A Lausanne, le nombre de demandes d’expulsion a bondi de 103 en 2020 à 152 en 2024. Dans l’Ouest lausannois, les expulsions forcées ont progressé de 12%, notamment à Renens, comme l’écrivent nos confrères de 24 heures.
A Yverdon-les-Bains, quatorze expulsions ont déjà eu lieu depuis le début de l’année, un chiffre qui dépasse déjà le total de 2024. A Genève, la police a procédé à 239 interventions pour évacuation en 2024, un record depuis 2016.
Le phénomène n’épargne pas le Valais non plus: l’association Immo-Solidaire a été sollicitée 761 fois l’an dernier, contre 120 en 2020. Cette année, elle s’attend à franchir le cap du millier d’interventions.
En cause? Des loyers en hausse constante (plus de 30% en vingt ans selon l’Office fédéral de la statistique, cité par le journal vaudois), une pénurie de logements qui tend le rapport de force, et une inflation qui fragilise les finances des classes moyennes. Selon une étude de Comparis, un tiers des ménages romands à faibles revenus consacre plus de 30% de son budget au logement.
La loi, elle, ne laisse que peu de marge aux locataires: un seul mois d’impayé suffit à enclencher une procédure. Le bailleur envoie une mise en demeure, puis peut résilier le contrat de bail et obtenir une expulsion rapide, dès le mois suivant. Et sur le terrain, ce sont des huissiers, parfois accompagnés de la police, qui procèdent à la mise à la porte, le mobilier envoyé en garde-meuble… aux frais du locataire déjà endetté.
Si certains bailleurs privés acceptent parfois des arrangements, les propriétaires institutionnels comme les fonds de placement ou les banques se montrent beaucoup plus rigides. D’autant qu’en période de tension immobilière, il leur suffit d’attendre un nouveau locataire, souvent prêt à payer davantage, comme le relève l’enquête de 24 heures.
Certaines aides existent, comme à Genève, où le projet Domos permet à l’Hospice général d’intervenir financièrement pour éviter une expulsion. Mais les locataires ne sont pas toujours informés de leurs droits, et ces mécanismes ne suffisent plus à contenir le phénomène.
Face à cette montée des expulsions, des voix politiques s’élèvent. La députée vaudoise Céline Misiego (POP) prévoit de déposer une interpellation au Grand Conseil cet automne pour obtenir une vue d’ensemble du problème à l’échelle cantonale. Au niveau fédéral, le conseiller national Christian Dandrès appelle à un changement structurel:
Et le politicien d’asséner que garantir le même droit aux locataires en Suisse est un minimum. (max)