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Drame de Montreux: «Ils sont repartis avec 7 sacs-poubelle de 35 litres»

Colis livrés devant la porte du domicile de la famille meurtrie. Montreux, octobre 2021.
Colis livrés devant la porte du domicile de la famille meurtrie. Montreux, octobre 2021.image: dr

Drame de Montreux: «Ils sont repartis avec sept sacs-poubelle dégoulinants»

Mardi à Montreux, trois policiers vaudois ont ôté les scellés de l'appartement où logeait la famille décimée le 24 mars. De son côté, la Direction générale de l'enseignement obligatoire se défend de tout manquement.
19.04.2022, 17:0423.04.2022, 13:50
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Il y aura bientôt un mois, à Montreux, un drame emportait dans la mort quatre membres d’une même famille de nationalité française: le père, la mère, la sœur de celle-ci et la petite fille du couple. Un cinquième, le fils, âgé de 15 ans, ayant lui aussi chuté d'une hauteur d'environ 25 mètres, était conduit dans un état grave au Chuv, à Lausanne. Cinq jours plus tard, la police vaudoise disait privilégier la thèse du «suicide collectif». Mardi 12 avril, vers 11 heures du matin, selon un témoin, trois personnes sont entrées dans l’appartement où la tragédie s’est produite le jeudi 24 mars peu après le lever du soleil.

«C’étaient deux femmes et un homme en civil. L'homme m'a dit: "Ne vous inquiétez pas, nous sommes de la police"», rapporte ce témoin.

«L'un des policiers, une femme, est ressorti de l’appartement avec 7 sacs-poubelle de 35 litres dégoulinant d’eau. Ça sentait mauvais. J’en ai conclu qu’ils avaient dû vider le congélateur»
Le témoin

Les trois fonctionnaires devaient encore se rendre dans un studio d’un immeuble voisin, celui où résidait la sœur de l’épouse, l’une des quatre victimes décédées. «L'un des policiers disait agir dans le cadre de la succession et sur mandat de la justice vaudoise», poursuit le témoin.

La faute à la fatalité?

Contacté par watson, le porte-parole de la police cantonale vaudoise, Jean-Christophe Sauterel, confirme l'information fournie par le témoin. «Des policiers se sont rendus au domicile (de la famille) pour enlever les scellés judiciaires», explique-t-il.

«Les successions des personnes décédées sont traitées par la Justice de paix, conformément à la procédure»
Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise

La police cantonale vaudoise communique avec parcimonie sur les investigations en cours. Les enquêteurs affirment disposer de «preuves», probablement des images vidéo, qui rendraient compte, selon eux, du déroulement du drame dans un laps de temps de cinq minutes. Mais que penser de la qualification des faits retenue pour l'instant: «suicide collectif»? Est-ce une manière de parler de ce drame comme d'une fatalité?

Des analyses toxicologiques, effectuées dans le cadre des autopsies et peut-être à présent terminées, devraient renseigner sur la présence ou non de substances étrangères chez une ou plusieurs des victimes au moment du drame.

Des parents de la famille meurtrie se seraient rendus en Suisse pour y être entendus par les autorités vaudoises. La police ne confirme ni n'infirme cette information.

«Rien ne justifierait l’ouverture d’une enquête administrative»

La Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) se défend de tout manquement. Elle avait alerté la préfecture de Riviera-Pays-d’Enhaut parce que sans nouvelle de la scolarisation à domicile du fils de la famille, la préfecture faisant in fine intervenir la gendarmerie. «Rien ne justifierait l’ouverture d’une enquête administrative à notre encontre. Nous avons appliqué la procédure dans toute sa rigueur. Preuve en est que nous avons signalé le cas de cet adolescent à la préfecture», plaide un fonctionnaire du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), dont dépend la DGEO.

Cesla Amarelle non réélue: et maintenant?

watson a rappelé, le 31 mars, l’existence, dans le canton de Vaud, d’un avant-projet de révision de la loi sur l’enseignement privé, devant notamment durcir les conditions donnant droit à un enseignement à domicile. Cet avant-projet survivra-t-il à la non-réélection, dimanche 10 avril, de Cesla Amarelle, la cheffe du DFJC?

Notre interlocuteur au sein du DFJC l’assure:

«Même avec une loi durcie – l’avant-projet stipulant que le parent chargé de l’enseignement à domicile devra être titulaire d’un diplôme au moins équivalent à un CFC –, nous n’aurions certainement pas pu davantage détecter de failles dans cette famille, dont le père et la mère étaient, par ailleurs, porteurs de diplômes d'études supérieures. Et dans l'hypothèse où des fonctionnaires de la DGEO auraient effectué une visite au domicile de cette famille, il est probable que tout élément suspect aurait été soustrait à leur regard. La fille du couple, non déclarée, comme la mère, aux autorités vaudoises, aurait été cachée le temps de la visite.»
Un fonctionnaire du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture.

Cette famille au comportement intrigant, dont l’une des femmes s’entretenait du Covid comme on le fait de la pluie et du beau temps, l’avant-veille encore du drame, avec un voisin dans l'ascenseur, n’aura visiblement éveillé la curiosité que d’une poignée des résidents de l'immeuble.

Pour l’heure, l’enquête n’a pas signalé d'autres dysfonctionnements pré-mortem que cette propension au repli d'un foyer vivant à la façon d'un clan, dont on sait qu'il se faisait livrer des vivres et de nombreux colis.

Le porte-parole de la police vaudoise, Jean-Christophe Sauterel, se contente de cette déclaration:

«Tout fait nouveau relevant de l'intérêt public fera l'objet d'une communication»
Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise

Mais est-ce au seul ministère public de juger de l'intérêt public dans cette affaire?

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Video: watson
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