caisse ou optimisent leur franchise au sein de la même caisse, le volume de primes de l'assureur va diminuer. L'OFSP a approuvé ces primes et ce calcul d'optimisation devrait être inclus. Cette remarque, c'est du n'importe quoi.» Et de conclure: