Ils ont dépensé un million et demi dans des dizaines de bureaux de tabac romands et leur stratégie a fonctionné: un groupe a mis la main sur le jackpot du Joker de la Loterie romande et a empoché le double de la somme investie.
Face à ce succès, la Loterie romande leur avait demandé de venir chercher leurs gains en personne... histoire de leur poser quelques questions. Notamment celle-ci: l'argent utilisé pour financer cette opération était-il légal?
Il se trouve qu'un proche des compères a été retrouvé par la Tribune de Genève, qui lui a demandé le pourquoi du comment. Déballant les détails sous couvert d'anonymat, il explique que le «Joker» a été repéré parmi d'autres loteries dans plusieurs pays. Le groupe y a décelé les critères qui l'intéressaient, notamment:
Avec ces critères, ils ont pu calculer les chances de gagner et limiter les risques un maximum. Le fait que toutes les variables puissent être intégrées au calcul représente un avantage certain. Et tout cela est légal. Car comme le raconte l'homme mystère:
Toutefois, les calculs que nous avions effectués à watson diffèrent quelque peu des sommes engagées dans la réalité. Le joueur déclare qu'ils ont dépensé près de 1,6 million pour toucher le jackpot, soit plus que ce que nous avions théoriquement calculé.
Le bénéfice est par conséquence réduit: «seulement» 1,5 million, alors que le jackpot et les gains secondaires s'élevaient à plus de 3,1 millions de francs. Mais le calcul reste gagnant. Comme nous l'expliquait Juhan Aru, mathématicien à l'EPFL, «gagner plus d'argent qu'on en aura dépensé pourrait déjà être considéré comme une réussite».
Par ailleurs, le gang n'a pas pu jouer l'entièreté des numéros, mais «seulement» 80% d'entre eux. Ici, c'est bien l'action de la Loterie romande qui a empêché «l'opération» de tourner rond. En effet, l'organisme a bloqué le jeu, après avoir découvert la manigance, forçant le groupe à continuer à aller acheter des billets à Zurich. Il avait donc une chance sur cinq de repartir bredouille.
Ce n'est pas tout. Selon les révélations du quotidien genevois, les fonds investis proviendraient d'un particulier. Autrement dit, le projet a été maîtrisé de A à Z, y compris dans son financement. Et la source l'assure:
Le groupe aurait pris toutes les précautions possibles, notamment légales, pour «éviter toute contestation» de la part de la Loterie romande. Selon la Tribune de Genève, lorsque celle-ci a bloqué la vente du «Joker», ils ont même tenté d'entrer en contact avec elle pour s'assurer de la «légalité de la démarche».
C'est en effet sur cet élément que se concentre la Loterie romande. Elle mène en ce moment une enquête avec l'aide de l’Autorité intercantonale de surveillance des jeux d'argent (Gespa), notamment «sur le terrain», en interrogeant les kiosquiers qui ont vendu les tickets. Interrogé, cet avocat déclarait:
La victoire au jackpot a été annoncée le 15 janvier, mais la somme restera bloquée jusqu'à la fin de l'enquête.