Suisse
Migros

Berne veut forcer Migros et Coop à déballer les légumes

Berne a une nouvelle solution pour forcer Migros et Coop à moins polluer

Les détaillants doivent parfois jeter les fruits et légumes invendus – emballage compris. Le Parlement planche sur une obligation de déballer la marchandise avant son acheminement vers une usine de compostage. La question divise.
09.12.2023, 15:4009.12.2023, 17:06
Maja Briner / ch media
Plus de «Suisse»

Parfois, on discute de choses tout à fait quotidiennes, voire banales au Palais fédéral. Par exemple, des concombres invendus emballés dans un film plastique. Si le détaillant ne peut pas en faire don à des organisations, la marchandise ratatinée finit souvent dans un compost industriel. Ce film plastique n'a rien à faire dans le compost, raison pour laquelle la politique s'en mêle.

Dans le cadre d'un projet sur l'économie circulaire, le Parlement discute d'une «obligation de déballer»: le Conseil fédéral doit pouvoir imposer aux détaillants et aux grossistes de déballer les produits biogènes invendus avant de les envoyer dans une installation de compostage ou de biogaz. Une exception serait faite pour les emballages compostables.

Des entreprises comme Coop ou Migros devraient donc retirer les films plastiques des concombres emballés – un travail supplémentaire. La Communauté d'intérêt (CI) du commerce de détail, composée de Migros, Coop et Denner, s'oppose à cette obligation, tout comme l'association Swiss Retail Federation.

Beaucoup de dépenses sans bénéfice?

De l'autre côté, on trouve notamment l'association Biomasse Suisse, qui représente les installations de biogaz et de compostage. Elle milite pour ce projet. Filtrer le plastique est «un très grand défi», souligne Simon Gisler, co-directeur de l'association. Il plaide pour que les pollueurs – les détaillants entre autres – enlèvent eux-mêmes les emballages ou paient si les installations de compostage doivent le faire.

Dans le cadre d'un projet sur l'économie circulaire, le Parlement discute d'une «obligation de déballer».
Dans le cadre d'un projet sur l'économie circulaire, le Parlement discute d'une «obligation de déballer».Image: keystone / dr

«Il serait important que le principe du pollueur-payeur s'applique ici aussi», déclare Simon Gisler.

«Si les pollueurs devaient assumer les coûts, ils auraient aussi un plus grand intérêt à ne pas utiliser d'emballages inutiles ou inappropriés»
Simon Gisler, co-directeur de l'association Biomasse.

La CI du commerce de détail estime, en revanche, que l'obligation de déballer est impraticable et inutile. La directrice Maja Freiermuth souligne qu'avec les technologies les plus récentes, il est possible de trier mécaniquement les matières étrangères, de sorte que les valeurs limites légales applicables aux installations de biogaz et de méthanisation soient respectées. Et les installations doivent de toute façon le faire, car les déchets ne proviennent pas uniquement du commerce de détail.

En d'autres termes, le déballage n'est pas nécessaire. Si le commerce de détail devait s'en charger, cela entraînerait des dépenses très élevées – sans avantage notable pour l'environnement. D'ailleurs, les magasins affirment faire déjà beaucoup pour éviter les emballages alimentaires et prévenir le gaspillage.

Et les détaillants ont le Conseil fédéral de leur côté. Selon un rapport rédigé à la demande de la Confédération, les coûts pour les entreprises dépassent les avantages environnementaux. Les opposants craignent aussi que les détaillants n'envoient la marchandise dans des usines d'incinération des ordures ménagères afin de contourner l'obligation de déballer.

Le Centre, tantôt oui, tantôt non

Sous la Coupole à Berne, la question donne lieu à des décisions extrêmement serrées. Le Conseil national a dit oui en mai par 97 voix contre 96, le Conseil des Etats a dit non jeudi par 21 voix contre 20. C'est le groupe parlementaire du Centre – jusqu'à présent divisé – qui devrait trancher. Le parti a voté contre au Conseil national et majoritairement pour aux Etats.

Le sénateur centriste Daniel Fässler défend le projet.

«Selon le principe du pollueur-payeur, il est faux de laisser le déballage au maillon suivant de l'économie circulaire et de lui en faire supporter les coûts.»
Daniel Fässler, Le Centre.

Il est intéressant de noter que l'Union des paysans (USP) y est également favorable. Dans sa prise de position sur la consultation, elle a exprimé son soutien «car, en raison de la pratique actuelle, de grandes quantités de matières étrangères dont des plastiques sont introduites dans les sols agricoles». Malgré cela, les bourgeois du Conseil national ont majoritairement voté contre – y compris le président de l'USP, le Saint-Gallois du Centre, Markus Ritter.

L'organisation a-t-elle fait volte-face? Non, affirme sa porte-parole Sandra Helfenstein:

«Nous n'avons pas changé de position»

La balle est maintenant à nouveau dans le camp du Conseil national. Le débat promet d'être passionnant.

Traduit et adapté par Valentine Zenker

Cette Migros flotte sur l'eau

Vidéo: watson
4 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
4
Les Américains sont jaloux d'un petit village suisse de 201 habitants
Un New-Yorkais passionné de transports publics a osé comparer le nombre de navettes en partance de l'aéroport de Kansas City, à la fréquence des cars postaux d'un petit arrêt situé dans l'Oberland bernois. Si la publication fait un carton sur la plateforme X, elle révèle la frustration des Américains, l'étonnante fierté des Suisses et surtout la mauvaise foi de son auteur.

Hayden Clarkin se décrit lui-même comme «un passionné des transports, mais aussi d'Adele et de ABBA», qui est «parfois connu sous le nom de Monsieur Transports en commun». Ce jeune New-Yorkais, riche de 120 000 abonnés sur la plateforme d'Elon Musk, adore infuser son savoir dans de petites informations croustillantes, parfaites pour briller à l'heure de l'apéro. Cette semaine, sa contribution la plus populaire est plus volontiers provoc qu'informative.

L’article