Le GPS gastronomique d’un festivalier est réputé pour fonctionner en pilote automatique. Si l’on doit parfois regarder trois fois le programme pour être certains que MachinChose se produit bien à 21 heures sur la scène MachinTruc, rejoindre l’échoppe à curry vert ou le bar à bière qui longe tel ou tel chapiteau s’envisage les yeux fermés. Les artistes passent, les stands restent. C’est rassurant. C’est pratique. C’est ainsi.
Hélas (et sans grande surprise), c’est une agréable béquille qui peut rapidement se transformer en un terrible cauchemar émotionnel, lorsque notre stand préféré est soudain rayé de la carte par notre festival préféré, d’une édition à l’autre.
Quoi? Mais, pourquoi? How dare you? Sacrilège!
Grâce au (ou à cause du) quotidien La Côte, on apprend vendredi matin que les apôtres du magret de canard du Paléo Festival doivent digérer une sale nouvelle. Le stand Palais Ô Magret, véritable institution de la plaine de l’Asse depuis plus de 30 ans, ne sera plus là en juillet prochain. La responsable bénévole du stand, Coralie Pache, essuie péniblement ses larmes en page 5 du canard local:
Au-delà de la rime, on sent bien que la nouvelle fait mal au bide de Coralie Pache. Quelques lignes plus loin, on prend conscience de l’ampleur du deuil, lorsque la déception se drape de poésie au moment de rendre hommage à son sandwich: «Il semblerait qu’il ait atteint aujourd’hui son potentiel d’évolution maximal, et il faut savoir le laisser partir avec tous les souvenirs et la nostalgie que cela engendre pour nous, mais aussi pour le public».
Du côté du Paléo Festival, ça tente de faire passer la pilule, mais on sent bien que l’affaire est sensible. Selon le responsable du service de presse, cité par La Côte, on évoque des raisons financières. Le stand qui vendait encore près de 6000 sandwichs au magret en 2023, selon Blick, ferait en réalité perdre 10 000 francs par édition au festival.
En vérité, Paléo est libre d’en faire ce qu’il veut. Géré par l’Ecole de musique de Rolle depuis sa naissance, le stand appartient au festival. En contrepartie, la société locale touche une somme d’argent, rappelle La Côte.
Un deuil encore plus compliqué à faire pour Coralie Pache, puisque l’Ecole de musique de Rolle va néanmoins continuer à tenir ce stand, mais sans fourrer du canard dans du pain. En lieu et place du Palais Ô Magret, les festivaliers vont devoir se faire à l’idée qu’ils auront droit cette année à des «barquettes végé», composées de falafels ou encore d’edamames.
Sans entrer dans le débat idéologique sur la consommation de viande (ce que Paléo tient à rappeler dans l’article), il faut avouer que le niveau de glam en prend un sacré coup. Bonne joueuse, Coralie Pache relativise et se prépare déjà à jongler avec les légumes: «Nous restons ouverts d’esprit, motivés».
Sur les réseaux sociaux, les premiers cris d’effroi se sont fait entendre dès l’aube, avec des arguments, comme souvent, purement émotionnels et sans grand recul.
Morale de l’histoire, si l’être humain déteste le changement, c’est encore pire quand ça touche à son assiette. Enfin, pour rire, on a demandé à l’IA ce qu’elle avait à dire sur la réputation de ce stand trentenaire:
Voilà un avis qui devrait regonfler (un peu) le cœur de Coralie Pache, désormais responsable du stand rebaptisé... Palais Ô Jardin.