Sous les bancs, les tables, mais aussi près des balançoires, des structures d'escalade ou dans les bacs à sable: les mégots de cigarette sont partout en Suisse.
En septembre, des bénévoles ont débarrassé 170 aires de jeux dans 69 communes et 22 cantons des mégots. L'action a été organisée par l'association «stop2drop», qui se bat pour des aires de jeux sans fumée dans tout le pays. Commençons par une bonne nouvelle: une place de jeux à Berne, une à Stans et une à Sion n'avaient pas un seul mégot.
Dans l'ensemble, le bilan de la campagne de collecte est toutefois décevant. En moyenne, il y avait 91 mégots de cigarettes sur les aires de jeux. C'est quatorze de plus que lors de la dernière action de nettoyage en 2022. Seules trois installations n'avaient pas de mégots. Certaines aires de jeux étaient carrément jonchées de déchets.
Les bénévoles ont trouvé 686 mégots au Froschpärkli à Saint-Gall. Du côté romand, la place de jeu du parc des Acacias, à Carouge (GE), arrive en tête avec 457 mégots, suivi de près par la place de jeux de la place d'armes, à Yverdon, où on en a dénombré 453.
Les parents le savent bien: il faut constamment faire attention à ce que les bébés et les jeunes enfants ne portent pas à la bouche ces déchets peu ragoûtants. Pour le directeur de stop2drop, Markus Dick, une chose est claire: les cigarettes doivent être bannies de toutes les aires de jeux de Suisse. Premièrement, les mégots de cigarettes constituent un problème environnemental considérable. Deuxièmement, explique-t-il:
Troisièmement, le tabagisme passif est particulièrement nocif pour les enfants. Et quatrièmement, il considère que les mégots représentent un danger particulier pour la santé des enfants.
Selon Tox Info Suisse, le centre d'information officiel pour toutes les questions relatives aux intoxications, des intoxications graves sont possibles après six mégots avalés ou deux cigarettes entières ingérées.
L'année dernière, Tox Suisse a été contacté 219 fois par des parents d'enfants de moins de six ans pour des accidents impliquant des cigarettes ingérées. L'hôpital pour enfants de Zurich dit que les cas qui concernent des enfants qui ont avalé des cigarettes ou des mégots sont relativement rares. «Nous en voyons peut-être trois ou quatre fois par an», explique Georg Staubli, médecin-chef du service des urgences.
Stop2drop développe actuellement une campagne de sensibilisation et un concept prêt à l'emploi pour des aires de jeux sans fumée. L'organisation a écrit une lettre à toutes les communes et villes analysées pour les encourager à bannir les cigarettes des places de jeux pour les plus petits. Markus Dick explique:
Le coût des aires de jeux sans fumée est faible. En revanche, le nettoyage des mégots de cigarettes coûte cher. Selon l'Office fédéral de l'environnement, le littering de cigarettes coûte 52 millions de francs par an.
Les aires de jeux sans fumée sont populaires. Selon un sondage de l'Office fédéral de la santé publique datant de 2022, 78% des personnes interrogées y sont favorables.
Certaines communes suisses ont déjà mis en place une interdiction de fumer sur les aires de jeux, mais leur nombre total est inconnu. Plusieurs cantons, dont Zurich, Saint-Gall, Lucerne et Argovie, encouragent les aires de jeux sans fumée dans le cadre de programmes de prévention du tabagisme.
Dans le canton de Genève, il y a une interdiction de fumer généralisée dans certains lieux en plein air, dont les aires de jeux. Les personnes qui allument malgré tout une cigarette s'exposent à une amende pouvant aller jusqu'à 1000 francs.
Dans le canton de Berne, en revanche, le parlement s'est prononcé il y a un an contre une interdiction de fumer sur les aires de jeux dans tout le canton. Les élus ont argumenté qu'une interdiction de fumer serait difficile à mettre en œuvre. Ils craignaient même que davantage de mégots de cigarettes ne traînent sur les aires de jeux si les cendriers étaient démontés.
En mai, le parlement de la ville de Saint-Gall a supprimé du règlement de police l'interdiction de fumer sur les aires de jeux municipales. Un comité dirigé par la députée et médecin Esther Granitzer (UDC) a maintenant lancé une initiative populaire.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci