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Interview

Climat: Un budget CO₂ en Suisse pour taxer les consommateurs

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Que trouve-t-on dans le panier d'achats lorsque les émissions de CO2 de chaque produit sont déduites du budget CO2 personnel?photo: KEYSTONE
Interview

Des points CO₂ pour payer nos courses? La drôle d'idée de cette économiste

Economiste de l'environnement, Renate Schubert, étudie comment inciter les gens à vivre de façon plus durable. Elle estime que les budgets CO₂ personnels sont particulièrement prometteurs. Dans une interview, elle explique comment un tel modèle fonctionnerait.
19.11.2022, 07:5819.11.2022, 11:57
Chiara Stäheli / ch media
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Des élus de divers bords politiques ont émis récemment une idée: qu'il soit désormais obligatoire pour les détaillants d'indiquer lorsqu'un aliment a été importé par avion et quelle distance il a parcourue. Cette idée n'est que la dernière en date d'une longue série qui vise à responsabiliser le consommateur et à l'informer en toute transparence de ce qu'il met dans son assiette.

Verhaltensökonomin Renate Schubert von der ETH Zürich.
Renate Schubertphoto: AZ/zvg

Cette mesure (associée à d'autres) peut-elle se montrer efficace pour limiter notre impact climatique? Nous avons demandé son avis à, Renate Schubert, professeure à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Et ce n'est pas peu dire que cette spécialiste en économie comportementale, de l'environnement, de l'énergie propose une idée radicale et nouvelle pour régler le problème du CO₂...

Que pensez-vous de l'idée d'indiquer si un aliment est arrivé par avion?
Renate Schubert:
L'étiquetage des aliments importés par avion permet de faire comprendre aux consommateurs que ces produits présentent un risque d'émissions de CO2 relativement élevé. Cela les incite à chercher des alternatives. En ce sens, il s'agit d'une mesure judicieuse, mais il faut être conscient qu'une obligation de déclaration pour les produits aériens n'est qu'une des pièces du puzzle dont nous avons besoin pour atteindre l'objectif zéro net. Nous avons besoin d'une multitude d'approches différentes: l'une d'entre elles pourrait être une déclaration symbolique des denrées alimentaires importées par avion.

Quelle autre approche suggérez-vous?
Nous savons depuis longtemps quelle quantité totale de CO2 peut encore être émise dans le monde si nous ne voulons pas dépasser l'objectif de 1,5 degré ou de 2 degrés. Cela peut être calculé pour chaque pays. Sur la base de ces budgets nationaux, il est possible de calculer le budget CO2 de chaque ménage ou de chaque personne, pour chaque année. Ces budgets CO2 personnalisés pourraient, par exemple, être déposés sous forme de points auprès d'une sorte de «banque climatique».

«Et à l'avenir, nous ne paierions pas seulement les produits et les services avec de l'argent, mais des points seraient également déduits du budget CO2 à chaque achat»

Le principe est le suivant: plus un produit est nuisible au climat, plus le nombre de points déduits est élevé. Cela signifie qu'à chaque décision de consommation, nous ne sommes pas seulement conscients des conséquences monétaires, mais aussi des conséquences pour le climat.

Qui est Renate Schubert?
Renate Schubert est économiste du comportement à l'Institut pour les décisions environnementales de l'EPFZ. Dans ses recherches, elle s'intéresse notamment à la manière d'inciter les gens à adopter un comportement plus durable. Jusqu'à sa dissolution, Schubert était membre de l'Organe consultatif sur les changements climatiques qui, sur mandat du Département de l'environnement, conseillait la Confédération dans le domaine des changements climatiques.

L'objectif serait que nous nous comportions tous de manière plus écologique?
Exactement. De plus, un tel compte CO2 permet d'agir en fonction de ses préférences. Ainsi, il y a peut-être des personnes qui ne prennent presque jamais l'avion, mais qui conduisent très souvent leur voiture. Tant que cela reste compatible avec le budget, cela ne poserait pas de problème.

Et si on n'utilise pas le budget CO2?
L'idée est de pouvoir vendre à d'autres les points dont on n'a pas besoin soi-même. L'incitation à consommer le moins possible augmente ainsi.

«En contrepartie, ceux qui souhaitent dépasser leur budget devraient acheter des points de CO₂ supplémentaires»

L'idée de budgets CO2 personnalisés a été lancée en 2017. Mais depuis, rien n'a été fait. Echoue-t-elle à se concrétiser?
En fait, très peu de choses se sont passées depuis la publication de notre document conceptuel. Lorsque nous avons lancé l'idée à l'époque en tant que conseil climatique du département de l'Environnement et que nous avons proposé des projets pilotes, la réaction du gouvernement a été tout à fait positive. Mais les projets pilotes prévus dans certaines régions de Suisse n'ont jamais été concrétisés ni mis en œuvre. A cela s'ajoute un problème central: pour pouvoir mettre en œuvre efficacement un budget CO₂ personnel, il faudrait connaître les émissions exactes de CO₂ de tous les biens et services. Ce n'est pas le cas jusqu'à présent et la détermination des valeurs est difficile et coûteuse.

Vidéo: watson

C'est possible pour certains biens et services, non?
Il est certes possible de calculer assez précisément les émissions liées aux voyages en avion ou aux kilomètres parcourus en voiture, mais c'est surtout pour les produits alimentaires que l'exercice est très difficile.

«Une pomme suisse stockée pendant six mois dans un entrepôt frigorifique peut produire plus d'émissions qu'une pomme importée par avion de Nouvelle-Zélande»

Je suis néanmoins d'avis qu'il vaudrait la peine d'investir davantage dans ce domaine et d'explorer également les possibilités offertes par l'intelligence artificielle.

Vous semblez convaincue par cette idée.
Oui, je le suis. Et ce, parce que je vois que cela peut fonctionner, même si ce n'est qu'à petite échelle. Un exemple: il existe à Urdorf un lotissement dans lequel les habitants ont un budget énergétique. Une certaine consommation d'énergie est incluse dans leur loyer; s'ils consomment plus d'énergie, ils doivent payer pour cela – et relativement beaucoup. C'est une approche très intéressante, qui a un caractère pionnier.

Vous le dites vous-même: l'introduction de budgets CO2 englobant tous les domaines de la vie serait complexe. Pourquoi ne pas commencer par un seul domaine, par exemple le transport aérien?
Mettre l'accent sur un seul domaine n'est pas l'idée d'un budget CO2. L'intérêt de ces budgets réside dans le fait que l'on peut les utiliser dans différents domaines en fonction de ses préférences. En outre, il faudrait déterminer quel devrait être le budget de vol par personne. Cela risque d'être difficile et très controversé.

Le département de l'environnement a résilié le mandat du conseil scientifique sur le climat pour la fin 2021. En quoi est-ce gênant?
C'est moins une gêne qu'un inconvénient pour la Suisse. Une discussion coordonnée entre scientifiques de différentes disciplines et un échange direct avec les offices concernés au sein du Conseil fédéral sont essentiels pour le développement de solutions viables face au changement climatique global.

«Sans de tels dialogues, la Suisse risque de prendre du retard dans le discours international»

Comment y remédier?
J'espère vivement que la Suisse remettra en place un conseil scientifique sur le climat dans le cadre des élections du Conseil fédéral et des changements de direction qui suivront dans les départements.

Traduit et adapté de l'allemand par sas

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