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Le spectre de Trump plane sur le budget de l'armée suisse

Le spectre de Trump plane sur l'argent de l'armée suisse.
Trump influence la politique sécuritaire de la Suisse.Image: watson

Le spectre de Trump plane sur le budget de l'armée suisse

Le président du PLR Thierry Burkart souhaite rétablir la capacité de défense grâce à des moyens financiers supplémentaires. Et l'UDC veut que la Suisse réunisse les Etats-Unis et l'Ukraine autour d'une table.
03.03.2025, 18:4703.03.2025, 18:47
Othmar von Matt / ch media
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«Je suis très inquiet» a déclaré Thierry Burkart, le président du PLR, suite à l'esclandre survenu vendredi soir, heure suisse, entre le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Ce n'est pas le moment d'échanger publiquement des coups entre partenaires et alliés», souligne-t-il. Il ne faudrait pas que les pays occidentaux s'éloignent encore plus les uns des autres.

«Nous devons rester unis contre les agresseurs et pour la paix, la sécurité et la stabilité économique en Europe. C'est aussi dans l'intérêt de la Suisse»
Thierry Burkart
Thierry Burkart
L'évolution de la situation aux Etats-Unis inquiète Thierry Burkart.

La Suisse a besoin d'une «politique de défense globale», affirme Burkart. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent collaborer avec les autorités civiles et les cantons afin d'avoir une vision d'ensemble et de déterminer les mesures prioritaires.

Pour Burkart, l'une des conséquences de la crise géopolitique est que l'armée a besoin de plus d'argent. L'accord du Parlement pour augmenter le budget de l'armée à 1% du produit intérieur brut d'ici 2032 n'est pas suffisant selon lui. «Il faut nettement plus de moyens financiers que maintenant, cela ne fait aucun doute», dit-il.

«Nous devons rétablir le plus rapidement possible la capacité de défense prévue par la Constitution. Mais le Parlement doit aussi être prêt à faire des coupes dans d'autres domaines. Jusqu'à présent, le centre-gauche l'en a empêché».

Le président de l'UDC veut aussi plus d'argent

Le président de l'UDC Marcel Dettling demande lui aussi plus d'argent pour l'armée, même s'il ne voit pas la même urgence. «A court terme, il ne sert à rien de donner encore plus d'argent à l'armée», dit-il. Mais il souligne:

«A long terme, 1% du PIB est une limite basse. Nous devons augmenter le budget au lieu de gaspiller des milliards pour des parasites d'asile illégaux»
Marcel Dettling

Il est en outre intéressant de voir comment les prises de position des deux candidats au Conseil fédéral différaient déjà avant l'esclandre en ce qui concerne les finances de l'armée. Le 21 février, le conseiller d'Etat zougois Martin Pfister a souligné auprès de CH Media que les finances de l'armée n'étaient pas ce qu'il fallait qu'elles soient.

«Il faut plus de moyens pour le développement et la modernisation de l'armée»
Marcel Dettling

Dans une interview publiée le 2 mars dans le Sonntags-Blick, Pfister a toutefois clairement indiqué qu'il identifiait également un potentiel d'économies dans l'armée elle-même. Le Département de la défense (DDPS) pourrait être «mieux organisé», a-t-il souligné, «plus efficace, plus léger, plus ciblé».

Bundesratskandidat und Regierungsrat Martin Pfister, Mitte-ZG, spricht an einem Podium an der Delegiertenversammlung der Mitte Partei, am Samstag, 22. Februar 2025, in Visp. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Le candidat au Conseil fédéral Martin Pfister a récemment présenté un plan en trois points pour l'armée.Image: keystone

Markus Ritter a en revanche déclaré le 21 février à CH Media qu'à ses yeux, les questions financières de l'armée étaient pour l'instant résolues.

«Les coûts de l'armée sont planifiés jusqu'en 2032»

Le Parlement les a fixés avec le plan financier de l'armée, qui est contraignant pour le gouvernement.

Mais il n'exclut pas non plus que des fonds supplémentaires soient nécessaires. «Dès que les divers rapports de base seront disponibles, il sera clair si des moyens financiers supplémentaires sont nécessaires et sous quelle forme», a déclaré Ritter, «ceci afin de combler les lacunes de capacité de l'armée et de rétablir sa capacité de défense».

Bundesratskandidat Markus Ritter, Nationalrat Mitte-SG, beantwortet nach seinem Hearing bei der Bundeshausfraktion der Mitte Fragen der Journalisten, am Freitag, 21. Februar 2025, im Bundeshaus in Ber ...
Dans un premier temps, Markus Ritter veut travailler avec le budget approuvé par le DDPS.Image: keystone

Le «Fuck you Mr Trump» de Wermuth

Les coprésidents du PS, Mattea Meyer et Cédric Wermuth, ont des exigences très différentes de celles de la droite. Dans une double interview accordée à la NZZ am Sonntag, ils ont souligné qu'un accord de libre-échange avec Trump était «un no-go», comme l'a formulé Mattea Meyer.

«Le gouvernement américain menace l'UE de droits de douane de 25% et appelle à voter pour l'AFD en Allemagne. Les Etats-Unis tentent de disperser l'Europe. Ce n'est pas le moment de parler de libre-échange avec les Etats-Unis.»
Mattea Meyer
Nationalraetin unc Co-Parteipraesidentin Mattea Meyer, SP-ZH, spricht waehrend einer Medienkonferenz zur Lancierung der eidgenoessischen Volksinitiative "fuer einen nachhaltigen und zukunftsgeric ...
Mattea Meyer estime que le moment est mal choisi pour parler de libre-échange avec les Etats-Unis.Image: keystone

Auparavant, Wermuth avait déjà signalé son attachement à l'Ukraine dans un message publié sur la plateforme Bluesky. Il n'a pas mâché ses mots: «Honestly, fuck you Mr. Trump».

Cela ne passe pas auprès de l'UDC. Son président, Marcel Dettling estime que «l'attaque verbale» de Wermuth est «inacceptable de la part d'un président d'un parti du Conseil fédéral». Selon Dettling, les Etats-Unis continuent à jouer un rôle central dans la sécurité de l'Europe.

La Suisse doit réunir l'Ukraine, les Etats-Unis et la Russie

«Cet esclandre met en évidence à quel point les choses peuvent aller vite lorsqu'on prend trop parti», déclare le président de l'UDC.

«Pour la gauche jusqu'au centre, c'est un château de cartes qui s'écroule parce que les Etats-Unis ne se comportent plus comme ils le voudraient»
Marcel Dettling

Selon lui, il est totalement faux que le PS exige maintenant qu'il n'y ait pas d'accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

«Pour la Suisse, il est important de rester capable de se défendre, de rester neutre et de continuer à commercer avec tout le monde»
Marcel Dettling

La Suisse devrait maintenant se souvenir de son rôle de bons offices, conseille le président de l'UDC.

«Elle doit essayer de réunir les Etats-Unis, l'Ukraine et peut-être même la Russie autour d'une table»

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

Attaque drone sur Odessa, en Ukraine
Video: watson
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