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Pourquoi le siège PLR du Conseil fédéral est en danger

Gerhard Pfister - Thierry Burkart
Le duel entre le Centre et le PLR pour le deuxième siège du Conseil fédéral est-il lancé?Keystone

Pourquoi le siège PLR du Conseil fédéral est en danger

Les Verts ont perdu des plumes lors des élections fédérales de dimanche, au point qu'il est désormais très délicat pour le parti de revendiquer un siège au Conseil fédéral. Mais ils ont un plan pour faire pencher le gouvernement un peu plus à gauche.
23.10.2023, 11:5723.10.2023, 19:01
Francesco Benini / ch media
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A Berne, on connaît la formule — magique: les trois partis les mieux élus du pays ont droit à deux conseillers fédéraux et le quatrième, un seul. Cette répartition va-t-elle être chamboulée en décembre? Probablement pas.

Une chose est sûre: les Verts ne sont pas prêts de siéger au Conseil fédéral. Pour appuyer leur revendication, ils auraient dû réitérer leur bon résultat des élections de 2019. Or, le parti écologiste est passé de 13,2% à moins de 10%. Le président du parti, Balthasar Glättli, a admis lors de la «ronde des éléphants» organisée par la RTS que la volonté d'entrée au Conseil fédéral était désormais de l'histoire ancienne.

Balthasar Glaettli, Parteipraesident Gruene, Mitte, spricht an der Seite von Aline Trede, Nationalraetin GP-BE, und Lisa Mazzone, Staenderaetin GP-GE, waehrend einer Medienkonferenz der Gruenen am Wah ...
Balthasar Glättli, président des Verts, s'exprime aux côtés d'Aline Trede, conseillère nationale (Verts/BE) et de Lisa Mazzone conseillère aux Etats (Verts/GE).Keystone

Le score des Vert'libéraux a lui aussi bien baissé. Leur président Jürg Grossen avait toujours dit qu'à partir de 10% , son parti pouvait lui aussi prétendre à entrer dans l'exécutif suprême. Mais à l'issue de la journée d'hier, les Verts'libéraux sont loin de ce résultat.

Recentrer le Conseil fédéral

Des revendications pourraient en revanche venir du Centre — du moins, si le parti daigne bien le vouloir. L'ex-PDC et PBD a désormais officiellement dépassé le PLR dans les urnes (de 0,2%) et au Conseil national (d'un siège).

Dimanche, Balthasar Glättli a toutefois déclaré que, bien que les Verts ne pouvaient prétendre au Conseil fédéral, la formule magique était dépassée. Il faut entendre par là: le PLR est surreprésenté au Conseil fédéral. La coprésidente du PS, Mattea Meyer partage cette analyse. Elle a déclaré que la majorité UDC-PLR au gouvernement n'apportait pas de solutions utiles à la population. Meyer a fait référence à l'augmentation des primes d'assurance maladie.

Les deux présidents de ces partis de gauche font monter une petite musique et on laisse envisager la suite de la stratégie: retirer un siège au PLR au profit du Centre et affaiblir l'aile droite du Conseil fédéral. Un mouvement habile qui permettrait de recentrer le Conseil fédéral alors que le Parlement a viré, lui, plus à droite.

«Avec le Centre devant le PLR, même de justesse, on assiste à un glissement»
Aline Trede, conseillère nationale (Verts/BE) et cheffe de groupe des Verts au Parlement

Les socialistes dans leur ensemble adhèreront-ils au plan? Le coprésident Cédric Wermuth répond de manière évasive qu'il faut analyser la situation. D'autres représentants du PS tiennent un discours similaire. Ils ne veulent pas dire si le parti s'est déjà entretenu avec les Verts sur le sujet. En même temps, ils se déclarent insatisfaits des quatre sièges attribués à l'UDC et au PLR au Conseil fédéral.

Cedric Wermuth, Co-Parteipraesident der Sozialdemokratischen Partei Schweiz und Nationalrat SP-AG, spricht am Point de presse zu den Resultaten der Eidgenoessischen Parlamentswahlen, im Zimmer 286, am ...
Cédric Wermuth.Keystone

L'UDC et la gauche contre le PLR

La direction de l'UDC, premier parti du pays, se maintient sur la base de la formule magique: deux sièges au Conseil fédéral pour chacun des trois partis avec le plus d'électeurs, un siège pour le quatrième. Le directeur de campagne de l'UDC, Marcel Dettling, a rappelé que le parti tiendrait sur ses positions: le troisième parti du parti doit avoir deux sièges, même si l'écart avec le quatrième est très faible.

Pour la gauche, c'est une aubaine. Avec le Centre qui dépasse désormais le PLR, les ténors du PS et des Verts ne devraient pas tarder à sortir du bois et estimer que le Centre droit à «voler» un deuxième siège au PLR.

Balle au Centre

C'est maintenant au président du Centre, Gerhard Pfister, de réclamer ouvertement ce deuxième fauteuil. Dimanche soir encore, alors que les deux partis étaient à égalité, le président centriste est resté vague, mais sa position pourrait changer ses prochains jours ou semaines.

Pratiquement, Gerhard Pfister a aussi souligné à plusieurs reprises qu'il ne désavouerait pas un conseiller fédéral qui se représenterait. Autrement dit: le siège du conseiller fédéral PLR le plus «faible», soit celui d'Ignazio Cassis, ne sera pas dans le viseur du Centre avant que celui-ci ne démissionne. Mais le Tessinois a affirmé vouloir rester au gouvernement. Un deuxième politicien du Centre au Conseil fédéral ne deviendrait donc possible qu'en cas de destitution, une possibilité qu'exclut Gerhard Pfister à ce stade.

La gauche aurait intérêt à se ranger derrière le Centre

Mais Gerhard Pfister s'est aussi adressé au président du PLR, Thierry Burkart, lors de la ronde des éléphants, en lui rappelant qu'en 2003, le Centre avait perdu son deuxième siège au Conseil fédéral alors qu'il avait atteint la même part d'électeurs que le PLR actuellement. Une manière comme une autre de faire comprendre que les libéraux-radicaux devraient faire attention. Thierry Burkart a rétorqué qu'à l'époque, les centristes s'étaient retrouvés clairement derrière l'UDC pour la deuxième fois consécutive.

Thierry Burkart, Staenderat und Parteipraesident FDP, rechts, spricht mit Gerhard Pfister, Nationalrat und Parteipraesident Die Mitte, an der Jahresversammlung von economiesuisse, Am Tag der Wirtschaf ...
Gerhard Pfister et Thierry Burkart.Keystone

Mais si les piques entre Burkart et Pfister ne concernent que leurs deux partis, la gauche a tout intérêt à se ranger du côté du centriste. Certaines voix du camp rose-vert ont affirmé vouloir tâter le terrain en vue des élections des conseillers fédéraux, au mois de décembre. Certains socialistes font toutefois remarquer un détail d'importance: l'élection pour le remplacement d'Alain Berset, et celle «de confirmation» d'Elisabeth Baume-Schneider, figurent tout à la fin du programme du 13 décembre. Si les socialistes tentent de mettre des bâtons dans les roues du PLR lors des premiers votes, il n'est pas impossible que ceux-ci viennent se venger dans les scrutins destinés au PS.

Traduit et adapté par Valentine Zenker

Il se bat contre un qui kangourou qui tente de noyer son chien
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