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Baisse du pouvoir d'achat: «C'est une situation grave»

Céline Amaudruz (UDC), Samuel Bendahan (PS) et Sidney Kamerzin (Le Centre).
Céline Amaudruz (UDC), Samuel Bendahan (PS) et Sidney Kamerzin (Le Centre).Image: watson

Baisse du pouvoir d'achat en Suisse: «C'est une situation grave»

Le pouvoir d'achat est en baisse en Suisse. Le résultat de notre sondage exclusif, sans appel, tombe comme un couperet. Assurance-maladie, loyers, inflation: le personnel politique s'exprime pour watson.
20.11.2025, 11:5420.11.2025, 13:12

Le pouvoir d'achat des Suisses en a pris un coup. C'est ce qui ressort du dernier sondage watson réalisé en collaboration avec l'Institut Demoscope et publié ce jeudi. Les foyers disposant de moins de 5000 francs et les personnes âgées sont les plus touchés. En cause: l'assurance-maladie, les impôts, les loyers et le renchérissement du prix des biens alimentaires.

La dégringolade a eu lieu, pour la plupart de nos 7000 sondés, dans les deux à cinq dernières années. Les économies fondent au soleil et même la classe moyenne commence à éprouver des difficultés, indique notre sondage.

Quelles solutions proposer pour aider les Suisses? On fait le point avec trois personnalités politiques présentes à Berne.

Une «situation grave»

C'est l'éléphant dans la pièce. Chaque année, les primes d'assurance-maladie prennent un peu plus l'ascenseur. Les résultats de notre sondage ne surprennent que peu Samuel Bendahan, chef de groupe socialiste aux Chambres fédérales. «Ces chiffres sont parfaitement cohérents avec les résultats d'études récentes», indique celui qui est économiste en-dehors du Parlement.

«C'est une situation grave»
Samuel Bendahan (PS/VD)
Samuel Bendahan, SP-VD, spricht an der Sommersession der Eidgenoessischen Raete, am Mittwoch, 4. Juni 2025 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Til Buergy)
Samuel Bendahan.Keystone

Pour le socialiste, la situation était d'abord visible pour les plus précarisés, mais «la classe moyenne est aujourd’hui très fortement affectée par la croissance des charges». «De nombreux ménages gagnent juste assez pour payer les factures», dit-il.

«Vivre bien, c'est aussi se faire plaisir, sinon on est esclave de nos besoins primaires»
Samuel Bendahan (PS/VD)

Un signe inquiétant, selon le Vaudois, est le fait que toutes les tranches d'âges jugent que leur pouvoir d'achat est en diminution, les plus pauvres comme la classe moyenne. «Habituellement, cette valeur augmente au fil de la vie, car les gens progressent dans leur carrière et leur revenu augmente», analyse-t-il.

Pour le Parti socialiste (PS), la priorité reste d'alléger les primes maladie: le congrès du parti a accepté, le 25 octobre, l'initiative sur des primes d'assurance-maladie liées au revenu. «Le texte est en préparation et nous allons recueillir les signatures l'année prochaine», annonce Samuel Bendahan, combatif.

«Je suis en train de changer d'avis»

Plus au centre de l'échiquier politique, le conseiller national Sidney Kamerzin (Centre/VS) se dit contre l'idée d'indexer les primes sur le revenu, «un genre de nouvel impôt», estime-t-il. Mais le centriste a toutefois mis de l'eau dans son vin au sujet de certaines solutions proposées par la gauche, à commencer par le plafonnement des primes à 10%.

«J'y ai longtemps été réticent, mais l'incapacité du Parlement à régler la question des coûts de la santé à Berne me fait changer d'avis», explique le Valaisan.

«Quand on voit une famille débourser 25% de son revenu pour payer les assurances-maladie, c'est intenable»
Sidney Kamerzin (Centre/VS)
Sidney Kamerzin, Nationalrat Mitte-VS, spricht waehrend einer Medienkonferenz des ueberparteilichen Komitees "Nein zur Verarmungsinitiative", am Montag, 16. Dezember 2024 in Bern. Am 9. Febr ...
Sidney Kamerzin (Centre/VS).Keystone

Au Centre, on reconnaît le problème sans vouloir toucher aux bases du système en place. Le parti avait proposé une initiative pour réduire les coûts de la santé, balayée par le peuple en juin 2024. Depuis cet échec, la formation n'a pas relancé d'initiative sur la question.

Mécaniquement, ce sera à la collectivité de mettre la main à la pâte — l'impôt, donc. Mais inutile de les augmenter pour autant, estime Sidney Kamerzin. Le Valaisan se demande toutefois si une caisse publique cantonale, en compétition avec les privées, pourrait fonctionner.

«Il faudrait faire l'essai au sein des cantons qui le désirent»
Sidney Kamerzin (Centre/VS)

Ce serait la seule façon de voir «si les coûts bureaucratiques ou administratifs seront élevés ou pas».

«Hausse de la démographie»

Le plafonnement des primes à 10%, qui semble séduire une partie du Centre, n'intéresse toutefois pas l'UDC: «Je constate que cette mesure grève les comptes de l’Etat de Vaud, qui se demande comment réformer ce système qui coûte presque un milliard de francs», lâche la vice-présidente du parti et conseillère nationale Céline Amaudruz (UDC/GE).

«Le plafonnement des primes signifie qu’un autre que vous paie votre prime via ses impôts. En fait, à la fin, il n’y a pas de miracle. Quelqu’un doit payer»
Céline Amaudruz (UDC/GE)
Céline Amaudruz explique son absence du Parlement: la Genevoise choisit de rendre publique la grossesse critique qu’elle est en train de vivre et qui met son bébé en danger.
Céline Amaudruz.Image: KEYSTONE

La Genevoise qu'il faut «combattre les symptômes et non la maladie». «La hausse des primes témoigne de notre rapport à la santé», analyse-t-elle.

«Notre société est sédentaire, vieillit de plus en plus et la hausse de la démographie engorge de plus en plus les urgences»
Céline Amaudruz (UDC/GE)

On l'aura compris, la Genevoise est déjà en campagne pour l'initiative «Pas de Suisse à dix millions». «Depuis 20 ans, nous faisons face à la plus grande explosion démographique de notre histoire et nos infrastructures peinent à suivre.»

Dumping salarial des frontaliers

Pour la vice-présidente de l'UDC, les infrastructures hospitalières ne sont pas le seul domaine à souffrir de l'immigration de masse, «le nombre de logements disponibles, qui cause la hausse des loyers, également».

«Une partie du problème est dû au dumping salarial exercé par les frontaliers et à une importante immigration qui veut profiter du gâteau suisse»
Céline Amaudruz (UDC/GE)

Pour la vice-présidente du parti, tant la baisse du pouvoir d'achat que la pression sur les loyers sont «une conséquence directe de la libre circulation des personnes avec l’UE qui permet à la Suisse de prospérer, mais qui ne permet pas aux Suisses de profiter de cette prospérité.»

Les milliardaires en cause

La libre circulation, le problème? Pour Samuel Bendahan, c'est plutôt l'accumulation des capitaux qui est en cause: «Deux tiers de la nouvelle richesse créée est accaparée par moins d'1% de la population. Le contrôle de la société est de plus en plus pris par des milliardaires, en Suisse comme à l'étranger.

«Cela devient absurde, dangereux pour l'unité nationale et affaiblit les institutions»
Samuel Bendahan (PS/VD)

«Les gens sont fiers de contribuer à la réussite de la Suisse, mais aussi de pouvoir ensuite en profiter. Hors, ceux qui bossent créent de la valeur mais n'ont plus rien à se mettre dans la poche», lâche-t-il.

Il faut «arrêter de tout bloquer»

Les riches, les frontaliers? Pour Sidney Kamerzin, c'est surtout la bureaucratie qui pose problème et grippe le système, notamment pour «l'agriculture, et donc l'alimentation».

«Les exigences administratives ont des conséquences négatives sur les coûts finaux et les consommateurs»
Sidney Kamerzin (Centre/VS)

Pareil pour le logement. Si le Valaisan ne pointe pas l'immigration du doigt, il reste loin des solutions favorisées dans les communes urbaines de gauche, comme les logements sociaux ou subventionnés. Le centriste se veut pragmatique. C'est simple: il faut construire, et vite.

«Il faut simplifier les procédures et les autorisations de construire et arrêter de tout bloquer»
Sidney Kamerzin (Centre/VS)

«On ne peut pas lutter contre les prix du marché, sans imposer un interventionnisme étatique», abonde Céline Amaudruz, également sur la question du renchérissement. «L’histoire rappelle que les Etats interventionnistes génèrent finalement plus de problèmes que le libre marché. Il faut moins de prélèvements obligatoires.»

«La déferlante d’interdictions et de taxes voulues par les partis de gauche au nom de la protection du climat impactent aussi le pouvoir d’achat des Suisses»
Céline Amaudruz (UDC/GE)
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