Pour certains, il est une superstar politique. Ou une «figure de lumière», comme l'a qualifié la Sonntagszeitung. Daniel Jositsch a été réélu du premier coup comme conseiller aux Etats zurichois. En cas d'élection des membres du Conseil fédéral par le peuple, Jositsch passerait avec tambours et trompettes.
Toutefois, c'est l'Assemblée fédérale qui est compétente, mais même là, Jositsch aurait sans doute la partie facile avec les bourgeois. Cela se reflète dans la bourse électorale de watson. Le Zurichois a fait un bond en avant depuis le dimanche des élections et devance nettement ses cinq concurrents pour la succession du conseiller fédéral PS Alain Berset.
Cela plonge les sociaux-démocrates dans un dilemme. Car pour d'autres, ce professeur de droit pénal de 58 ans est une figure irritante, notamment au sein de son parti. Il est considéré comme un «homme de droite», et on lui en veut d'avoir voulu à tout prix succéder à Simonetta Sommaruga il y a un an, alors que le PS s'était engagé à présenter une candidature féminine.
Le fait que Jositsch soit resté pétrifié sur son siège après avoir obtenu 58 voix au premier tour de scrutin suscite le mécontentement. Peu importe apparemment qu'il ait une explication compréhensible sur la raison pour laquelle ce n'est pas lui qui s'est précipité au pupitre, mais le chef du groupe de l'époque et actuel concurrent au Conseil fédéral, Roger Nordmann. C'est l'impression qui compte.
Selon la Sonntagszeitung, on estime au sein du groupe parlementaire du PS que Jositsch a peu de chances de décrocher une place sur le ticket officiel lors de la nomination du 25 novembre. Mais ce serait une manœuvre délicate: le PS peut-il se permettre de laisser de côté son politicien de loin le plus populaire auprès de l'électorat?
En dehors du parti, personne ne conteste que Daniel Jositsch a la stature d'un conseiller fédéral. La section cantonale zurichoise l'a nommé la semaine dernière «à une large majorité», et même la conseillère nationale Jacqueline Badran, l'autre «superstar» du PS, a annoncé dans la Sonntagszeitung qu'elle allait «certainement faire des efforts pour qu'il soit sur le ticket».
Le Sonntagsblick lui a aussitôt prêté des ambitions pour le Conseil des Etats. En effet, l'année dernière, Badran s'était jointe à la critique de Jositsch. Mais sa parole a du poids au sein du groupe parlementaire, plus que jamais depuis son propre résultat brillant aux élections. Comment le PS peut-il donc gérer le dilemme Jositsch sans provoquer un retour de bâton bourgeois?
Une commission mise en place par la présidence du groupe examinera d'ici samedi les six candidatures déposées afin de déterminer si elles conviennent. En principe, Jositsch pourrait être «éliminé» prématurément, mais ce serait un affront énorme. C'est pourquoi Jositsch sera déclaré apte, laissant ainsi la porte entrouverte aux bourgeois.
Ils n'hésiteront pas à voter pour le Zurichois le 13 décembre, même s'il ne figure pas sur le ticket et que celui-ci est trop clairement motivé par une tactique électorale. Par exemple, si la majorité féminine du groupe tente de «pousser» la conseillère d'Etat bernoise Evi Allemann, en la nommant par exemple avec l'autre Bernois Matthias Aebischer.
Un numéro aussi cousu de fil blanc serait une passe d'armes pour la majorité bourgeoise de l'Assemblée fédérale afin d'élire Daniel Jositsch comme candidat «sauvage». De telles manœuvres ont été assez mal vues ces dernières années, mais le PS n'aurait guère d'autre choix que d'accepter un conseiller fédéral Jositsch en grinçant des dents.
Si elle veut éviter cela, elle ne peut pas faire l'impasse sur un ticket convaincant. Dans les médias, deux noms en particulier sont très attendus: Beat Jans et Jon Pult. Le président du gouvernement bâlois remplit pratiquement toutes les conditions pour le poste, et le conseiller national grison incarne la «génération JS» qui donne le ton au sein du PS actuel.
Tous deux ne sont pas irréprochables. Jans, bien qu'agriculteur de formation, n'est pas particulièrement apprécié par la puissante aile des agriculteurs. Les agriculteurs ne sont toutefois satisfaits d'aucun des six noms - apparemment, il n'y a pas d'éleveurs de moutons parmi eux. Quant à Pult, il ne siège au Parlement que depuis quatre ans et son palmarès est limité.
Néanmoins, il devrait être difficile pour les bourgeois de négliger un ticket avec Jans/Pult. L'ambition du PS est indiscutable, les élections ont conforté sa place de deuxième parti du pays. Mais s'il soutient l'attaque des Verts contre le PLR, il pourrait y avoir un «retour de bâton» avec Jositsch. Car l'élection de remplacement de Berset aura lieu le 13 décembre.
Empêcher Daniel Jositsch de devenir conseiller fédéral est plus facile à dire qu'à faire. Peut-être se rendra-t-on compte que le PS ne peut guère lui refuser sa nomination. Par exemple, en présentant un ticket à trois plutôt qu'à deux au sein du groupe parlementaire.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)