En mai dernier, la population française a franchi un important point de bascule: pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale, le nombre des décès a dépassé celui des naissances. Un scénario que les autorités avaient prévu, mais pas avant 2035, et qui en dit long sur la chute démographique qui frappe nos voisins.
La Suisse n'y est pas encore, mais la tendance est claire: le solde démographique (soit la différence entre les naissances et les décès) ne cesse de diminuer depuis une dizaine d'années. L'an dernier, selon des chiffres diffusés fin août par la Confédération, on a comptabilisé 78 256 naissances et 71 942 décès. La différence se monte à environ 6300, contre plus de 20 000 en 2014.
Seule exception, ce qu'on appelle le mini-babyboom de 2021. Cette année-là, le semi-confinement avait fait exploser le nombre de naissances, ce qui avait à son tour fait grimper le solde démographique. Pourtant, ce phénomène ne s'est plus reproduit par la suite et, à partir de 2022, les chiffres ont recommencé à baisser.
Si le solde démographique reste positif à l'échelle nationale, la situation n'est pas homogène à travers le territoire. Dans près de la moitié des cantons, les décès ont été plus nombreux que les naissances l'an dernier. Berne, le Tessin, les deux Bâle et les Grisons sont particulièrement frappés. A l'autre bout de l'échelle, on retrouve Zurich, Vaud et Genève, où les naissances ont été particulièrement nombreuses.
Cette situation se retrouve également à l'échelle communale, comme le montre clairement la carte ci-dessous.
On constate immédiatement que la situation est très contrastée. Un peu plus de 900 communes ont enregistré un solde négatif en 2024, soit environ 40% du total; 160 ont connu un solde nul, ce qui veut dire que les naissances ont été plus nombreuses que les décès dans un peu moins de la moitié des communes helvétiques.
Ces dernières, en bleu sur la carte, se concentrent autour de l'arc lémanique et de la région comprise entre Zurich et Lucerne. La plupart des villes suisses font partie de cette catégorie: Zurich, Genève et Lausanne affichent les valeurs les plus élevées, tout comme de nombreuses communes résidentielles situées juste à côté: c'est le cas de Bussigny, Crissier, Vernier, Meyrin, et plusieurs communes de la banlieue zurichoise.
En revanche, les communes ayant enregistré un solde démographique négatif se situent surtout autour de l'arc alpin, ainsi que dans le canton de Berne et dans la Suisse nord-occidentale. En contre-tendance par rapport aux autres grands centres, Bâle a connu l'écart négatif le plus important, suivie par Lugano, Riehen (BS), Thoune et Locarno.
Les chiffres de la Confédération montrent également qu'il existe une nette différence entre les ressortissants suisses et ceux de nationalité étrangère. Chez ces derniers, les naissances ont été largement plus nombreuses que les décès en 2024 (plus de 23 000 contre environ 8200). Chez les premiers, c'est l'inverse qui se produit.
En effet, le solde démographique de la population de nationalité suisse est négatif depuis quelques années déjà. En 2024, il frôlait les -9000 (54 815 naissances contre 63 747 décès). Le baby-boom de 2021 fait, une fois de plus, état d'exception.
A l'image d'autres pays européens, dont la France, la Suisse connaît depuis quelques années une pénurie d'enfants. Le taux de fécondité actuel ne permet pas à la population de se renouveler de manière naturelle, mais ce déclin des naissances est actuellement compensé par l'immigration.
Parallèlement, la population helvétique vieillit, en raison notamment de la hausse de l'espérance de vie. Selon les prévisions de la Confédération, le nombre de personnes de plus de 65 ans va augmenter de 50% au cours des 30 prochaines années en Suisse.