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Le Conseil fédéral n'a «pas reconnu le problème» des influenceurs

Cette conseillère nationale veut surveiller de plus près les influenceurs en Suisse.
Une conseillère nationale veut surveiller de plus près les influenceurs.Image: shutterstock

Une élue accuse Berne de ne pas reconnaître «le problème» des influenceurs

En Suisse, il n'existe pas réglementation qui cible les influenceurs. C'est particulièrement problématique lorsqu'ils font de la pub, sans le déclarer.
21.09.2024, 15:53
Michael Graber / ch media
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C'est depuis longtemps un business qui rapporte des millions. Les influenceurs et influenceuses font de la publicité pour toutes sortes de produits et de services via leurs canaux sur les réseaux sociaux. Parfois, il s'agit de crèmes de jour, mais dans d'autres cas de choses plus discutables, comme la promotion de la chirurgie esthétique. Dans tous les cas, il manque un élément de taille à tous ces postes: l'indication qu'il s'agit d'une publicité.

Les choses doivent changer. C'est du moins ce que revendique, Farah Rumy. La conseillère nationale (PS/SO) veut créer «de la transparence et de l'équité dans le domaine de la publicité d'influence».

Concrètement, la Soleuroise souhaite des règles efficaces et des autorités proactives. Pour cela, elle a recueilli le soutien de tous les partis, jusqu'à l'UDC. Mais sa demande se heurte à l'opposition du gouvernement fédéral. Celui-ci recommande de rejeter l'intervention.

«Le Conseil fédéral n'a tout simplement pas reconnu le problème»
Farah Rumy

L'élue, qui travaille comme enseignante en école professionnelle, s'étonne toujours de ce que ses apprentis lui montrent. Et surtout, de ce qu'ils croient. Beaucoup de jeunes rêvent du monde de paillettes que les influenceuses leur montrent.

«Je dois toujours expliquer que ce sont des mondes illusoires et que ces personnes sont très bien payées pour faire croire l'inverse aux consommateurs»
Farah Rumy

«Ils croient n'importe quoi»

Les enfants et les adolescents, en particulier, sont encore plus facilement manipulables. Ou comme Rumy le formule de manière plus radicale:

«Je constate qu'il leur est souvent difficile de faire la différence entre la vérité et les fausses informations. Ils croient n'importe quelle "connerie".»

Des infos non vérifiées circulent sur le fait, par exemple, «qu'il faut absolument consommer du thé purifiant ou que l'on vante les mérites de la vape, cela pose un problème». Si les contributions sont clairement identifiées comme de la publicité, elles peuvent perdre de leur effet auprès des jeunes.

Pourquoi le gouvernement ne veut rien savoir?

Dans sa réponse, le Conseil fédéral se réfère au fait qu'il existe déjà des possibilités d'agir contre la «concurrence déloyale». Par exemple, en déposant une plainte auprès de la Commission pour la loyauté. Rumy rétorque:

«Croient-ils sérieusement que des jeunes de 16 ans s'adresseraient à une commission dont ils n'ont jamais entendu parler?»

Au début de l'été, la Commission pour la loyauté a déclaré qu'aucune plainte n'avait été déposée, et ce, depuis longtemps. Elle ne peut donc pas être s'activer.

C'est aussi pour cela qu'il faut une nouvelle réglementation efficace. «Je ne suis pas fan de la surréglementation», précise Farah Rumy, c'est pourquoi elle laisse volontairement un aspect vague pour la mise en œuvre de sa proposition. Elle imagine également que les influenceurs ne seraient pas les seuls à devoir révéler ce pour quoi ils font de la publicité, mais aussi les entreprises mandataires.

«Ce sont les donneurs d'ordre et ils devraient également veiller à la transparence»
Farah Rumy

«Il est grand temps d'agir»

Contrairement au Conseil fédéral, des organisations influentes telles que la protection des consommateurs soutiennent l'intervention de Farah Rumy. Celle-ci pourrait encore être traitée au cours de la session actuelle - cela dépend de la rapidité avec laquelle le Conseil national traite généralement ses affaires.

«Il serait grand temps que la Suisse agisse», déclare Farah Rumy. Selon elle, d'autres pays sont déjà bien plus avancés. Elle montre une liste des réglementations en vigueur dans d'autres pays.

«Si nous ratons le coche maintenant, nous aurons au moins dix ans de retard sur la réalité»
Farah Rumy

Suit-elle elle-même des influenceurs et des influenceuses? Rumy:

«Bien sûr que oui. Ce n'est pas non plus comme si tout le monde ne faisait que des affaires tordues avec de la publicité cachée. Il y a aussi beaucoup de bons exemples.»

Par exemple? «Ma collègue du Conseil national Anna Rosenwasser», répond Farah Rumy en riant.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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