Fedpol accusée de mettre «gravement en danger la sécurité» des Suisses
La police devra continuer à pouvoir indiquer la couleur de peau des suspects recherchés. La Commission de la sécurité du Conseil national a déposé une motion en ce sens. L’objectif est de garantir que des termes comme blanc, noir, jaune ou rouge puissent rester des critères admis dans un avis de recherche.
Il y a quelques mois, l’Office fédéral de la police (Fedpol) a informé les corps de police cantonale que cette pratique devait cesser. A la suite d’une «plainte officielle», il a en effet été décidé de renoncer à la mention de la couleur de peau. Dans la «société actuelle, complexe et plurielle», cette caractéristique devait «être remise en question de manière critique». Il s’agirait «d’un critère difficile à définir de manière claire et perçu de façon variable».
Des critiques de tous bords
A peine la nouvelle a-t-elle filtré qu’elle a déclenché une vive controverse. Le conseiller aux Etats PLR Thierry Burkart a dénoncé une «folie woke», tandis que son collègue de parti et de chambre Damian Müller parlait d’«absurdité administrative».
Plusieurs autres responsables politiques ont également exprimé leur irritation. Le directeur de la sécurité du canton de Zurich, Mario Fehr, a qualifié la démarche de fedpol de «peu utile et manifestement motivée politiquement» dans une interview accordée à la NZZ.
Beat Jans, en tant que ministre de Justice et Police, a dû répondre à ce sujet durant l’heure des questions au Parlement lors de la session d’automne. Il a tenté de calmer le débat en apportant quelques précisions. Selon lui, la catégorie «couleur de peau» est très peu utilisée dans la pratique policière, car elle manque de précision: moins d’1% des près de 90 000 avis de recherche actuels la mentionnent. De plus, la police dispose désormais souvent d'images des personnes recherchées.
Il a également rappelé qu’il reste possible d’indiquer l’origine apparente d’une personne: «Par exemple Asiatique, Européen central, Nord-Africain ou Africain subsaharien». Selon Beat Jans, cette description est de toute manière plus précise qu’une simple couleur de peau.
Le conseiller fédéral socialiste a toutefois admis que la communication de Fedpol a été maladroite; le courriel envoyé aux polices cantonales était imprécis et ambigu. Il manquait une justification solide ainsi qu’une consultation approfondie avec les corps concernés. Cela va désormais être corrigé.
Tentatives d'apaisement
Les explications de Beat Jans n’ont manifestement pas suffi à apaiser les esprits. Par quinze voix contre neuf, la Commission de la sécurité a adopté la motion. A l’origine de cette intervention parlementaire se trouve Mauro Tuena, conseiller national zurichois UDC:
Selon Mauro Tuena, plusieurs policiers et commandants lui ont confirmé que la mention de la couleur de peau pouvait être utile. Il souligne:
Le Conseil fédéral dispose maintenant d’un délai d’environ un mois pour formuler sa prise de position sur la motion. Le texte devrait ensuite être traité lors de la prochaine session d’hiver. Si le Conseil national l’approuve, il faudra encore obtenir l’aval du Conseil des Etats.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder
