«On skie de plus en plus vite, les gens ont de moins en moins peur et ils cherchent de plus en plus la vitesse». C'est ce qu'affirmait un patrouilleur de Crans-Montana dans un épisode de Mise au Point diffusé dimanche dernier. L'émission, portant sur les «risques causés par la vitesse» dans le ski, rapportait que la majorité des skieurs suisses vont à plus de 50 km/h sur les pistes. Un nombre non négligeable d'usagers dépasseraient même les 100 km/h et ce, «régulièrement».
«Il manque cruellement de prévention», «Je pense depuis longtemps qu’il devrait y avoir davantage d’interventions par du personnel de sécurité sur les pistes», pouvait-on lire dans les commentaires écrits au-dessous d'un extrait de l'émission, partagé sur Facebook. Et le patrouilleur d'ajouter:
Le jeune homme affirme effectuer plus de 40 interventions pour des accidents dans la station valaisanne, où un skieur est décédé en début de saison à cause d'une collision. Autant d'éléments qui soulèvent la question suivante: à quel point le ski est-il dangereux?
Voici ce que disent les statistiques.
Deux chiffres pour commencer: 3,5 millions et 63 000. Le premier représente le nombre de Suisses se rendant au moins occasionnellement sur les pistes de ski chaque année (skieurs et snowboardeurs confondus). Le deuxième, combien d'entre eux se blessent. Ceux-ci représentent donc 1,8% du total, selon les estimations formulées par le Bureau de prévention des accidents (BPA).
Est-ce beaucoup? La réponse du BPA:
En effet, si l'on considère les chiffres absolus, seulement le football est à l'origine d'un nombre plus élevé de blessés, quelque 75 200 par année (moyenne 2016-2020). La randonnée, la course à pied, le VTT ou la natation occasionnent moins d'accidents que le ski alpin.
De plus, environ 6% des blessures subies lors des accidents de ski ou de snowboard (soit près de 4000 par an) peuvent être qualifiées de graves et entraînent un arrêt de travail d’au moins 90 jours, voire le versement d’une rente d’invalidité.
Et pourtant, «le risque relatif de blessure grave dans le ski est plus faible que pour divers sports collectifs», ajoute le BPA. Afin de pouvoir évaluer la dangerosité des disciplines sportives, ce dernier compare en effet le nombre de blessés graves avec le nombre d'heures de pratique.
Le football compte alors 84 blessés graves par million d'heures de pratique, les sports collectifs (volleyball, handball, basketball, hockey sur glace et unihockey) 38, le ski 37.
Le ski alpin ne figure pas non plus parmi les six sports présentant le risque de décès le plus élevé, toujours calculé sur la base des heures de pratique. Il s'agit de la plongée, du ski de randonnée, de l'alpinisme, de la baignade, de la raquette à neige et de la randonnée.
Son taux de létalité, terme désignant le nombre de décès sur 10 000 accidents, est également faible. La baignade, la randonnée et le vélo présentent des valeurs nettement plus élevées.
«Différentes études montrent que le risque de blessure lié aux sports de neige a presque diminué de moitié entre les années 1970 et 1990», explique le BPA. Il stagne depuis. Le Bureau ajoute:
Selon les statistiques du BPA, huit accidents dans les sports de neige sur dix se produisent sur les pistes et, dans l'écrasante majorité des cas (87%), ils sont causés par les victimes elles-mêmes. Les collisions ne représentent que 7% du total pour le ski, chiffre qui chute à 1% pour le snowboard. Les collisions avec un objet ou les chutes dans le vide sont également rares (1%).
Les parties du corps les plus touchées changent en fonction du matériel. Chez les skieurs, il s'agit du genou (38% des blessures) de la ceinture scapulaire (14%), ainsi que de la partie inférieure des jambes et des pieds (12%). Le bras et la main (37%), tout comme la ceinture scapulaire (23%), sont les parties les plus vulnérables des adeptes du snowboard. Les blessures du crâne représentent un peu plus de 10% des cas dans les deux disciplines.
On remarquera finalement que seulement une minorité des accidents ont lieu sur les pistes noires. Plus de 90% des victimes se blessent sur une piste bleue ou rouge. (asi)