L'initiative pour la biodiversité a été balayée à près de 63%. Une défaite amère, à propos de laquelle on pourra se rassurer en disant que «l'autre» défaite de la journée, celle de la LPP, est une claque encore plus monumentale: plus de 67% de refus.
Une différence existe toutefois. Dans le cas de la réforme de la LPP, la carte est rouge, sans exception: tous les cantons l'ont refusé. Mais le canton de Genève et celui de Bâle-Ville ont, de leur côté, accepté l'initiative sur la biodiversité.
Un indice qui laisse entrevoir la résurgence du fossé ville-campagne, Genève et Bâle-Ville étant les deux cantons les plus urbains du pays. Si l'on regarde la carte des arrondissements, puis celui des communes, la différence est frappante: quasiment toutes les grandes villes du pays sont en vert et les communes rurales, en rouge. Quelques exemples:
Initiative biodiversité
Dépouillés: 26/26 | Etat: Résultats
37,0% oui
63,0% non
1,5 cantons
21,5 cantons
Gemeinde
Pour discuter de cette défaite nationale, mais pas urbaine, nous avons posé quelques questions à Sarah Pearson Perret. La directrice romande de ProNatura a fait partie du comité d'initiative et est également députée vert'libérale au Grand conseil neuchâtelois.
Le fossé ville-campagne semble clair et net, qu'en pensez-vous?
Le milieu urbain est sensible à la thématique de la biodiversité: c'est un endroit très minéral, où les espaces verts manquent. La population y remarque les chaleurs qui augmentent, l'été. Il suffit de se rendre dans un parc pour se reposer sous un tilleul pour sentir immédiatement la différence.
On a beaucoup parlé d'agriculture dans cette campagne. Que s'est-il passé?
Le texte de l'initiative était assez clair, pourtant. Il ne mentionnait pas de secteur particulier, on s'adressait à l'ensemble des secteurs et du territoire. Les opposants ont réussi à cadrer la campagne en la présentant comme une initiative s'opposant au monde agricole, mais ce n'était aucunement le cas.
On leur demande des améliorations ponctuelles et une meilleure efficience. Mais aucun changement radical n'était prévu. Il est vrai que nous avions une vision plus claire de ce qui était attendu dans les villes, où beaucoup de mesures doivent être prises.
Au lancement de la campagne, vous mettiez l'accent sur le fait que les agriculteurs ne sont «pas nos ennemis, mais nos alliés». Le message a-t-il eu tant de mal à être entendu?
Je pense que les opposants ont réussi à convaincre du contraire. Ils ont rassuré la population en expliquant que les bases légales étaient suffisantes. Le Conseil fédéral est allé dans le même sens. Malgré le consensus scientifique sur l'état alarmant de la biodiversité, leur discours consistait d'abord à nier le problème de la biodiversité, puis à le reconnaître tout en indiquant que l'initiative n'était pas la bonne réponse au problème.
N'aurait-il pas fallu convaincre les paysans avant tout?
La conservation des ressources naturelles et l’entretien du paysage rural sont la deuxième mission des agriculteurs, notée dans la Constitution fédérale.
Il existe déjà un cahier des charges pour l'agriculture, mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment des bases vitales.