Actuellement, de nombreuses personnes ont la toux en Suisse. Le Covid provoque-t-il une autre toux que la grippe ou la bronchite?
Martin Brutsche: Nous ne faisons généralement la différence qu'entre une toux sèche et une toux grasse, lorsque du mucus est expulsé. L'intelligence artificielle a toutefois révélé que la toux peut être distinguée individuellement.
Quels sont les organes impliqués dans la toux?
En cas de toux aiguë, cela va de la pointe du nez jusqu'aux plus petites bronches dans les poumons. Le rhinopharynx et les sinus jouent également un rôle. On parle donc d'infections des voies respiratoires supérieures et inférieures dans le cadre d'une toux aiguë.
Après une infection, une grande quantité de mucus s'accumule dans les voies respiratoires, de sorte que nous ne pouvons plus l'avaler. Comment cela déclenche-t-il la toux?
La toux est un réflexe vital pour que nos voies respiratoires restent toujours ouvertes. Ce qui perturbe les voies respiratoires, c'est-à-dire le mucus, quelque chose que l'on a avalé ou, dans le pire des cas, une tumeur, déclenche le réflexe de la toux. En cas d'infection aiguë des voies respiratoires, nous avons du mucus sur les organes et une inflammation. Cela irrite les «capteurs», qui déclenchent la toux.
La toux est commandée par le centre de la toux, situé dans le cerveau. Cela signifie-t-il que la toux fonctionne différemment pour chaque individu?
La toux est individuelle dans son expression. Mais ce réflexe est si vital qu'il est déclenché chez tout le monde. Après une anesthésie, une attaque cérébrale ou la prise de médicaments, il peut arriver que le réflexe de la toux fasse défaut, ce qui met la vie en danger. On doit alors utiliser des machines qui déclenchent artificiellement la toux.
Qu'est-ce qui déclenche le réflexe?
Les récepteurs de la toux sont situés dans le nez, les sinus, les voies respiratoires supérieures et inférieures, ainsi que l'œsophage. On y trouve partout des capteurs qui peuvent stimuler la toux. Les signaux des récepteurs sont envoyés au cerveau, où ils sont modulés. Cette modulation peut ensuite conduire à différentes formes de toux.
Lorsque les signaux parviennent au cerveau, celui-ci émet le signal de la toux afin que les groupes musculaires s'activent, que les cordes vocales se ferment brièvement et s'ouvrent ensuite de manière explosive. Il en résulte un flux d'air très puissant qui expulse les mucosités. Des vitesses de plus de 100km/h sont mesurées.
Existe-t-il une prévention efficace contre la toux?
Les personnes sensibles peuvent prendre des boissons vitaminées. Certains ne jurent que par le zinc. Pour les personnes dont les poumons sont déjà fragilisés, comme les asthmatiques ou les personnes atteintes de bronchite chronique (BPCO), qui subissent une aggravation au moindre rhume, nous utilisons par exemple le Broncho-Vaxom à titre préventif. Il s'agit de comprimés à avaler qui agissent comme un petit vaccin et renforcent le système immunitaire. Nous travaillons aussi sur un produit naturel à base de géranium noir.
Nous avons étudié la question avec la clinique d'infectiologie. Pendant la pandémie de coronavirus, nous avons eu deux fois moins de pneumonies et de cas de BPCO qu'en 2019, en raison de l'obligation de porter un masque. Maintenant, sans masque, la situation a de nouveau changé.
Si la toux sert à évacuer les mucosités du corps, pourquoi proposer des médicaments contre la toux?
Les antitussifs ne combattent pas le problème à la source, seulement le symptôme. Cela peut être utile si l'on est fortement perturbé dans son sommeil. Ou si l'on doit par exemple diriger une réunion importante, et donc temporairement ne pas tousser.
Quand parle-t-on de toux chronique?
La cause de la toux chronique peut se situer à trois niveaux organiques: premièrement dans la région ORL (réd: oto-rhino-laryngologie), deuxièmement dans la région pulmonaire et troisièmement dans l'œsophage. Pour ce dernier, le reflux d'acide gastrique est courant; pour les poumons, c'est la bronchite chronique; et pour la sphère ORL, c'est la sinusite chronique, une inflammation des sinus paranasaux. Mais il existe toute une série de maladies qui peuvent entraîner une toux chronique.
Il en résulte une toux chronique qui n'a en fait aucune cause; il n'y a donc pas d'augmentation de la production de mucus. La personne atteinte tousse parce que le mécanisme de la toux est trop sensible – on parle alors de toux chronique inexpliquée. Il existe actuellement des médicaments en phase de test. Mais la toux peut présenter des avantages pour certaines personnes.
Dans quelle mesure?
Dans une étude menée en collaboration avec l'Université de Saint-Gall, nous avons vu que la toux est en corrélation avec l'intensité de l'asthme. Si la toux des asthmatiques augmente, on peut prédire que leur état asthmatique va s'aggraver – et inversement.
C'est pourquoi nous avons développé l'application «myCough» avec l'université. Il s'agit d'un outil permettant à l'asthmatique de mesurer lui-même sa toux et d'utiliser l'application pour prédire son asthme. L'application a entre-temps été certifiée comme produit médical. La toux peut donc être un symptôme utile pour les asthmatiques – des essais cliniques sont en cours pour déterminer si cela fonctionne également pour d'autres maladies pulmonaires chroniques.
La toux du fumeur, ou BPCO, est redoutée. Les personnes qui en sont touchées se rétablissent-elles si elles arrêtent de fumer?
Il est possible d'influencer positivement la toux en arrêtant de fumer. Souvent, la toux augmente dans un premier temps, parce que les bronches se réveillent. Celles-ci se sont comme endormies à cause du tabac, car les cils responsables du transport du mucus sont paralysés. Si cette paralysie disparaît, l'ancien fumeur va donc d'abord tousser davantage. Cela s'atténue au bout de deux ou trois semaines, et encore plus après un mois.
Le Covid long influence-t-il la toux?
Il convient de distinguer deux pathologies: d'une part, la situation post-Covid. Dans ce cas, les poumons ont subi des dommages en raison de l'infection par le Covid, et une cicatrisation des poumons se produit au cours du processus de guérison.
On retrouve également ce genre de cicatrice chez les patients qui ont été hospitalisés en soins intensifs pour un autre type de pneumonie. D'autre part, il y a le Covid long, avec des symptômes comme la fatigue chronique et l'abattement. La toux n'y joue aucun rôle. Chez ces patients, on constate une fonction pulmonaire normale. Il est difficile d'appréhender correctement cette nouvelle maladie. Il y a encore beaucoup de recherches à faire.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder