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La hausse des prix du tabac est passée inaperçue en Suisse

Les jeunes sont particuli
Les jeunes sont particulièrement attirés par les puffs, colorés et aromatisés (archives).Keystone

Cette hausse des prix est passée complètement inaperçue en Suisse

La loi sur les produits du tabac connaît quelques changements à partir du 1er octobre, dont des hausses de prix. Comment les clients et commerçants perçoivent-ils ces augmentations? Sont-elles seulement appliquées? On est allés voir dans des kiosques lausannois.
04.10.2024, 07:35
Margaux Habert
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Depuis ce mardi 1ᵉʳ octobre, la nouvelle loi sur les produits du tabac est entrée en vigueur. Parmi les changements, on peut citer l'interdiction de la publicité, celle de distribuer gratuitement des produits liés au tabac, une interdiction de vente de tout produit aux mineurs au niveau suisse (jusqu'ici, la mesure était cantonale)... Et, point qui touche sans doute le plus directement les consommateurs: une hausse des prix pour les recharges pour les e-cigarettes, ainsi que les cigarettes électroniques jetables.

Les points de vente appliquent-ils réellement ces changements? Je suis allée vérifier dans des kiosques et magasins lausannois, en me penchant justement en particulier sur les hausses des tarifs des e-cigarettes jetables, ces «puffs» au melon, à la pêche, au kiwi, à la myrtille dont raffolent les plus jeunes. Et force est de constater qu'il y a un problème...

Aucune intention de changer les tarifs

Au centre-ville de Lausanne, autour de la rédaction de watson, je me rends dans un premier kiosque. Ici, non seulement rien n'a changé, mais derrière la caisse, l'homme ne semble pas être au courant qu'un changement au niveau de la loi est entré en vigueur aujourd'hui. Il me rétorque, lorsque je lui demande s'il y a eu une hausse des tarifs, que non, et que ça restera ainsi.

«Je n'ai aucune intention de changer mes prix»
Un kiosquier près de Bessières

Il m'explique toutefois ne commander plus que les «600 taffes», car celles sur lesquelles on peut aspirer 9000, 12 000, même 15 000 bouffées sont interdites. «Enfin, il me semble», précise-t-il. Pour les certitudes, on repassera.

J'enchaîne avec la Coop Caroline, où une vendeuse m'explique qu’elle n'a pas connaissance d’une augmentation.

«Nous, on doit vendre au prix affiché sur le paquet tant qu’il y a du stock. Le prix peut changer s’ils viennent récupérer nos invendus et qu’ils changent les prix sur les emballages, sinon non, pas de changement. En tout cas, je n'ai rien vu aujourd'hui...»
Une vendeuse à la Coop Caroline

Dans un autre kiosque du quartier, on me dit qu'il n'y a pas eu de changement, et que mes informations sont sûrement erronées. Pourtant, il s'agit bien de la loi sur les produits du tabac et l'ordonnance du même nom entrées en vigueur le 1ᵉʳ octobre 2024.

A la sortie de ce point de vente, un client m'interpelle. «C'est vrai que les prix vont augmenter? Vous êtes sûre? Merde, je vais vite faire du stock alors!» Mmmhh. Moins 20 points de karma pour moi, ça. Je jure que je n'ai pas voulu pousser qui que ce soit à la consommation.

Une hausse seulement pour le commerçant?

Je continue mes pérégrinations dans le centre de la capitale vaudoise et tombe sur un gérant de kiosque qui a entendu parler de certains changements... Mais qui pensait que le 1ᵉʳ octobre, c'était demain. Selon lui, ce qui va changer, c'est l'interdiction des grandes puffs jetables, celles à plus de 800 bouffées. Et les petites, vont-elles être davantage taxées?

«Non, non, ne vous inquiétez pas. Il y aura peut-être une augmentation du prix, mais pour les commerçants, pas pour les clients»
Un kiosquier près de Saint-François

En allant en direction du Flon, je tente un cinquième point de vente, faisant partie d'une grande chaîne de kiosques. Et là, victoire! Ils sont bel et bien au courant de certains changements. On m'explique qu'ils n'ont plus le droit de faire de la publicité pour les promos... Mais la faille a déjà été trouvée.

Désormais, les offres 5 paquets pour 4, c'est terminé. A la place, on trouve des petites affiches ventant «4 paquets pour 4,50 francs», sachant que le paquet est, à l'unité, vendu 6 francs.

«On n'a pas le droit de vous montrer le calcul, c'est à vous de le faire... C'est ça, la communication qu'on a reçue d'au-dessus.»
Une commerçante près du Flon

Et l'augmentation du prix des puffs? Mmhh, rien. Etrange, étant donné qu'il s'agit non pas d'un petit kiosque de quartier, mais d'une chaîne, qui a bel et bien prévenu ses succursales de certains changements, mais manifestement pas de tous les changements.

La dernière, c'est la bonne

Devant l'établissement, j'engage la discussion avec des fumeurs de puffs. Une hausse du prix serait-elle un frein, pour eux?

«Au pire, on commandera à l'étranger, ou on achètera des stocks quand on sera en vacances. En Espagne, ça coûte rien»
Un jeune homme de 18 ans

Son amie est moins affirmative. «Ce serait peut-être l'occasion d'arrêter. J'aurais jamais dû commencer, parce que c'est super bon... Et ça coûte déjà trop cher, en vrai j'ai pas les moyens», soupire-t-elle. Elle a un petit boulot le samedi en parallèle de ses cours. «Ça fait un gros trou dans le budget, ce truc.»

Sur le chemin du retour pour la rédaction, je m'arrête dans un dernier kiosque. Avec assez peu d'espoir. J'interroge le commerçant, et là...

«Les grandes cigarettes électroniques jetables, avec 8000, 15 000 bouffées, sont désormais interdites. Et oui, les petites vont connaître une augmentation de prix, d'environ 1,80 franc pièce.»
Un kiosquier du centre-ville de Lausanne

Il me montre d'ailleurs que le prix est imprimé sur la plupart des emballages, et qu'il n'a pas le droit de vendre plus cher que le prix indiqué, ce qui rejoint l'explication de la vendeuse de la Coop. Donc pour l'instant, ses prix restent inchangés. «Et si jamais, je fais une belle promotion sur les grandes e-cigarettes jetables, pour les liquider», m'indique-t-il. Pour voir la loi réellement appliquée, je crois qu'on repassera.

Des photos vintage de passages piétons en Suisse:

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Des photos vintage de passages piétons en Suisse:
«Oups, c'était limite!» - Photo prise en mai 1957 à Zurich, où un homme est presque renversé par une voiture.
source: photopress-archiv / bischof
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