Les Suisses risquent toujours d'acheter de la viande contenant trop de PFAS produite à Saint-Gall, révélait la NZZ am Sonntag ce dimanche. L'été dernier, les autorités saint-galloises ont constaté des valeurs trop élevées dans la viande et les œufs de plusieurs entreprises du canton. Pourtant, aucune interdiction de vente n'a été prononcée pour le moment.
De quoi faire monter au créneau Sara Stalder, directrice de la Fondation pour la protection des consommateurs.:
L'abréviation PFAS désigne les substances alkyles per- et polyfluorées. Ces molécules comprenant du carbone et de l'hydrogène ne sont pas toxiques immédiatement, mais elles sont nocives pour la santé sur le long terme. Outre le cancer, elles pourraient affaiblir le système immunitaire ou réduire la fertilité. Des troubles de la croissance peuvent en outre apparaître chez les enfants avant la naissance.
Le porte-parole du canton de Saint-Gall, Thomas Zuberbühler, explique que les autorités souhaitent protéger la santé des personnes, tout en assurant la survie des producteurs.
Ainsi, la viande saint-galloise continue d'arriver dans le commerce de détail de toute la Suisse par les canaux de distribution habituels. Migros dit «prendre note» de la stratégie du canton de Saint-Gall et va élargir ses propres contrôles et renforcer l'évaluation des risques. Prisca Huguenin-dit-Lenoir, responsable du service de presse de Migros:
Du côté de la Confédération, on estime toutefois que l'approche du canton de Saint-Gall est «non conforme aux prescriptions de la législation sur les denrées alimentaires». Sarah Camenisch, de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), explique au TagesAnzeiger qu'elle a souvent attiré l'attention du canton sur ce point, et exigé une application correcte de la loi. Pour elle, le canton est «tenu de mettre en œuvre les directives dictées par le droit fédéral».
Comme il l'a indiqué dans une interview à l'Appenzeller Zeitung, le chimiste cantonal de Saint-Gall, Pius Kölbener, accorde toutefois un délai de transition de cinq ans pour la viande contaminée par les PFAS, ce qui ne réjouit pas du tout les Verts. Dans un communiqué de presse, la section cantonale du parti écologiste a déclaré:
C'est pourquoi les Verts saint-gallois ont désormais lancé une pétition. Dans leur texte, ils réclament l'arrêt immédiat de la vente de viande contenant des PFAS. Les animaux provenant de la zone à risque devraient en outre être testés, même s'ils sont abattus dans un autre canton. Car aujourd'hui, cela permet à la viande d'échapper aux contrôles, dénonce la section cantonale du parti écologiste.
Le conseiller aux Etats Benedikt Würth est au contraire favorable à une adaptation des règles au niveau national. L'élu saint-gallois propose d'autoriser le mélange d'aliments contaminés par des PFAS avec des aliments propres, afin que la contamination moyenne soit inférieure à la valeur limite. Cela serait notamment possible pour les saucisses à griller ou la viande hachée, mais pas pour les steaks ou les escalopes.
«Nous voyons ces mélanges d'un mauvais œil», réplique Philippe Häberli, le porte-parole de Proviande. L'interprofession suisse s'appuie sur «une qualité et une sécurité élevées», et veut éviter de telles démarches qui pourraient nuire à la bonne réputation de la viande helvétique.
La proposition de Benedikt Würth fait partie d'une motion de la commission de l'environnement du Conseil des Etats qui sera débattue à Berne mercredi. Selon cette motion, les conséquences économiques devraient également être prises en compte.
De son côté, le canton de Saint-Gall souhaite soutenir financièrement les agriculteurs concernés. Le Grand Conseil a approuvé un crédit spécial à cet effet. Une de ces entreprises dans le canton de Saint-Gall a déjà arrêté sa production, mais pas uniquement à cause des PFAS, selon Thomas Zuberbühler.
Saint-Gall demande donc à la Confédération de mettre en place un plan d'action national. Sara Stalder est également favorable à un monitoring national de ces substances. «Cela nous occupera encore longtemps», estime-t-elle. (kek)
Traduit de l'allemand par Joel Espi