Pourquoi la politique ne parvient-elle pas à maîtriser un tant soit peu les coûts? Le président du Centre, Gerhard Pfister, raconte que quand il était membre de la commission de la Santé, il avait affaire à de puissants lobbyistes qui se neutralisaient sans cesse les uns les autres. Puis l'élu affirme:
Par ses mots, Gerhard Pfister s'attaque au puissant lobbying du secteur de la santé, qui fait échouer toute réforme. Au fil des ans et des propositions, le Parlement a toujours trouvé des raisons pour rejeter les mesures de réduction des coûts. Or, les primes d'assurance maladie vont une nouvelle fois fortement augmenter en 2024. On parle de 8 à 10% en moyenne; dans certaines régions du pays, la hausse des primes sera encore plus salée.
Le secteur de la santé est très réglementé et il y a beaucoup d'argent en jeu. Cela rend le lobbying particulièrement attractif. A tel point que les représentants des intérêts de la branche n'ont souvent pas besoin de communiquer avec les parlementaires pour leur dire quoi faire. En réalité, les lobbyistes siègent directement en tant qu'élus du peuple.
Au total, les commissions de la santé du Conseil national et du Conseil des Etats comptent 38 membres qui détiennent 69 mandats rémunérés dans le secteur de la santé.
Ces parlementaires sont sans doute très attentifs aux besoins de ces organisations qui leur versent une indemnité.
Le conseiller aux Etats valaisan Beat Rieder (PDC) voulait mettre fin à ces conflits d'intérêts. Dans une initiative parlementaire, il a proposé que quiconque siège dans une commission ne puisse plus accepter de mandats d'organisations qui pourraient être concernées par le travail de la commission. Au départ, l'idée a séduit de nombreux membres du Parlement.
L'Office fédéral de la justice a toutefois critiqué dans une expertise l'inégalité de traitement des parlementaires. Peu avant Noël, le Conseil des Etats a décidé de ne pas entrer en matière sur l'initiative de Beat Rieder. Son projet a donc échoué.
Le conseiller national UDC Andreas Glarner le déplore. Il siège à la commission de la Santé, mais n'a pas de mandat d'une organisation sectorielle.
Le conseiller national argovien est désabusé par le blocage des réformes. Il suffit de prononcer les deux mots magiques «sécurité des patients» et «sécurité de l'approvisionnement» pour que tout début de réforme soit bloqué. Selon lui, l'Office fédéral de la santé publique - se laisse dicter des prix bien trop élevés par le secteur médical.
Andreas Glarner veut mettre en œuvre des réformes de la santé – mais son propre parti a toujours freiné des quatre fers ces dernières années. Quelle est donc l'approche du président du Centre Gerhard Pfister, qui qualifie le lobbying du secteur de la santé d'«insupportable»?
Le président du Centre renvoie à l'initiative populaire de son parti. Elle prévoit un frein aux coûts: si les dépenses de santé augmentent trop fortement, la Confédération doit intervenir en collaboration avec les cantons et édicter des mesures de réduction des coûts.
Le président du PLR Thierry Burkart estime que l'initiative du Centre est l'expression d'un «échec politique par excellence». Car le Centre pourrait tout de même faire avancer les réformes sans qu'on inscrive un mécanisme dans la Constitution fédérale. De nombreux politiciens estiment que les adaptations dans le secteur de la santé ne devraient plus être reportées. Mais les lobbyistes au Parlement s'y opposent.
C'est pourquoi rien ne sera probablement fait. Et les coûts continueront d'augmenter.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)