Primes maladie: pourquoi la facture grimpe de 200 millions

Primes maladie: pourquoi la facture grimpe de 200 millions

Voilà bientôt deux ans que les psychothérapeutes peuvent facturer de manière indépendante. Un changement qui coûte plus cher, mais qui n'est pas le seul motif pouvant expliquer la hausse significative des coûts dans ce domaine.

Anna Wanner / ch media

Les coûts de la santé dans le domaine de la psychothérapie ont massivement augmenté. Selon les chiffres de l'association d'assurances Santésuisse publiés par le Blick, les traitements psychologiques ont entraîné des coûts supplémentaires d'environ 300 millions de francs en 2023.

Ce coût s'explique notamment par un changement de système: depuis juillet 2022, les psychologues peuvent facturer leurs services de manière indépendante aux caisses d'assurance maladie, sous réserve d'une ordonnance médicale. Avant cela, un psychothérapeute devait être employé par un médecin pour pouvoir facturer son traitement à l'assurance de base.

En 2021, dans un contexte de grave pénurie de places en thérapie, le Conseil fédéral avait décidé d'accorder plus de liberté aux psychologues. L'accès devait être facilité et accéléré. A l'époque déjà, Santésuisse avait mis en garde contre les coûts qu'impliquerait ce nouveau système. Le Conseil fédéral estimait alors l'augmentation des coûts à environ 100 millions de francs. Mais la semaine passée, la Confédération a reconnu que l'augmentation devrait plutôt atteindre 175 à 200 millions de francs.

Une situation plus complexe

Toutefois, une première enquête mandatée par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) dresse un tableau plus nuancé de la situation:

• L'estimation de la Confédération ne reflétait pas les nouveaux tarifs négociés pour la psychothérapie. Le tarif horaire est désormais 16% plus élevé: il est passé en moyenne de 133,15 à 154,80 francs par heure. Selon l'OFSP, le tarif plus élevé représente environ la moitié de la hausse des coûts en 2023.
• Les dépenses pour la psychothérapie augmentent depuis des années. En 2014, 311 millions de francs ont été facturés par l'assurance maladie, sept ans plus tard, ce chiffre est passé à 524 millions. Selon l'OFSP, la croissance des coûts est également liée à la croissance démographique. La tendance à long terme peut expliquer environ 14% de la croissance des coûts.
• Selon l'étude de Polynomics, environ 30% de l'augmentation des coûts ne s'expliquent pas par des facteurs observables et pourrait donc être imputable au transfert vers l'assurance obligatoire. Cela représente une charge d'environ 50 à 55 millions supplémentaires.

Cette évolution va-t-elle se poursuivre? L'OFSP veut observer la situation avant de se prononcer.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci