Plus que 7 semaines de vacances scolaires? «Il faut essayer»
La semaine dernière, la commune de Belp (BE) a fait la une, car elle souhaite lancer un projet pilote. Les enfants ne devraient plus aller à l’école que quatre jours par semaine, mais n’auraient plus que sept semaines de vacances par année. Dagmar Rösler, la présidente de l'Association des enseignants suisses, nous a livré son analyse.
En quoi ce concept est-il nouveau?
Dagmar Rösler:
Dans d’autres pays européens, il existe de nombreux modèles différents, dont la Suisse peut certainement s’inspirer. Les écoles à horaire continu ou les structures d’accueil à la journée se sont surtout imposées dans les zones urbaines. Dans les régions rurales, elles sont encore en phase de développement.
Pourquoi pas?
Je pense que cela tient aussi aux besoins des parents et au modèle familial. A la campagne, on entretient peut-être des relations plus étroites avec les voisins, les amis ou les grands-parents, qui peuvent s’occuper des enfants durant les vacances. Souvent, la réalité est que les deux parents doivent travailler et que la garde est difficile à assumer seul ou même à deux.
Les enfants ont-ils vraiment besoin d’un accompagnement aussi étroit?
Cela dépend beaucoup de l’âge. On ne peut pas simplement laisser de jeunes enfants seuls, ils ont besoin d’une prise en charge constante, comme celle proposée par les structures d’accueil à la journée, par exemple.
Cela a pu être possible autrefois pour certains enfants, mais aujourd’hui, ce n’est plus si simple.
Que voulez-vous dire par là?
Lorsque les parents travaillent ou élèvent seuls leurs enfants, ils ont besoin d’une offre où ceux-ci sont bien encadrés.
C’est aussi pour cette raison que de nombreux enfants fréquentent déjà aujourd’hui des structures d’accueil à la journée. Ils vont, par exemple, à la cantine à midi, puis sont pris en charge à l’extérieur à partir de 15 heures, jusqu’à ce que leurs parents aient terminé leur travail. Bien sûr, les parents peuvent aussi assurer une bonne prise en charge à la maison. Mais ce n’est pas possible dans tous les cas.
Le nouveau modèle à quatre jours ne concerne toutefois pas seulement les enfants et les parents, mais aussi les enseignants. Ils devraient renoncer à leurs 13 semaines de vacances actuelles. Qu’y gagneraient-il?
Je dois à nouveau clarifier un point. Les enseignants ne disposent pas de 13 semaines de vacances. Ils utilisent ce temps sans enseignement pour planifier l’année scolaire, préparer les cours, suivre des formations continues, organiser des camps et des excursions, mener des entretiens, préparer le travail en équipe, et ainsi de suite.
Parallèlement, il existe déjà aujourd’hui, y compris dans le canton de Berne, des tentatives visant à impliquer davantage les enseignants dans l’accueil à la journée, par exemple en les faisant accompagner la cantine de midi.
C’est vrai. Dans de nombreuses communes, il existe différents modèles à ce sujet. Les temps d’engagement et les ressources doivent y être bien répartis.
Qu’est-ce que cela signifie maintenant pour l’école de Belp, comment évaluez-vous les chances de ce projet pilote?
Beaucoup de choses ne sont pas encore claires et restent à développer. Il s’agit en effet d’un essai, d’un projet pilote. Je ne sais pas encore comment l’accueil à la journée et l’enseignement seront organisés. Mais je suis aussi ouverte à voir ce que ce projet apportera.
Traduit de l'allemand par Joel Espi
