En 2023, plus de 2500 femmes en Suisse ont fait congeler leurs ovocytes, soit trois fois plus qu'en 2019, selon les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Un choix qui peut être motivé par des raisons médicales – une chimiothérapie peut par exemple nuire à la fertilité – ou par la simple volonté de prolonger sa période de fécondité.
«J'ai commencé à y penser à l'âge de 36 ans», raconte Céline*, âgée aujourd'hui de 40 ans. Pour cette Romande, qui a répété le processus à deux reprises entre 2024 et 2025 afin d'avoir suffisamment d'ovocytes à disposition, l'élément déclencheur a été une rupture amoureuse après plusieurs années de relation. Rapidement, elle prend sa décision et se rend à Barcelone pour réaliser l'intervention:
En Suisse, en effet, une femme peut récupérer ses ovocytes et les féconder uniquement si elle est en couple. Elle doit, de plus, assurer qu'elle essaie de tomber enceinte de manière naturelle depuis plusieurs mois, sans résultat. Aujourd'hui, Céline ne réfléchit pas aussi loin: «Je ne sais pas ce que la vie me réserve», rappelle-t-elle.
Marion, 37 ans, rejoint le point de vue de Céline. On l'a rencontrée la veille du début de son traitement. «Pour moi, c'est la solution pour les femmes, qui prennent ainsi plus de pouvoir», estime cette Vaudoise dont la carrière professionnelle et la vie personnelle sont bien remplies, et qui ne sait pas si elle est prête à faire des consensus là-dessus à l'heure actuelle. Et de déclarer:
Contrairement à Céline, Marion réalise son intervention au Chuv, à Lausanne, car elle préfère conserver ses ovocytes en Suisse. Coût de la procédure? Environ 6000 francs. «Je sais que je suis privilégiée», reconnaît-elle.
Le montant est conséquent. En particulier lorsque la congélation des ovocytes n'était pas prévue. C'est le cas d'Emma*, 37 ans, qui a fait ce choix en 2023 après le diagnostic d'une endométriose de stade 4. Elle a dépensé environ 8000 francs et se souvient:
La courte période qui suit s'avère stressante pour Emma. Outre l'aspect financier, elle confie:
Aujourd'hui, avec les années de recul, Emma est contente de son choix «qui a apaisé ses craintes et l'a libérée du poids de l'infertilité» ressenti à l'époque. Elle dénonce toutefois le fait qu'en Suisse, ces interventions ne sont pas prises en charge par l'assurance, en particulier lorsqu'elles doivent être faites pour des raisons de maladie.
Farah Rumy, conseillère nationale (PS), espère justement que la discussion ait lieu en 2025 à Berne. Et pour cause: le Parlement doit prochainement débattre d'une nouvelle loi sur la procréation médicalement assistée, ainsi que sur une plus longue conservation des ovocytes. Elle estime, dès lors, «qu'il ne faut pas négliger le sujet de leur congélation». L'élue a d'ailleurs demandé au Conseil fédéral de se pencher sur la question, relaie l'Aargauer Zeitung. Elle souhaite notamment que l'assurance maladie rembourse une partie des coûts du traitement. «Sur le plan politique, il y a un très grand besoin d'agir», estime-t-elle.
*Prénoms d'emprunt