Cette opération humanitaire pour Gaza divise la Suisse
Fin septembre, le Conseil fédéral a annoncé que la Confédération et plusieurs cantons souhaitaient, dans le cadre d'une action humanitaire, accueillir environ 20 enfants blessés de la bande de Gaza, chacun pouvant être accompagné de jusqu'à quatre proches.
Il s'agit d'enfants «gravement blessés ou malades, mettant leur vie en danger», selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), et qui ne peuvent pas recevoir de soins adéquats sur place. Au total, l'OMS a prévu l'évacuation de 4000 enfants du fait de raisons médicales.
Un net Röstigraben
La date à laquelle les premiers enfants de Gaza seront pris en charge en Suisse reste incertaine. Selon le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), l'opération humanitaire est en cours de préparation:
Un fossé linguistique semble se dessiner en matière de disponibilité: les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel, Jura et Valais se sont, tout comme le Tessin, déclarés globalement prêts à accueillir les enfants blessés et leurs familles et à prendre en charge les frais de traitement. En Suisse alémanique, seul Bâle-Ville a jusqu'à présent donné son accord.
La Romandie prête à accueillir
La Confédération rembourse aux cantons, via le forfait global, les frais liés à l'hébergement, au soutien, aux primes d'assurance maladie et, en partie, à la prise en charge des enfants de Gaza et de leurs accompagnants, comme c'est le cas pour les autres demandeurs d'asile.
Pour les frais liés aux soins médicaux, leur coopération reste toutefois nécessaire: les cantons ou les hôpitaux traitants doivent prendre en charge les coûts non couverts par les assurances maladie.
Le fossé linguistique se reflète dans les déclarations de deux directeurs de la santé issus des deux extrémités du spectre politique: selon la directrice de la santé vaudoise, Rebecca Ruiz (PS), le canton de Vaud participe à l'action de la Confédération «car elle est conforme à l'esprit humanitaire, qui fait partie des valeurs fondamentales de notre pays et pour lequel le canton de Vaud s'est toujours engagé». Avec des mesures concrètes et pragmatiques en faveur des enfants blessés, le Conseil d'Etat souhaite poursuivre une tradition qui lui tient particulièrement à cœur.
Des craintes de liens avec le Hamas
Le directeur de la santé argovien (UDC), Jean-Pierre Gallati, a expliqué en détail le refus de son canton dans une lettre adressée au Conseil fédéral. Il craint notamment que les accompagnants des enfants blessés aient des liens avec le Hamas. Gallati évoque également la situation critique de l'asile dans le canton d'Argovie.
Il juge qu'il n'est pas justifiable d'accueillir volontairement d'autres personnes alors que «plusieurs centaines de personnes vivent depuis de nombreux mois dans des logements souterrains» dans le canton.
De nombreuses réticences côté alémanique
L'accueil des enfants de Gaza fait débat dans le canton de Zurich. La directrice de la santé, Natalie Rickli (UDC), a rejeté une première demande non contraignante du Conseil fédéral. Par des déclarations de groupe, le PS, les Verts et l'Alternative Liste ont exercé une pression sur le gouvernement pour qu'il prenne en charge les enfants blessés. Une pétition en ligne du PS a recueilli 42 000 signatures. Le gouvernement cantonal au complet doit encore se prononcer sur le sujet. Lors de sa séance de mercredi, il n'a pas encore pris de décision.
L'Argovie et Zurich ne sont pas seuls dans leur position. Les cantons de Zoug et de Thurgovie invoquent l'absence de structures médicales adéquates, tandis que le canton de Berne renonce, selon la NZZ, sans fournir d'explications supplémentaires. D'autres gouvernements cantonaux de Suisse alémanique ne se sont pas encore prononcés ou sont encore en phase de vérifications.
Traduit et adapté par Noëline Flippe
