Ces derniers jours, les annonces se sont succédé. Dans le canton de Vaud, les Girons de Monnaz, Rances et Chavannes-le-Chêne, déjà repoussés d'une année, ont décidé de maintenir leur événement pour cet été. Celui de Puidoux, lui, a choisi d'arrêter les frais. Du côté de Fribourg, le Giron de Cheiry rend également les armes, tandis que celui de la Glâne opte pour un deuxième report sous le nom de «Lussy 2020+2».
Autant le dire tout de suite, il n'y a pas de bonne solution et chacun fait au mieux pour limiter les dégâts, face à une pandémie qui a mis à mal les traditionnels bastringues géants des jeunesses campagnardes. Réunissant habituellement plus de 20 000 personnes sur quelques jours, les Girons sont de toute évidence incompatibles avec les mesures sanitaires actuelles.
«Il y a de la frustration, mais on comprend bien que les restrictions ne sont pas là pour rien. On fera avec ce qu'on nous donne. Si on a le droit à 1000 personnes tant mieux, mais on reste réalistes, on espère plutôt 300», pointe Raphaël Cornut, coprésident du Giron de Monnaz, qui a décidé de maintenir la fête, notamment parce que la construction des bâtiments temporaires est déjà bien avancée.
Depuis quatre ans, lui et une quarantaine d'autres personnes s'investissent plusieurs jours par semaine pour leur événement. «On a aussi envie d'aller au bout, parce que c'est une forme d'aboutissement pour nous», confie-t-il.
Si le Vaudois reconnaît qu'il manquera le bouquet final à leur aventure, il rappelle que l'organisation d'un Giron, même tronquée, reste une expérience très enrichissante. «Et on a encore beaucoup de bons moments à vivre avec le démontage. Au final, on est obligés de le prendre avec philosophie.»
Raphaël Cornut souligne que l'aspect financier a aussi motivé le maintien de la motivation. «On sait que l'objectif ne sera pas de faire des bénéfices, mais on aimerait au moins essayer de mettre le budget à flots», détaille-t-il tout en regrettant que leur demande d'aide auprès de la Confédération ait été refusée.
Les dettes, les organisateurs du Giron de Puidoux, désormais officiellement annulé, n'y échapperont sans doute pas. «On a déjà investi plus de 40 000 francs. Grâce à nos sponsors, il y a une bonne partie qui est couverte, mais on va être obligés d'organiser une soirée ou un événement une fois que les choses seront rentrées dans l'ordre pour rembourser le reste», explique Corentin Grand, coprésident du Giron.
C'est d'ailleurs l'un des motifs pour lesquels les Vaudois ont préféré rendre les armes avant de devoir engager 50 000 francs supplémentaires pour louer les terrains ou construire des bâtiments. «Après quatre ans de travail, c'est vrai que c'était une décision triste et difficile à prendre, mais c'était le plus raisonnable», assure le jeune homme.
Du côté de Lussy (FR), le comité d'organisation s'était résigné et était, lui aussi, prêt à annuler le Giron de la Glâne qu'il avait déjà repoussé d'une année l'été passé. «Un tel événement, cela demande deux mois de préparation sur le terrain. Si on commence à tout installer et qu'on ne peut pas faire la fête, ce serait une catastrophe», justifie Dominique Kaech, président du comité. Mais la Jeunesse du village ne l'a pas entendu de cette oreille.
Finalement, l'équipe a décidé d'opter pour un nouveau report sous le nom de «Lussy 2020+2». «Notre espoir, c'est de pouvoir enfin faire une fête populaire et villageoise ressemblant à ce qui était prévu. Les gens seront contents de ressortir et, pour nous, ce sera le meilleur moyen d'oublier ce qu'on a traversé.»