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Fini la pub à la RTS: voici ce que suggèrent les experts

Fini la pub à la RTS: voici ce que suggèrent les experts du Conseil fédéral

Serge Pontinelli, realisateur de la RTS, realise l'emission "Journee Votations" de la RTS dans la regie, ce dimanche 4 mars 2018 a Geneve. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)
Régie de la RTS, en 2018.Image: KEYSTONE
La Commission fédérale des médias juge les projets de réduction de la redevance radio-TV inappropriés, préférant un service public sans publicité.
06.02.2024, 14:2307.02.2024, 12:28
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La Commission fédérale des médias (Cofem) estime que les deux projets sur la table prévoyant de baisser la redevance radio-TV sont «inadéquats». Le groupe d'experts indépendants nommés par le Conseil fédéral plaide pour une offre de service public multimédia qui renonce au financement par la publicité.

Anna Jobin, présidente de la Cofem, a rappelé que la Cofem conseille de manière prospective et apporte son expertise, mais sans prendre position politiquement. La Cofem regroupe 13 experts indépendants et extraparlementaires issus de la branche des médias.

Des projets de coupes qui poseraient un problème

Autant l'initiative «200 francs, ça suffit!», portée notamment par l'UDC, que le contre-projet du Conseil fédéral voulant abaisser la redevance de 335 francs à 300 francs par ménage affaibliraient le service public «au prix de coupes parfois drastiques dans les programmes», estime la Cofem. L'information dans les zones périphériques s'en trouverait spécialement menacée, selon elle.

Qu'est-ce qui est prévu comme coupes?
L'initiative «200 francs, ça suffit!» prévoit de réduire à cette somme la redevance radio-TV qui se monte actuellement à 335 francs par an et par ménage. Le contre-projet du gouvernement, lui, limite la baisse à 300 francs, revoyant parallèlement à la hausse le chiffre d'affaires permettant une exonération pour les entreprises (de 500 000 francs à 1,2 million). Près de 63 000 entreprises devraient ainsi payer moins.
A l'issue de la consultation sur le contre-projet, une large coalition de gauche, d'associations sportives et de médias a pris position la semaine dernière contre la baisse de la redevance radio-TV. Elle a mis en garde contre les conséquences drastiques pour le service public. Le camp bourgeois et l'économie, eux, estiment par contre que la réduction ne va pas assez loin.

Cela précisément à une période «où les médias sont confrontés à de grands défis». Anna Jobin, présidente de la Cofem, a parlé de «conflit d'objectifs insoluble». Les chaînes publiques doivent tenir compte des prestataires privés tout en fournissant des informations aussi complètes que possible. Et les directives d'efficacité ne sont pas toujours compatibles avec le principe d'ancrage régional.

Il ne faut pas seulement penser en termes de montant du financement, mais estimer la valeur du système dans son ensemble, a relevé Philip Kübler, membre de la Cofem. Anna Jobin a souligné le rôle du journalisme dans la démocratie et plaidé pour le pluralisme et le droit à l'information. Le travail des professionnels des médias est plus difficile, mais aussi plus important que par le passé, a relevé Philip Kübler.

Anna Jobin, Praeisidentin, von der Eidgenoessischen Medienkommission, EMEK, aeussert sich zu neuen Konzepten der Medienfoerderung, am Dienstag, 10. Januar 2023, in Bern. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Anna Jobin, présidente de la Cofem.Image: KEYSTONE

Pourquoi la SSR doit-elle changer?

Parmi les pistes de réflexion proposées sur l'avenir du service public figure notamment une offre orientée vers les contenus multimédias. A cet égard, «s'écarter des racines historiques» de «simple fournisseur de services de radiodiffusion» est «inéluctable» pour répondre aux nouvelles exigences de la population vis-à-vis du journalisme, selon la Cofem. Celle-ci parle d'une «utilisation individuelle, mobile, indépendante du lieu et du temps».

Les prestations ne doivent ainsi pas être uniquement centrées sur la radio et la télévision et doivent rester accessibles pour tout le monde dans des formats variés. Les experts issus du monde des médias pensent aussi que le service public doit assumer de nouvelles tâches en fonctionnant comme un espace permettant le débat public. Les forums de discussions ne doivent pas uniquement être sur des plateformes américaines ou chinoises.

Comment la SSR doit-elle gagner de l'argent?

Au niveau du financement, la Cofem plaide pour un changement de système. Les médias de service public devraient renoncer aux recettes publicitaires, c'est-à-dire ne plus être en concurrence avec les médias privés. La Cofem plaide pour un financement public «stable, fiable et suffisant». Il faut éviter les «fausses incitations», les «faux signaux de prix» et garantir l'indépendance du journalisme.

Anna Jobin a évoqué, par exemple, un impôt sur les médias, prélevé en fonction du revenu comme l'impôt ecclésiastique, ou un financement via la TVA. S'ils n'étaient pas interdits, les revenus issus de la publicité devraient être collectivisés au profit d'une aide générale aux médias, suggère encore la Cofem. Philip Kübler a établi une comparaison avec l'approvisionnement de base dans le domaine de l'électricité.

De quoi doit parler la SSR?

Le service public doit aussi se distinguer des offres commerciales. En termes de contenu, l'accent doit être mis sur la politique et l'économie ainsi que sur la culture, l'éducation et la science. La Cofem estime aussi qu'un service public média durable ne doit pas concerner que les contenus journalistiques, mais aussi inclure d'autres prestations, comme des conseils des médias ou des formations.

Il doit «plus que jamais» garantir la stabilité et la continuité de l'offre journalistique, contribuer à la cohésion et l'inclusion, «face à la situation économique difficile et à la tendance à la centralisation et à l'harmonisation de l'offre», note la Cofem. (jah/ats)

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