Fondée en Argovie, Nikin est connue pour planter des arbres à chaque vêtement vendu. Elle a lancé l'année dernière sa première collection biodégradables. Les vêtements sont confectionnés avec un fil synthétique, le naNea de l’entreprise bernoise Ocean Safe. Grâce à sa structure polymérique particulière, celui-ci est naturellement biodégradable.
A l'origine, l'objectif était de récupérer les vieux vêtements pour les composter industriellement et les transformer en biomasse, utilisée à son tour comme humus pour l’agriculture. Mais, en un an et demi, aucun client n’a volontairement renvoyé de t-shirt recyclable.
Forte de ce constat, la marque revoit sa démarche: plutôt que de composter, elle cherche désormais à réutiliser le matériau pour fabriquer de nouveaux articles. Le fil naNea conserve en effet ses propriétés même après recyclage.
Pour inciter ses clients à lui ramener leurs vêtements, la marque leur offre une récompense financière: 25% du prix de vente en cash (et non en bon d'achat).
Pour financer le système, ces vêtements dits «circulaires» voient leur prix légèrement majoré — une sorte de dépôt sur le matériau. Par exemple, un vêtement recyclable coûtera 79,90 francs au lieu de 69,90. En le renvoyant, le client récupère au minimum le supplément de 10 francs. Puis 2 francs de plus pour chaque année complète d'utilisation, jusqu’à un maximum de 10 francs après cinq ans. Ainsi, un client ayant payé environ 80 francs pourrait récupérer 20 francs — soit les fameux 25% du prix d’achat.
Plus longtemps le vêtement est porté, plus il sera remboursé. Le modèle vise également à encourager un entretien précautionneux qui prolonge la durée de vie, des principes basiques de l’économie circulaire en somme. Nikin fixe cependant une limite comptable après cinq ans.
Il reste néanmoins possible de prolonger le délai de retour sur demande.
La clientèle est incitée à renvoyer ses vêtements usés, afin de limiter les déchets et de revaloriser les matières premières. Chaque article est livré avec une étiquette prépayée pour couvrir les frais d’expédition.
Ce nouveau modèle est entré en vigueur le 1er novembre dernier. Nikin espère vendre 3500 vêtements dans le cadre de ce programme, identifiables par un petit cercle cousu sur le vêtement et l’étiquette. D’ici 2030, la marque ambitionne de ne proposer que du recyclable.
L'entrepreneur ajoute que la protection des forêts déjà existantes bénéficie davantage au climat que la plantation de nouveaux arbres. Tout comme le port prolongé des vêtements contribue à réduire les déchets et à économiser du CO2.
Cependant, il reste un bémol: le naNea, un co-polyester, est actuellement fabriqué à partir de pétrole. Nikin le présente néanmoins comme une alternative plus écologique que le polyester conventionnel. Ocean Safe travaille d’ailleurs à partir de matériaux recyclés. Et notamment grâce aux vêtements retournés par les clients.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)