Suisse
Santé

Congélation d'ovocytes: trois Romandes racontent leur choix

En Suisse, de plus en plus de femmes font congeler leurs ovocytes.
En Suisse, de plus en plus de femmes font congeler leurs ovocytes.Image d'illustration: watson

Ces Romandes ont dû payer pour se «libérer du poids de l'infertilité»

En Suisse, de plus en plus de femmes font congeler leurs ovocytes. A Berne, une élue souhaite que ce traitement soit en partie remboursé. Céline, Marion et Emma expliquent pourquoi elles ont fait ce choix.
16.05.2025, 05:3216.05.2025, 07:56
Plus de «Suisse»

En 2023, plus de 2500 femmes en Suisse ont fait congeler leurs ovocytes, soit trois fois plus qu'en 2019, selon les chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Un choix qui peut être motivé par des raisons médicales – une chimiothérapie peut par exemple nuire à la fertilité – ou par la simple volonté de prolonger sa période de fécondité.

Se sentir libérée

«J'ai commencé à y penser à l'âge de 36 ans», raconte Céline*, âgée aujourd'hui de 40 ans. Pour cette Romande, qui a répété le processus à deux reprises entre 2024 et 2025 afin d'avoir suffisamment d'ovocytes à disposition, l'élément déclencheur a été une rupture amoureuse après plusieurs années de relation. Rapidement, elle prend sa décision et se rend à Barcelone pour réaliser l'intervention:

«En Espagne, c'est moins cher. J'ai payé environ 3000 euros par intervention. Et surtout, tu as toutes les options, contrairement à la Suisse, soit également la possibilité de faire un enfant seule. Je voulais me laisser cette possibilité.»
Céline

En Suisse, en effet, une femme peut récupérer ses ovocytes et les féconder uniquement si elle est en couple. Elle doit, de plus, assurer qu'elle essaie de tomber enceinte de manière naturelle depuis plusieurs mois, sans résultat. Aujourd'hui, Céline ne réfléchit pas aussi loin: «Je ne sais pas ce que la vie me réserve», rappelle-t-elle.

«Faire congeler mes ovocytes a été libérateur. Cela m'a enlevé une pression, car j'ai désormais le choix. Ce que j'en ferai est secondaire»
Céline
Comment se déroule la congélation des ovocytes?
La première étape dure environ 14 jours. La patiente prend deux médicaments hormonaux qui aident à la production d'ovocytes, dont des injections quotidiennes.

Une fois que les follicules ovariens (qui contiennent les ovocytes) sont prêts, une dernière injection est effectuée pour déclencher l'ovulation. 36 heures plus tard, et sous anesthésie générale, ils sont retirés grâce à une ponction.

Les ovocytes peuvent être conservés pendant 10 ans. La conservation revient à 250 francs dès la deuxième année.

Marion, 37 ans, rejoint le point de vue de Céline. On l'a rencontrée la veille du début de son traitement. «Pour moi, c'est la solution pour les femmes, qui prennent ainsi plus de pouvoir», estime cette Vaudoise dont la carrière professionnelle et la vie personnelle sont bien remplies, et qui ne sait pas si elle est prête à faire des consensus là-dessus à l'heure actuelle. Et de déclarer:

«Tu n'es plus tributaire d'un temps imparti pour faire un enfant. C'est toi qui décide»
Marion

Contrairement à Céline, Marion réalise son intervention au Chuv, à Lausanne, car elle préfère conserver ses ovocytes en Suisse. Coût de la procédure? Environ 6000 francs. «Je sais que je suis privilégiée», reconnaît-elle.

Berne s'empare du sujet

Le montant est conséquent. En particulier lorsque la congélation des ovocytes n'était pas prévue. C'est le cas d'Emma*, 37 ans, qui a fait ce choix en 2023 après le diagnostic d'une endométriose de stade 4. Elle a dépensé environ 8000 francs et se souvient:

«Lorsque je rencontre le chirurgien, il m'annonce que je dois subir une opération pour retirer la maladie. Au vu de son avancée, et étant donné que je souhaite peut-être avoir des enfants un jour, il me dit que je dois décider rapidement si je souhaite faire congeler mes ovocytes.»
Emma

La courte période qui suit s'avère stressante pour Emma. Outre l'aspect financier, elle confie:

«Je ressentais beaucoup de culpabilité de ne pas pouvoir donner la vie. C'est assez fou comme ce sentiment peut être fort. Cela te chamboule dans ta féminité»

Aujourd'hui, avec les années de recul, Emma est contente de son choix «qui a apaisé ses craintes et l'a libérée du poids de l'infertilité» ressenti à l'époque. Elle dénonce toutefois le fait qu'en Suisse, ces interventions ne sont pas prises en charge par l'assurance, en particulier lorsqu'elles doivent être faites pour des raisons de maladie.

Farah Rumy, conseillère nationale (PS), espère justement que la discussion ait lieu en 2025 à Berne. Et pour cause: le Parlement doit prochainement débattre d'une nouvelle loi sur la procréation médicalement assistée, ainsi que sur une plus longue conservation des ovocytes. Elle estime, dès lors, «qu'il ne faut pas négliger le sujet de leur congélation». L'élue a d'ailleurs demandé au Conseil fédéral de se pencher sur la question, relaie l'Aargauer Zeitung. Elle souhaite notamment que l'assurance maladie rembourse une partie des coûts du traitement. «Sur le plan politique, il y a un très grand besoin d'agir», estime-t-elle.

*Prénoms d'emprunt

50 ans du suffrage féminin
1 / 15
50 ans du suffrage féminin
En 1928, les femmes se plaignaient déjà de la lenteur de la Suisse concernant ce droit de vote paritaire. Elles ont amené un escargot avec l’inscription «droit de vote des femmes», à l’Exposition nationale suisse du travail féminin.
source: archives sociales suisse
partager sur Facebookpartager sur X
Les 10 meilleures chansons suisses à l'Eurovision
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
1
A Bâle, personne n’a reconnu cette star
La diva à barbe Conchita Wurst se trouve à Bâle, à l'occasion de l'Eurovision. Mais son apparence a créé la surprise.

Ce week-end, la diva à barbe qui a remporté l’Eurovision 2014 a tenté une apparition incognito dans la capitale rhénane. Mais elle s’est retrouvée dans une ambiance bien trop calme à son goût.

L’article